Milos
Forman (1932-2018) a eu deux carrières. La première chez lui, chef de file de la nouvelle
vague tchécoslovaque dans les années 60, puis contraint de fuir le régime
communiste, il est de passage en France en plein mai 68 où il travaille avec le scénariste Jean Claude Carrière. Puis départ aux USA. Parmi sa courte filmographie, 12 films en plus de 50
ans, on note trois biopics. Intéressants car les héros sont tous des
iconoclastes géniaux dans leurs domaines respectifs : un compositeur
autrichien de très longues chansons dans AMADEUS (1984), un roi du porno dans
LARRY FLYNT (1996) et le comique américain Andy Kaufman dans MAN ON THE MOON
(1999), objet de notre causerie.
Milos
Forman c’est aussi HAIR, RAGTIME et VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU dont notre
ami Pat a parlé il y a peu. C’est ce qui s’appelle un parcours sans
faute.
Je
pense que ce film est un des meilleurs biopics réalisés, car il cumule deux
qualités : il suit la vie et la carrière d’Andy Kaufman au plus proche de
la réalité (parfois adaptée pour être plus divertissante, comme le personnage
nous l’annonce dès le départ !) et parvient à en donner pleinement la mesure
par la mise en scène. Film déconcertant, car Kaufman et son univers l’étaient.
A l’image du premier plan. En noir et blanc, Kaufman face caméra nous explique qu’il vient de réaliser le film le court du monde. Au moment où il le dit, le générique de fin défile à l’écran ! Kaufman a lancé un disque sur un petit électrophone. Quand le morceau se termine, le générique se fige. Kaufman regarde le lettrage, intrigué, en fait le tour, ne comprenant pas ce qui coince. Il relance le bras du tourne-disque : la musique reprend, le défilement du générique avec ! C’est juste génial, comme du Mel Brooks !
A l’image du premier plan. En noir et blanc, Kaufman face caméra nous explique qu’il vient de réaliser le film le court du monde. Au moment où il le dit, le générique de fin défile à l’écran ! Kaufman a lancé un disque sur un petit électrophone. Quand le morceau se termine, le générique se fige. Kaufman regarde le lettrage, intrigué, en fait le tour, ne comprenant pas ce qui coince. Il relance le bras du tourne-disque : la musique reprend, le défilement du générique avec ! C’est juste génial, comme du Mel Brooks !
Andy
Kaufman n’est pas très connu en France. Dans les 70’s, il était un des piliers
de la scène comique américaine, découvert par sa géniale imitation d’Elvis Presley. Il
est rapidement pris sous contrat par George Shapiro, manager et producteur télé
(la série SEINFELD entre autres). Shapiro parvient à faire engager Kaufman dans
le sitcom TAXI, énorme succès d’audience. Kaufman y crée dans plus d’une
centaine d’épisodes le personnage de Latka, un immigré limite autiste venu de
la mer Caspienne (!) cousin éloigné d’un Jerry Lewis, dont les interventions
font un tabac. Mais Kaufman rêve d’imposer son univers, un comique surréaliste (proche parfois des Monty Python),
des canulars portés à leur paroxysme. Avec lui on ne sait jamais la
part du vrai et du simulé.
Bob Zmuda et George Shapiro |
Ce
que le film de Milos Forman rend parfaitement, déstabilisant le spectateur, qui
va de surprises en surprises. Ainsi cette représentation en club où Kaufman
apparait sous les traits d’un comique qu’il a créé, Tony Clifton, son double ordurier,
qui humilie un spectateur devant un George Shapiro outré, scandalisé, puis découvrant
que la victime, Bob Zmuda, était un complice. Kaufman a réussi à
faire croire que Tony Clifton avait une existence propre, parvenant à le faire
embaucher sur la série TAXI, dans l’unique but de dézinguer cette institution
télé. La scène est jubilatoire.
