Nema se
demande bien pour qui elle va voter aux prochaines élections municipales. Le
parti Truc, le parti Machin, les Verts, les Extrêmes de droite, de gauche… Tout
est tellement confus pour elle qui s’intéresse plus aux aspects infrastructures
routières, aux grands bâtiments publics (avec une grande affection pour les
marchés couverts en structure béton…). Elle se tourne vers Sonia :
- Tu sais un
peu pour qui tu vas voter aux municipales l’année prochaine ? T’es plutôt à
droite ? Au centre ? À gauche ?…
- Bah, moi je
vote toujours dans la commune de mes parents, tu sais le village en Bretagne.
On vote pour quelqu’un pas pour un parti politique…
Roger Béteille |
Retour donc de l’entrepreneur, notable du pays, dans
sa belle propriété de la Vernière, un peu au-dessus de la ville. Ce n’est pas
avec une grande effusion que sa femme Antonine
l’accueillera, pas plus que son fils Henri
de 16 ans. Il faut dire qu’il est tard, il fait nuit, on est en novembre.
Ambiance feutrée d’une villa isolée et endormie. Fin du 1er chapitre.
René Marcillac a une
vie mondaine : sa qualité de patron d’une grande entreprise de construction,
lui qui semble-t-il a démarré comme simple maçon, l’oblige à être présent là où
il se doit, notamment aux réceptions de l’Hôtel de France. Bien entendu tous
les notables du coin s’y retrouvent : le Préfet, le commissaire de police, le
notaire, un avocat, un journaliste, un commissaire-priseur… et leurs épouses.
Il ne faut pas croire que tout est corvée désagréable dans ces réceptions, on y
a des échanges amicaux, on y organise les prochaines chasses ou parties de
pêche par exemple.
Montagne du Rouergue |
Pas forcément ravi de voir sa femme et son fils
adoptif se lancer en politique, l’entrepreneur sera malgré lui contraint
d’accepter de soutenir ce projet. En effet, il ne va pas admettre les pressions
qu’on essaie de faire sur lui pour arrêter son fils adoptif dans ses velléités
politiques, sous divers prétextes. Le député en place, Fernand Chassan, homme politique investi au parlement de longue
date, aura une conversation privée avec Marcillac
lors d’une partie de chasse au cours de laquelle il ne mâchera pas ses mots :
il brisera Charles s’il fait
campagne contre lui. Bonjour l’ambiance…
Il y aura des mondanités donc. Hommes d’affaires et
hommes de pouvoir qui se rencontrent autour d’un verre et de petits fours,
sourires de façade, coups de poignard dans le dos. Heureusement pour René, il a aussi son entreprise de
construction et de travaux publics. Aline,
sa secrétaire, est là pour veiller à la bonne marche administrative des
nombreux contrats et chantiers en cours. Fidèle, loyale, très ordonnée, elle
est la collaboratrice parfaite. Nous sommes dans les années 70, le travail de
secrétariat nécessitait alors de nombreuses dactylos pour frapper tous les courriers
: ce n’était pas l’époque du mail et de la dématérialisation des factures… Un
recrutement de dactylo remet Violaine
Lafon sur la route de René Marcillac,
lui qui tient son entreprise de main de maître tout en ayant gardé le goût
d’aller sur ses chantiers vérifier lui-même la qualité des travaux.
Ancienne préfecture de Rodez |
L’histoire dérive vers une angoissante quête de
compréhension du passé. On remonte le temps, jusqu’à la dernière guerre,
jusqu’à la jeunesse d’Antonine. Cela
ne finira pas très bien. Mais au moins les choses seront dites, ces souvenirs
de famille que l’on a parfois tendance à taire en pensant que jamais ils ne
remonteront à la surface apparaîtront dans une lumière crue aux yeux de René. Il fera tout pour remettre sous
le boisseau ce fatal secret.
Quant au résultat des élections… Je n’en dirai rien.
Roger Béteille écrit de manière fluide et
l’histoire se lit agréablement avec cette ambiance de terroir et un héros
solide comme un pilier central dans une construction. Cet écrivain né en 1938 a
reçu de nombreux prix littéraires.
Bonne lecture !
Editions du Rouergue
264 pages
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