- Nema, on se
fait un Happy Hours ?
- Bof, je
suis plutôt Cocktail Time, ça fait plus chic.
- ??? C’est
quoi ce truc ?
- C’est comme
ça qu’on disait en Angleterre dans les années 50 quand les jeunes allaient s’en
jeter un (ou plutôt plusieurs) ensemble…
Bon. C’est finit le Brexit. Ils sont en train de nous
quitter, ces satanés anglais. Mais on les aime bien quand même, malgré leur
humour bizarroïde. A propos d’humour et d’ambiance « so British », le roman de Wodehouse,
Cocktail time, écrit en 1958 en est
une belle illustration.
Il y est question d’un Lord facétieux et hyperactif, Lord Ickenham, qui va, par le jet d’une
noix du Brésil sur le chapeau de Sir Raymond
Bastable à partir de la fenêtre de son Club à Londres, déclencher
toute une série de péripéties plus ou moins drôles. Sir Raymond Bastable est bien connu de Lord Ickenham : il le surnomme
affectueusement Beefy en souvenir de sa
jeunesse quand il jouait au rugby. Beefy
est avocat mais vit à Hammer Hall. Imaginez un coin sympathique de campagne
anglaise, avec des petits manoirs typiques, un petit lac avec des cygnes et une
île qu’on atteint en prenant une barque…. Bref bucolique (un peu de musique de Vaughan-Williams et ce sera parfait,
dirait Monsieur
Toon).
Albert (Bert) Peasemarch |
Cosmo Wisdom, un bon à pas grand-chose
si ce n’est jouer et picoler est-il l’auteur de ce roman
, ce cache-t-il sous le nom de Richard Blunt ? Il est le fils de Phoebe,
elle-même sœur de Raymond
Bastable, une veuve d’une bonne quarantaine d’année tout le temps en
train de pleurnicher et réduite par son frère, pour qui elle tient la maison, à
un « tas de gelée larmoyante » (entre nous, il n’y a que les anglais avec leur
« jelly » pour comparer quelqu’un à de la gelée). Heureusement qu’il y a le
majordome Albert (Bert) Peasemarch.
Un vrai majordome avec un chapeau melon quand il sort. Il sera là, fidèle et
très respectueux vis-à-vis de Lord Ickenham,
Lord I, comme il l’appelle car ils ont fait la guerre ensemble. Et il en suivra
les ordres ou conseils à la lettre.
A propos de lettre, il y en a une
qui va passer de main en main, qui va faire transpirer beaucoup les principaux
personnages de cette histoire car elle contient un aveu, la preuve en quelque
sorte de la réelle paternité du livre : le vrai nom de l’auteur.
Les Carlile,
Mr and madame, personnages un peu secondaires. Ce sont les américains de
service si on peut dire. Pas très honnête, très joueur, Oily
Carlile tentera par de multiples moyens de se faire rembourser une dette
de jeu par Cosmo, voire de le faire chanter… Il sera dans la course après la
fameuse lettre. Pas simple. Les évènements ne vont pas aider ce couple
pittoresque.
Barbara Crowe de l’agence littéraire Saxby, la collaboratrice vraiment
efficace de cette agence littéraire, se démène pour défendre les intérêts de
l’auteur : elle va même réussir à faire en sorte que cela intéresse Hollywood !
Saxby sénior, le fondateur de l’agence,
un charmant vieil homme un peu gâteux et aux manies inhabituelles (il tricote
des chaussettes et adore les oiseaux), joue un rôle important dans les
péripéties de Hammer Hall par ses incompréhensions et son goût du
bavardage.
Et puis il y a beaucoup d’histoires d’amours
contrariées, Barbara aime Beefy mais ils se sont disputés, le
majordome aime secrètement Phoebe, le filleul de Lord
Ickenham, voisin de Beefy, ne peut pas épouser sa dulcinée à cause de sa
Nannie tyrannique qui est aimée par le
flic du coin… Heureusement Lord I adore proposer des plans pour que les couples
puissent enfin se constituer. C’est le côté bluette de ce roman. Evidemment
tout est bien qui finit bien.
Un roman bien enlevé, très anglais, un peu daté mais
charmant avec son côté vaudeville et ses petites plaisanteries. Il faut dire
que l’auteur, né dans le Surrey en 1881 et mort aux USA en 1975, a été
journaliste mais aussi humoriste et il a produit de nombreux romans mais
également des pièces de théâtre… Pour les anglophones, son personnage de majordome Jeeves a donné lieu à la
création d’une série sur ITV (Jeeves and
Wooster », disponible sur YouTube.
Bonne lecture !
291 pages Les Belles Lettres, Domaine étranger
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