Kaufman, contrarié par les injonctions de spectateurs qui réclamaient
son personnage fétiche de Latka, les punissait en lisant de la
première à la dernière ligne le livre de Fitzgerald « Gatsby le
Magnifique » ! Véridique ! Ou encore l’organisation de combats de catch mixte, Kaufman
préférant se battre contre plus faible que soi, des femmes, les massacrant en
direct et les renvoyant à leurs casseroles. Devenu l'homme le plus détesté d’Amérique, on
a su beaucoup plus tard que sa querelle avec le véritable champion de catch Jerry
Lawler, n’était qu’un canular de
plus… Ou encore cette prestation irrésistible au Carnegie Hall le soir de Noël, dont Kaufman rêvait depuis toujours, où il invite les spectateurs à sortir du théâtre,
monter dans des dizaines de bus, pour aller prendre une part de gâteau et un
verre de lait aux frais de la production.
Il
n’y a qu’une seule scène sur l’enfance de Kaufman, au début, très courte, là où
d’autres nous en auraient pondu des caisses. On voit le gamin délirer devant une caméra de télé imaginaire, surpris par son père. Pourquoi Forman la met judicieusement en exergue ? Car les parents de Kaufman, déphasés, dubitatifs sur son art, l’ont
toujours accompagné et soutenu.
Tony Clifton expulsé du studio |
Cette
mise en abime constante est illustrée dans un sketch du show Friday’s, où
Kaufman refuse de jouer son texte. Il en vient presque aux mains avec les autres
comédiens, en direct, obligeant la production à couper l’antenne et passer la
pub. A la reprise, Kaufman est censé expliquer que c’était un gag
(car c’en était un) mais en rajoute une couche, provoquant l’ulcération des diffuseurs.
Là
où Forman est très fort, c’est qu’il mêle constamment le vrai du faux, en
reprenant les vrais comédiens d’alors dans leurs propres rôles, David
Letterman, Christopher Llyod, Richard Belzer, en faisant jouer Bob Zmuda par un
autre, mais confiant un rôle au vrai Bob Zmuda ! Vous suivez ? Moi même je ne sais s'il faut surligner le nom ou le mettre en gras, acteur ou personnage ? La
distribution convoque Courtney Love (après LARRY FLYNT), vraie fausse victime
du catch mixte qui deviendra sa femme, le toujours excellent Danny De Vito dans le
rôle de Shapiro, et bien sûr Jim Carrey qui trouve un rôle à la mesure de sa
folie créatrice, il est phénoménal en clown triste et déjanté, sans cesse à
nous prendre à contrepied, même sur la fin lorsqu'il annonce son cancer. Personne,
même ses parents, ne sait s’il s’agit ou non d’un énième gag (scène de l’hôpital).
Forman a une idée de génie lorsque Kaufman se rend voir un guérisseur aux Philippines
(épisode réel) et confond l’usurpateur, lui qui toute sa vie s’était joué des
autres. L'arroseur arrosé.
Milos Forman
utilise tous les artifices du cinéma pour rendre au mieux l’univers délirant de
Kaufman, étirant lui aussi les vrais-faux gags foireux à la limite du
supportable, provoquant la gêne du spectateur, comme Kaufman en son temps
provoquait l’incompréhension de son public, à la manière d’un Coluche et son « C’est
l’histoire d’un mec » succession d’histoires drôles si mal racontées qu’elles
en deviennent lamentables.
Andy
Kaufman est mort à l’âge de 35 ans, en 1984, son public hésitant à prendre ses
funérailles pour son ultime canular. Son complice Bob Zmuda et lui avaient
effectivement songé à ce gag macabre. Kaufman a prévenu que si on le déclarait mort,
il ne faudrait pas y croire, et qu’il réapparaitrait 20 ans plus tard, jours
pour jours. Ce jour-là, ils étaient nombreux à s’être donné rendez-vous. Andy
Kaufman n’est jamais venu. Pour une fois, c’était vrai.
couleur -
2h00 - scope 1 :2.39
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