
Milos
Forman c’est aussi HAIR, RAGTIME et VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU dont notre
ami Pat a parlé il y a peu. C’est ce qui s’appelle un parcours sans
faute.
Je
pense que ce film est un des meilleurs biopics réalisés, car il cumule deux
qualités : il suit la vie et la carrière d’Andy Kaufman au plus proche de
la réalité (parfois adaptée pour être plus divertissante, comme le personnage
nous l’annonce dès le départ !) et parvient à en donner pleinement la mesure
par la mise en scène. Film déconcertant, car Kaufman et son univers l’étaient.
A l’image du premier plan. En noir et blanc, Kaufman face caméra nous explique
qu’il vient de réaliser le film le court du monde. Au moment où il le dit, le
générique de fin défile à l’écran ! Kaufman a lancé un disque sur un petit
électrophone. Quand le morceau se termine, le générique se fige. Kaufman regarde
le lettrage, intrigué, en fait le tour, ne comprenant pas ce qui coince. Il relance
le bras du tourne-disque : la musique reprend, le défilement du générique avec !
C’est juste génial, comme du Mel Brooks !

Andy
Kaufman n’est pas très connu en France. Dans les 70’s, il était un des piliers
de la scène comique américaine, découvert par sa géniale imitation d’Elvis Presley. Il
est rapidement pris sous contrat par George Shapiro, manager et producteur télé
(la série SEINFELD entre autres). Shapiro parvient à faire engager Kaufman dans
le sitcom TAXI, énorme succès d’audience. Kaufman y crée dans plus d’une
centaine d’épisodes le personnage de Latka, un immigré limite autiste venu de
la mer Caspienne (!) cousin éloigné d’un Jerry Lewis, dont les interventions
font un tabac. Mais Kaufman rêve d’imposer son univers, un comique surréaliste (proche parfois des Monty Python),
des canulars portés à leur paroxysme. Avec lui on ne sait jamais la
part du vrai et du simulé.
![]() |
Bob Zmuda et George Shapiro |
Ce
que le film de Milos Forman rend parfaitement, déstabilisant le spectateur, qui
va de surprises en surprises. Ainsi cette représentation en club où Kaufman
apparait sous les traits d’un comique qu’il a créé, Tony Clifton, son double ordurier,
qui humilie un spectateur devant un George Shapiro outré, scandalisé, puis découvrant
que la victime, Bob Zmuda, était un complice. Kaufman a réussi à
faire croire que Tony Clifton avait une existence propre, parvenant à le faire
embaucher sur la série TAXI, dans l’unique but de dézinguer cette institution
télé. La scène est jubilatoire.
Kaufman, contrarié par les injonctions de spectateurs qui réclamaient
son personnage fétiche de Latka, les punissait en lisant de la
première à la dernière ligne le livre de Fitzgerald « Gatsby le
Magnifique » ! Véridique ! Ou encore l’organisation de combats de catch mixte, Kaufman
préférant se battre contre plus faible que soi, des femmes, les massacrant en
direct et les renvoyant à leurs casseroles. Devenu l'homme le plus détesté d’Amérique, on
a su beaucoup plus tard que sa querelle avec le véritable champion de catch Jerry
Lawler, n’était qu’un canular de
plus… Ou encore cette prestation irrésistible au Carnegie Hall le soir de Noël, dont Kaufman rêvait depuis toujours, où il invite les spectateurs à sortir du théâtre,
monter dans des dizaines de bus, pour aller prendre une part de gâteau et un
verre de lait aux frais de la production.
Il
n’y a qu’une seule scène sur l’enfance de Kaufman, au début, très courte, là où
d’autres nous en auraient pondu des caisses. On voit le gamin délirer devant une caméra de télé imaginaire, surpris par son père. Pourquoi Forman la met judicieusement en exergue ? Car les parents de Kaufman, déphasés, dubitatifs sur son art, l’ont
toujours accompagné et soutenu.
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Tony Clifton expulsé du studio |
Cette
mise en abime constante est illustrée dans un sketch du show Friday’s, où
Kaufman refuse de jouer son texte. Il en vient presque aux mains avec les autres
comédiens, en direct, obligeant la production à couper l’antenne et passer la
pub. A la reprise, Kaufman est censé expliquer que c’était un gag
(car c’en était un) mais en rajoute une couche, provoquant l’ulcération des diffuseurs.

Milos Forman
utilise tous les artifices du cinéma pour rendre au mieux l’univers délirant de
Kaufman, étirant lui aussi les vrais-faux gags foireux à la limite du
supportable, provoquant la gêne du spectateur, comme Kaufman en son temps
provoquait l’incompréhension de son public, à la manière d’un Coluche et son « C’est
l’histoire d’un mec » succession d’histoires drôles si mal racontées qu’elles
en deviennent lamentables.
Andy
Kaufman est mort à l’âge de 35 ans, en 1984, son public hésitant à prendre ses
funérailles pour son ultime canular. Son complice Bob Zmuda et lui avaient
effectivement songé à ce gag macabre. Kaufman a prévenu que si on le déclarait mort,
il ne faudrait pas y croire, et qu’il réapparaitrait 20 ans plus tard, jours
pour jours. Ce jour-là, ils étaient nombreux à s’être donné rendez-vous. Andy
Kaufman n’est jamais venu. Pour une fois, c’était vrai.
couleur -
2h00 - scope 1 :2.39
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