mardi 14 janvier 2020

MARILLION - "Script For a Jester's Tear" (1983) - par Pat Slade



Le rock progressif était tombé en léthargie depuis quelques années écrasé par le punk et le heavy métal, mais il n’est pas mort car la relève est là et résiste à la simplicité musicale.




Scénario pour une larme de bouffon






Le rock prog est mourant, le glas des trépassés sonne déjà pour lui. Mais dans le lointain une musique d’un jeune groupe inconnu sonne comme un renouveau du genre, le rock néo-progressif est en train de naître. Marillion jeune groupe anglais c’était déjà fait connaître par une tournée d’une centaine de dates dans tout le Royaume-Uni (Saliva Tears Tour). Ils se retrouveront programmés au festival de Reading en 1982 au coté de groupes de Heavy métal comme Iron Maiden, Michael Schenker Group, Manowar et les Twisted Sister sans avoir aucun disque dans les bacs. Et c’est suite à ce concert que le groupe signera chez EMI, et enregistrera son premier single «Market Square Heroes». le disque est catalogué «Hard Rock», un malentendu lié au concert  de Reading. Ce sera quatre ans après la fondation du groupe qu’il sortira son premier album «Script for a jester’s tear» qui suivait de six mois le single dont les titres n’apparaissent plus, à l'inverse  de la version remasterisée en 1997.

La sortie de l’album coïncidera avec la première apparition du bouffon violoniste sur la couverture. le fruit de la rencontre de Marillion avec un illustrateur qui galère pour gagner sa vie, Mark Wilkinson, les deux gars vont nouer une forte relation. Le groupe trouve que les peintures de l’artiste sont en accord avec les textes poétiques de Fish. La pochette de l’album est bourrée de petits détails, les paroles de «Yesterday» des Beatles dans l’étui du violon, le caméléon qui apparait dans le titre «She Chaméléon» (Qui était en cours de composition) sur l’album «Fugazi», au verso les pochettes vinyles de «Market Square Heroes» et de «He knows, you know» ainsi que celle de «Saucerful of secret» du Pink Floyd étalées au sol, l’extrémité du polochon en forme de crâne, la toile d’araignée dans la cheminée (The web), le portrait au-dessus de la cheminée que j’avais cru identifier comme un Rembrandt alors qu’il n’en est rien (Enfin je pense… ?).

«Script for a jester’s tear» représentatif de l’ensemble des textes poétiques de Fish (Bien que peu compréhensibles pour un français), ensemble qui raconte le plus souvent des histoires d’amour déçu «Script for a jester’s tear», d’addiction à la drogue «He knows you know», l’inspiration d’une légende grecque «The Web», une critique de la noblesse anglaise «Garden Party», une tranche de vie dans le quartier de Chelsea à Londres «Chelsea Monday»  et une contestation de la guerre en Irlande du Nord, qui s'envenime sous le mandat de Margaret Tatcher «Forgotten sons».

Pour un premier album, Marillion frappera un grand coup. Entre des titres très incisifs et d’autres plus mélancoliques, le groupe montre bien qu’il sait varier ses compositions. Sur «The Web» Steve Rothery réalise sans doute l'un de ses meilleurs solo. Un guitariste déjà très inspiré qui joue plus sur l’émotion proche d’un Gilmour que sur la technique. Pete Trewavas et sa ligne de basse sur «Chelsea Monday» digne de Chris Squire. La batterie de Mike Pointer est un peu lourde mais c’est encore écoutable, ce dernier quittera le groupe trois mois plus tard (Il a été viré !). Il faudra plusieurs auditions de plusieurs batteurs avant de tomber sur Ian Mosley. Mais je pense que l’artisan du groupe c’est Mark Kelly qui, avec ses claviers, sait créer une ambiance et fera le «son» Marillion. Évidemment Fish sera pour beaucoup dans la théâtralité de Marillion avec sa voix de bateleur qui balance entre Peter Gabriel et Peter Hammill.


Ce sera le premier chef-d’œuvre de Marillion qui malgré quelques défauts, reste un des meilleurs disques de rock progressif des années 80, quelques mois plus tard «Fugazi» le surpassera largement. 1983, un grand groupe était né. 





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