STAR WARS 9 : L'ASCENSION DE SKYWALKER (2019) de JJ Abrams par Luke B.

Putain, 42 ans ! 42 berges que l’Empereur des Siths veut détruire la Résistance et devenir le maître absolu de la galaxie (lointaine... lointaine... la galaxie). Va-t-il enfin réussir ? Suspens… (ATTENTION, spoiler à toutes les lignes, j'suis énervé donc je déballe tout)

On ne va pas y aller par quatre chemins : avec le recul, cette ultime trilogie amorcée en 2015 sous l’égide de Disney n’est pas totalement un gâchis, mais presque. La faute à des films sans vision globale, qui ne s’imbriquent pas les uns aux autres, voire se contredisent. LE REVEIL DE LA FORCE (2015) de JJ Abrams était un divertissement bien foutu (pas trop de numérique, pellicule 35 mm) conçu pour rameuter les fans de la première heure, vintage et référencé, mais faisant dans la redite. En 2017 LE DERNIER JEDI piloté par Rian Johnson voulait au contraire envoyer tout valdinguer, mais trop, et trop long, trop lourd, avec pas mal de ridicule au final. JJ Abrams reprend les rênes avec L’ASCENSION DE SKYWALKER. Défit herculéen : clore une saga mythique, apporter des réponses, et comme un bouquet final du 14 juillet, convoquer à l’écran un maximum d’anciennes figures. Ainsi le fantôme d’Harrison Ford réapparait pour deux phrases de dialogues (car il était mort) on a même droit aux petits peluches Ewoks dans un coucou final.

Le film souffre à mon sens de deux défauts majeurs : 1) une mise en scène sans vrai génie ni lyrisme, plans bousculés de duels et de poursuites à toute berzingue, mais se souvient-on d’une séquence en particulier ? On se retrouve comme bringuebalé dans une avalanche d'informations. Adeptes de la ligne claire s'abstenir. Après le classique déroulé du texte jaune (à noter le  « les morts parlent » !!) on aurait eu besoin d'une belle scène d'exposition histoire de se remettre les idées en place. Au lieu de ça JJ Abrams enchaine en montage parallèle des scènes sans rapport entre elles, juste histoire de nous en mettre plein la vue. Pas le temps de souffler, le spectateur risquerait de réfléchir à ce qu'il voit... 2) Un scénario bâclé, tambouille indigeste qui essaie de se rattraper aux branches. On y reviendra...

Oui les images et les effets spéciaux sont nickel, la direction artistique réussie (la planète de glace, l'océan déchainé, la carcasse de l'Etoile Noire...) mais bon, ça tout le monde sait faire aujourd'hui. L’intrigue démarre au bout d’une grosse demi-heure. Un GPS en 3D permettrait de localiser la planète Exegol (des laboratoires Mylan, vous m’en prendrez trois par jour…) dernier refuge de Siths, ennemis des Jedi qu’on croyait exterminés. Kylo Ren, pour le Premier Ordre, et Rey, Finn et Poe pour la Résistance, se lancent dans la course au trésor... 

Le souci c'est que les idées tombent comme des poils de Chewbacca dans la soupe. J’imagine une réunion chez Disney : « Et si on disait que lui c’était un espion ? – Ah ouais, super ! – Comment on le justifie ? – Ben euh, on s'en fout… ». Exemple parmi tant d’autres incohérences. On découvre donc qu’un espion de la Résistance est infiltré dans le Premier Ordre (les méchants). Depuis quand ? Pourquoi ? Qui ? Va-t-on enquêter, fausses pistes ou pas, l'exfiltrer ? Non. Et puis une heure après, alors que nos héros sont à deux doigts d'être zigouillés, hop, le général Hux (pourtant présent depuis 3 films) claironne : « Vite, fuyez, je suis l’espion ! ». Aucun suspens, juste un mauvais gag sorti d'une pochette surprise. 

He's back et il n'est pas content

Autre exemple. L’Empereur Palpatine, le vieillard qui cachait ses rides et ses petits yeux fourbes sous une capuche, et qui meurt dans LE RETOUR DU JEDI (1983). Eh ben il n’est pas mort !! Dans l’épisode VIII, le grand méchant c’était Snoke. Dont on apprend maintenant que ce n’était qu’une marionnette crée par Palpatine. Question : puisqu’il était vivant, pourquoi Palpatine a-t-il crée Snoke ? Pourquoi ne l'apprend-on que maintenant ? Réponse : parce que les scénaristes du VIII avaient fait mourir Snoke, et se sont retrouvés comme des cons, à court de grand méchant dans le IX. 

