mardi 17 décembre 2019

FANCHON DAEMERS UNE HISTOIRE D'AMOUR BELGE - par Pat Slade



Je suis un véritable cœur d’artichaut, il suffit qu’une artiste m’emballe au plus haut point et je tombe amoureux ! (Emballe au sens artistique, vous aviez compris.)



Encore un soir à la librairie Publico




J’ai connu la librairie anarchiste Publico en allant applaudir par deux fois Hélène Gerray. Le soir du 30 novembre, pour la première fois place à Fanchon Daemers. J’aurais déjà du aller la voir au Théâtre Clavel au mois de juin dernier à la 28ème fête de Mots et musiques, mais un petit problème de santé m’avait interdit de m’y rendre. Qu’a cela ne tienne, avec un peu de patience, j’attendrai 6 mois pour pouvoir, enfin, écouter la jolie Belge.

Fanchon est née à une époque ou Gagarine volait au dessus de nos têtes, Le Pen torturait en Algérie et au Congo on assassinait Patrice Lumumba l’homme à qui je dois mon prénom. Comme je suis un gentleman (Du moins je pense !), je ne donnerai pas son âge (Cela ne se fait pas !  Vous n’avez qu’à chercher dans les souvenirs de vos manuels scolaires d’histoire !). Après une journée de promenade dans la capitale, j’arrive à la librairie une demi-heure avant le récital de Fanchon Daemers. Je retrouve avec plaisir certaines personnes que j’avais déjà rencontrées, je fais comme d’habitude le tour de la boutique et je fais chauffer la carte bleue sur un CD qui me fais de l’œil (« Gémeaux Croisées» Un spectacle d’Anne Sylvestre et de Pauline Julien… encore une chronique en préparation !).

Beaucoup de monde ce soir-là à la différence des spectacles d’Hélène Gerray, une salle pleine comme un œuf ou presque, avec des auditeurs qui savent qui ils viennent écouter et qui ont quelques choses entre les oreilles (Dommage que ce ne fût pas la même chose pour Hélène… !). Les pieds nus et habillée d’une robe rouge vermillon, Fanchon commencera par une  brève allocution avant de commencer par «La Rengaine des Résignés» à capela, frisson garantie ! Les titres de son album «Contre la Résignation» prennent une autre dimension en live, entre les textes de Raoul Vaneigem, Louise Michel, Zo d’Axa. Un titre comme «Chant de Révolte» ou un public timide au début de la chanson finira par chanter le refrain avec l’artiste : «Église, Parlement, Capitalisme, État, Magistrature Patrons et Gouvernants, / Libérons-nous de cette pourriture / Pressant est notre appel / Donnons l'assaut au monde autoritaire / Et d'un cœur fraternel / Nous réaliserons l'idéal libertaire» l’esprit de Proudhon flottait dans la petite salle, moi-même je me suis retrouvé entraîné dans la tourmente !

«En el pozo MariaLuisa» connu aussi sous le titre «Santa Bàrbara Bendita» sera dans la bouche de Fanchon, un grand moment. Tu ne peux pas rester de marbre avec ce chant qui évoque un accident minier dans les Asturies et qui  se popularisa dans toute l’Espagne lors de l’insurrection de 1934 qui sera réprimée dans un bain de sang par le général Franco, même les mouches s’arrêteront de voler pendant cet instant. «La Makhnovstchina», le chant ukrainien du nom de Nestor Makhno qui conduira le mouvement insurrectionnel révolutionnaire contre les Armées blanche tsaristes et l'armée rouge bolchévique. J’avoue y avoir été de ma petite larmes tellement ce chant est beau, je le connaissais déjà dans un enregistrement des chœurs de l’armée rouge sous le titre «Le chant des partisans (Par les collines et les plaines)». Mais Fanchon Daemers chantant ce titre accompagnée de sa harpe celtique y apporte une autre dimension et elle m’a mis les poils au garde à vous et chamboulé le cœur.

Fanchon en plus de chanter, s’accompagne de divers instruments, comme la harpe, d’un orgue de verre et un instrument bizarre, des cornes de cerf surmontées d’une calebasse avec une corde unique ! Elle en joue comme d'un violon avec un archet. Cela ressemble en un peu plus imposant à un bobre, un instrument traditionnel créole. Entre chaque interprétation, elle racontera les histoires de chacun des titres. Entre les chansons de son album comme «Y’a trop de tout» avec des paroles de Paul Vaillant-Couturier et «Le temps des crises» écrit par Jules Jouy sur l’air du «Temps des cerises», Fanchon nous fait revenir à une époque ou les combats du passé ne sont pas si loins de ceux du présent. Des chansons plus que jamais d’actualité, des chansons de la rue où à l’époque l’illettrisme permettait une compréhension rapide de l’information et des idées.

Un récital comme jamais je n’en avais vécu, Fanchon Daemers, c’est une voix et une présence unique, un charme et une modestie scénique. Je repartirai dans ma banlieue chargé de souvenirs et charmé avec un autographe, un selfie et un big kiss !. Fanchon quand tu repasseras au Publico, je serai présent et au premier rang !

Vous pouvez retrouver la chronique de «Contre la résignation» dans les colonnes du Déblocnot.

Je voulais aussi préciser que, en plus de son travail d'artiste, Fanchon Daemers, après une enquête approfondie, a pu identifier le visage de Maria Dubois la première femme aimée par Guillaume apollinaire ayant marqué son œuvre. Durant l’été 1902 Maria et ses sœurs ont posé pour des cartes postales et le travail de Fanchon a permis de regrouper ces cartes qui ont fait l’objet d’une exposition. En plus d'une exposition, elle interprétera des textes d'Apollinaire
Cet étonnant petit bout de femme enseigne également le chant, et anime de nombreux ateliers,stages et formation pour enfants, adultes mais pour les personnes atteintes d'handicap mental. 

Je ne sais pas si le drapeau noir flottait sur la marmite ce soir-la, mais de toute manière la question ne se posait même pas !  
Je vous conseille d'aller voir sa page Facebook "Fanchon Daemers artiste" pour plus d'information sur ce charmant personnage.   




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