Le rock progressif était tombé en léthargie depuis quelques années
écrasé par le punk et le heavy métal, mais il n’est pas mort car la relève est
là et résiste à la simplicité musicale.
Scénario pour une larme de bouffon
Ce sera le premier chef-d’œuvre de Marillion qui malgré quelques défauts, reste un des meilleurs disques de rock progressif des années 80, quelques mois plus tard «Fugazi» le surpassera largement. 1983, un grand groupe était né.
Le
rock prog est mourant, le glas des trépassés sonne déjà pour lui. Mais dans le
lointain une musique d’un jeune groupe inconnu sonne comme un renouveau du
genre, le rock néo-progressif est en train de naître. Marillion jeune groupe anglais
c’était déjà fait connaître par une tournée d’une centaine de dates dans tout le Royaume-Uni (Saliva Tears Tour). Ils
se retrouveront programmés au festival de Reading en 1982 au coté de groupes de Heavy métal comme Iron Maiden, Michael Schenker
Group, Manowar et les Twisted Sister sans avoir aucun disque dans les bacs.
Et c’est suite à ce concert que le groupe signera chez EMI, et enregistrera
son premier single «Market Square Heroes». le disque est catalogué
«Hard Rock», un malentendu lié au
concert de Reading. Ce sera quatre
ans après la fondation du groupe qu’il sortira son premier album «Script for a
jester’s tear» qui suivait de six mois le single dont les titres n’apparaissent plus, à l'inverse de la version remasterisée en 1997.
La
sortie de l’album coïncidera avec la
première apparition du bouffon violoniste sur la couverture. le fruit de la rencontre de Marillion
avec un illustrateur qui galère pour gagner sa vie, Mark
Wilkinson, les deux gars vont nouer une forte relation. Le groupe trouve que les
peintures de l’artiste sont en accord avec les textes poétiques de Fish. La pochette de l’album est bourrée de petits
détails, les paroles de «Yesterday» des Beatles
dans l’étui du violon, le caméléon qui apparait dans le titre «She Chaméléon»
(Qui était en cours de composition)
sur l’album «Fugazi»,
au verso les pochettes vinyles de «Market Square Heroes» et de «He knows, you know»
ainsi que celle de «Saucerful of secret» du Pink Floyd étalées au sol, l’extrémité du polochon en
forme de crâne, la toile d’araignée dans la cheminée (The web), le portrait au-dessus de la cheminée que j’avais cru
identifier comme un Rembrandt alors qu’il n’en est
rien (Enfin je pense… ?).
«Script for a
jester’s tear» représentatif de l’ensemble des textes poétiques de Fish (Bien que
peu compréhensibles pour un français), ensemble qui raconte le plus souvent des
histoires d’amour déçu «Script for a jester’s tear», d’addiction à la
drogue «He
knows you know», l’inspiration d’une légende grecque «The Web»,
une critique de la noblesse anglaise «Garden Party», une tranche de
vie dans le quartier de Chelsea à Londres «Chelsea Monday» et une contestation de la guerre en Irlande du Nord, qui s'envenime
sous le mandat de Margaret
Tatcher «Forgotten sons».
Pour
un premier album, Marillion frappera un grand coup. Entre des
titres très incisifs et d’autres plus mélancoliques, le groupe montre bien qu’il
sait varier ses compositions. Sur «The Web» Steve Rothery
réalise sans doute l'un de ses meilleurs solo. Un guitariste déjà très inspiré
qui joue plus sur l’émotion proche d’un Gilmour
que sur la technique. Pete Trewavas et sa ligne de basse sur «Chelsea Monday»
digne de Chris Squire. La batterie de Mike Pointer est un peu lourde mais c’est encore
écoutable, ce dernier quittera le groupe trois mois plus tard (Il a été viré !). Il faudra plusieurs auditions de plusieurs
batteurs avant de tomber sur Ian Mosley. Mais je
pense que l’artisan du groupe c’est Mark Kelly
qui, avec ses claviers, sait créer une ambiance et fera le «son» Marillion. Évidemment Fish
sera pour beaucoup dans la théâtralité de Marillion avec sa voix de bateleur qui balance
entre Peter Gabriel
et Peter Hammill.
Ce sera le premier chef-d’œuvre de Marillion qui malgré quelques défauts, reste un des meilleurs disques de rock progressif des années 80, quelques mois plus tard «Fugazi» le surpassera largement. 1983, un grand groupe était né.
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