Scénario plein de trous comme un vieux pull mité, parce que ces trois films de cette trilogie ont été conçus individuellement et non comme un ensemble cohérent. JJ Abrams sort de son chapeau de magicien des lapins qu’il pose sur la table, sans logique. On passe son temps à se demander : pourquoi ?

Ainsi découvre-t-on que Rey est la petite fille de Palpatine (j'aurais parié sur Obiwan) que celui-ci aurait voulu l'éliminer craignant qu’elle ne prenne sa place sur le trône. Pourquoi nous assène-t-on cette trouvaille maintenant et ne pas l’avoir induite dans les précédents métrages ? Pourquoi Palpatine n'a pas cherché à s'en faire une alliée ? Sans doute parce que le personnage était mort, donc absent des précédents scénarios ?! 

Pourquoi ne voit-on Luke Skywalker en hologramme que quelques minutes, alors qu’il était présent tout au long de l’épisode VIII ? Comment imaginer qu'il ne vienne pas à la rescousse de la Résistance et de sa sœur Leia ? D'ailleurs, comment la Résistance peut-elle aligner des milliers de vaisseaux lors de la dernière scène alors que dans le VIII on nous expliquait qu’ils n’étaient plus qu’une vingtaine de gus autour de Leia ? Dont l’interprète Carrie Fisher est décédé y’a 3 ans, et qu’on revoit grâce aux trucages numériques. 

Pourquoi l’Empereur avec ses supers pouvoirs peut dézinguer de ses petits doigts crochus qui lancent des éclairs des centaines de vaisseaux à 10 000 kilomètres à la ronde, mais pas esquiver un coup de sabre de Rey à trois mètres ? Qui sont les Chevaliers, sorte de mercenaires qui escortent Kylo Ren, et à qui ont-ils vraiment prêté allégeance ? Y’avait des trucs à trouver, des pistes à développer, mais non. 

Un dernier scoop : vous saviez que Leia avait la Force et le sabre laser qui va avec ? De mémoire, on ne l’avait vue que tenir un flingue en 1977 (même si Rian Johnson dans le VIII la faisait léviter dans l'espace... vous vous souvenez de cette poilade galactique ?!). Et ben un judicieux flash-back nous la montre en formation avec son frangin Luke.   

300 millions de dollars de budget pour ça ! C'est confus, y'a trop de choses inutiles, JJ Abrams nous accable de multiples nouveaux personnages (le fameux  «  d'où viens-tu ?  - je ne sais pas - nous allons le découvrir ») quel intérêt à ce stade de la saga puisque c'est censé être fini ? A moins de préparer le terrain à une suite de la suite du préquel du spin-of... Là où George Lucas s'amusait avec trois bouts de ficelles et deux maquettes, tout est devenu énôôôrme. Ainsi Rey et Kylo (qui en fait des tonnes) peuvent par télépathie (?) se passer un sabre laser séparés de trois galaxies ! Un seul croiseur de l'Empire est capable de détruire une planète, comme la défunte Etoile Noire en son temps. Or, des croiseurs, y'en a des milliers. Ca ne devrait pas être compliqué de dézinguer la Résistance ? Et comme d'hab, il suffit de débrancher une antenne relai pour que ces beaux joujoux soient réduits à néant. Dialogue imaginaire : « - Mon général, on a paumé le wifi ! - Arff, tout est perdu, évacuez le bâtiment ! ». Quand Luke s'était fait couper la main, on lui en greffait une autre, mécanique. Aujourd'hui, Rey peut régénérer une plaie mortelle, grâce à la Force, et ce avec seulement trois jours de stage ! Eh Cocotte, tu peux nous faire un cappuccino à distance ? Avec deux sucres...

George Lucas avait déjà bouclé son histoire en 1983. Le film de 1977 fait de bric et de broc est toujours plaisant à regarder, nostalgie oblige, mais c’est bien L’EMPIRE CONTRE ATTAQUE qui enfonce le clou et LE RETOUR DU JEDI qui clôt les débats. La deuxième trilogie (1999-2005) dont les deux premiers opus sont ridicules, bestiaires de peluches et amourettes de pacotilles, ne vaut que par son troisième LA REVANCHE DES SITHS, plus noir, tragique, lorsqu’Annakin Skywalker verse du côté obscur et devient Dark Vador. 

Aussi prestigieuse que soit l’aura de cette aventure spatiale auprès du public, valait-elle 9 longs métrages ? Il aurait fallu deux films encadrant la saga originale, un avant, un après, et basta. Mais c’est sans compter la manne financière des innombrables produits dérivés (films, jeux, jouets) et la fameuse (fumeuse ?) attente du public.

Je me revois gamin en 1977, au cinéma Caémo rue Michelet, à Tours, étourdi de bonheur... Restons sur ce souvenir...

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