Le
premier souvenir que j’ai de MAD MAX c’est que je ne l’ai pas vu. Précédé d’une
réputation sulfureuse d’ultra violence, comme ORANGE MECANIQUE en son temps, le
film était sorti avec une interdiction aux moins de 18 ans - ce qui était mon
cas. George Miller a dû faire quelques coupes pour éviter le classement X,
signifiant une sortie limitée aux salles spécialisées et taxes supplémentaires,
autrement dit, une mise au rancart. MAX c’était un mythe, comme le MIDNIGHT
EXPRESS (1978) d’Alan Parker. Le truc à voir. Mais si on se souvient des images
qu’ils nous en restent, elles proviennent davantage du second opus de la saga,
qui en bétonne l’imagerie, avec ces monstres mécaniques hurlant en plein désert.
Comme les scènes cultes de ROCKY qui viennent en réalité de ROCKY II.

Séquence
d’ouverture qui pose le contexte : un pays (lequel ?) une époque
(laquelle ?) en plein chaos, des bandes de fous furieux qui sillonnent la
région, semant la désolation, face à quelques flics qui tentent de combattre
cette anarchie. Le décor : lignes droites bitumées, horizon infini, caméra au
ras du macadam. Le film se divise en trois parties. Une première en mode
western moderne, avec intervention de la police routière pour choper le
criminel Montazano. Le flic Max Rockatansky, au volant de son « Interceptor »
mettra un terme à la cavale du gars. On songe à John Wayne cavalant deux fusils aux pognes dans CENT DOLLARS POUR UN SHERIF (Henry Hathaway, 1969). Scène d’anthologie : les bolides lancés à
toute allure sur une route, avec le p’tit gamin qui traverse…

Max
Rockatansky songe à démissionner mais son chef l’envoie plutôt prendre des
vacances : deuxième partie. Ou George Miller change de genre. Max et sa famille
recherchent d’un havre de paix, promenades bucoliques et siestes en plein air. Un
petit sursis. Car Miller va filmer la suite en reprenant très habilement les
codes du film d’épouvante, s’autorisant même ce plan de la main arrachée… Avec
la tentative d’agression de Toecutter sur Jessie Rockatansky, Miller nous prévient
: les Aigles sont toujours là, la menace pèse encore. Il y a donc un réel
suspens, entretenu par ces plans de Jessie Rockatansky seule dans les bois (quiconque
a vu les films de Wes Craven ou John Carpenter sait que ce n’est pas prudent…
et George Miller les a vus, c’est certain) qui s’allonge sur une plage isolée, s’y
endort bercée par la brise, la bande son juste constituée de bruits de nature
et d’oiseaux. Première alerte : son cleps renifle un truc et disparait
dans les rochers…

Troisième
partie. Où Max revêt sa panoplie qui le rendra célèbre,
cuir noir, fusil à canons sciés, regard mauvais au volant de sa Pursuit Spécial
V8, aussi célèbre que la Gran Torino Tomato de David Starsky, ou la Dodge
Challenger de Kowalski (dans le film POINT LIMIT ZERO de Richard C. Sarafian,
1971, film référence pour Miller a n’en pas douter, et pendant que j’y suis, le
personnage d’Eastwood dans GRAN TORINO s’appelait aussi Kowalski, pas un hasard, l’info est gratos, même si ça rallonge la
parenthèse).
Question
mise en scène, Miller se fait plaisir. Et nous aussi. Est-ce volontaire, mais
on pense furieusement à LA MORT AUX TROUSSES (la fameuse scène du champ et de l’avion)
dans l’agencement des plans, comme on repense à DUEL de Spielberg. On notera
tout de même quelques beaux faux raccords, ciel tantôt d’un bleu profond ou
chargé de nuages menaçants, selon les plans intérieurs / extérieurs de la
voiture. Pour rappel, le tournage fut de courte durée (6 semaines), Miller et
la première équipe filmant les plans avec les acteurs, puis partant en post-prod,
avant de diriger la seconde équipe pour les cascades. Comment raccorder des
plans tournés à six moins d’intervalle ! Le montage a pris aussi du temps,
le tournage a lieu en 1977, pour une sortie deux ans plus tard.

La
bonne idée de Miller est d’avoir recasé son personnage dans un univers différent
et encore plus apocalyptique, MAD MAX LE DEFI (1981), que je ne suis pas loin
de préférer au premier, parce qu’il y crée réellement la légende MAD MAX. La suite n’est que
resucée, le n°3 avec Tina Turner lorgnant vers la fable FM grand public, le
dernier FURY ROAD, solidement réalisé, mais étant un mix habile et sans surprise des
précédents (et sans Mel). Reste à savoir pourquoi George Miller
n’a pas su ou voulu se renouveler, il fait presque figure d’artisan, inscrit au
panthéon du cinoche juste pour avoir fait mumuse avec ses bolides. C’est peu.
Je
souhaite à tous les metteurs en scène en herbe de réussir ce joli coup, ce
premier MAD MAX sans le sou, qui impose une forme, un univers, dont beaucoup vont
s’inspirer.
couleur
– 1h30 – format scope 2 :1.39
Voui film culte qui a mis une bonne baffe à sa sortie. Je l'ai revu il y a peu. Ça a bien vieilli.
RépondreSupprimerPar contre la musique n'est pas de l'emperruqué de Queen mais de son homonyme australien qui est compositeur de musique de films (né en 1934 et décédé en 1997). Il avait aussi composé celle du N°2.
Pan sur le bec, comme on dit au Canard ! Erreur corrigée, merci !
RépondreSupprimerRRhhhaaa !!! Mais où est donc passé l'affiche originale ? Celle avec l'Interceptor qui déborde sur le cadre de l'affiche.
RépondreSupprimerLa première sortie du film en France portait la restriction des "moins de 16 ans", mais avait dû passer par une censure qui travaillait alors comme un apprenti-boucher un lendemain de cuite. Les coupes ne s'embarrassaient nullement des dialogues qui étaient parfois soudainement interrompus. Une habitude à l'époque qui trahie un irrespect total du public. Toutefois, cela n'empêcha nullement la violente claque que l'on s'était tous pris. Il y a eu un "avant" et un "après" Mad Max".
L'ampleur du succès probablement inattendu, incita les distributeurs à ressortir le film "sans coupes".
Quant à la musique, on a tous longtemps cru qu'il s'agissait bien du guitariste de Queen. Déjà, il était surprenant de découvrir que l'Australie, en plus d'une scène musicale forte et qualitative, réalisait des films de cet acabit. Il y avait même des acteurs du cru :-) M'enfin.
RépondreSupprimerMême si, à l'époque, Mel Gibson avait parfois été critiqué. Notamment sa gueule de minet, pas vraiment raccord avec le personnage (d'après certains).
C'est difficile de trouver les affiches originales en bonne qualité photo, d'autant qu'à chaque pays son affiche, généralement. Je les mets autant que je peux, mais là...
RépondreSupprimerBah oui, un Brian May australien... qui l'eût cru ! Faudrait demander à Claude si y'a pas un Ritchie Blackmore compositeur hongrois ?!!
Je viens de revoir tous les films Mad Max durant cette période de quarantaine, si vous voulez aussi les revoir, voici le site ou j'ai pu les trouve en streaming enstreaming.club.
RépondreSupprimer