mardi 24 décembre 2019

Arcangelo CORELLI - Concerto Grosso opus 6 Nº 8 "Noël" (1713) – Il Giardino Armonico – par Claude Toon



- Coucou M'sieur Claude, vous nous proposez quoi pour ce jour de réveillon ? Nos lecteurs sont très occupés…
- Un petit concerto de Corelli Sonia, un compositeur de l'âge baroque, de la génération précédant celle de Bach et d'Haendel…
- Oui ce nom me dit quelque-chose… Des sonates, des concertos, à part cela… Mais, attendez, vous en avez déjà parlé en 2015 !!!!!
- En effet, dirigé par Ton Koopman et Herbert von Karajan, un article déraillé, je propose un billet résumé cette année...
- Tiens pourquoi pour Noël ce concerto au fait ? Ce n'est pas une œuvre religieuse a priori
- Non, on ne sais pas trop, c'est juste préciser sur la partition que Corelli le destinait à être joué pendant les offices, surtout la fin, c'est guilleret !

Je n'ai parlé de Corelli qu'une fois à ce jour et déjà pour ce concerto. Là, un petit papier avec une interprétation différente et très vivante Comme je le disais, le compositeur né à Ravenne près de Bologne en 1653 a peu composé en regard d'un Vivaldi et ses 600 concertos, opéras, etc. ou encore Bach et ses plus de 1000 numéros BWV de catalogue. À vrai dire, on ne connaît pas bien la biographie de ce compositeur.
Doué pour le violon, il suit son apprentissage sérieux de virtuose à Bologne à partir de 1666. Sa formation terminée, il gagne Rome et suivra les cours d'Alessandro Stradella, autre compositeur oublié mais à qui on doit l'invention du concerto grosso, ancêtre de la symphonie pour faire simple.
Il semble acquis que dès 1675, il fait carrière à Rome en se plaçant sous la protection de mécènes influents : la reine Christine de Suède, les cardinaux Benedetto Pamphilj et Pietro Ottoboni, le petit-neveu du pape régnant du moment : Alexandre VIII.
C'est maigre, je vous l'accorde, la destinée typique d'un compositeur de cours de l'époque baroque… Il sera également chef d'orchestre, une anecdote racontant qu'il aurait dirigé 150 musiciens, un effectif délirant pour l'époque. Diriger quoi ? Mystère total ! Il faut noter que son style et quelques innovations ont influencé de nombreux successeurs de Haydn à Rachmaninov… Son catalogue est maigre : cinq cahiers de sonates d'église ou de chambre et l'opus 6 qui réunit les douze concertos grosso. Sont restés célèbres les concertos et surtout la Sonate "La folia", une sonate pour violon très difficilement techniquement (Corelli, comme Vivaldi a grandement fait évoluer le jeu de cet instrument roi à l'époque des stradivarius…, un jeu très allègre et moderne). Cette sonate est une suite de 23 variations. Le continuo est laissé à l'entière liberté de l'interprète : Viole de gambe, théorbe, clavecin, orgue, etc. en solo ou combinés.
Je vous propose en complément l'interprétation de Jordi Savall, les deux œuvres vont bien ensembles…
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J'ai choisi une interprétation colorée de l'ensemble Il Giardino Armonico que nous avions déjà écouté à propos d'une anthologie des concertos pour mandolines de Vivaldi en 2013. Je vous invite en ce jour festif à relire et/ou réécouter cet article (Clic).
J'avais zappé sur un minimum de commentaires en 2015. Je me rattrape en donnant quelques clés. Corelli instrumentait ces concertos de manière très particulière : un violon solo soutenu par un concertino constitué de deux violons et d'un violoncelle, et tous sont entourés d'un orchestre comportant quatre premiers violons, quatre seconds violons, deux altos, deux violes de gambe ou violoncelles, une contrebasse et éventuellement théorbe et/ou orgue positif. Le concerto comporte six mouvements ou séquences (le découpage des plages diffère suivant les enregistrements :
Giovanni Antonini
  1. Vivace – Grave [0:00] : le concerto débute par des accords syncopés scandés par les cordes. Une douce note de l'orgue introduit une religieuse mélodie invitant à la médiation…
  2. Allegro [1:30] : Accompagné par le théorbe, l'orchestre se fait impétueux, rayonnant en ce jour de fête. La ligne mélodique est très articulée et fougueuse… L'orgue se joint discrètement à cette réjouissance.
  3. Adagio – Allegro – Adagio [3:50] : L'adagio évoque une marche, ou plutôt une procession, celle des bergers venant voir l'enfant ? Mon imagination phosphore. L'adagio est interrompu par un tempétueux allegro…
  4. Vivace [6:30] : Le vivace arbore un style dansant bucolique ; il est de notoriété que même si la production de Corelli est modeste, la variété des motifs mélodiques est surprenante. Il le montre ici.
  5. Allegro [7:32] : La vitalité de l'allegro suggère que le concerto peut se terminer là. La musique surprend par la brutalité des ruptures de tons et de tempos.
  6. Largo (pastorale) [9:35] : Notée ad libitum, cette pastorale évoquant la sainte nuit ne doit être jouée que le jour de Noël (pointilleux Corelli). Elle est enchaînée sans transition à l'allegro qui précède. On y ressent une volonté de lyrisme, celle d'un chant de reconnaissance à caractère liturgique ! Corelli n'a jamais composé pour la voix. Là encore la simplicité populaire est de mise. (Partition)
    Chronique de 2015.
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