Rosalie Dubois n’est pas la plus connue des chanteuses dans le
paysage audiovisuel français et pourtant cette vénérable dame de 87 ans chante
depuis 60 ans.
Rosalie sort du bois
Rosalie Dubois, un nom très peu connu des tabloïds, et pourtant cette artiste a connu son heure de gloire à la fin
des années cinquante et au début des années soixante. De son vrai nom Jeanine Rolleau, elle affiche une longévité qui en
rendrait jaloux plus d’un, même si sa discographie n’est pas en aussi importante
que la longueur de sa carrière.
A la
fin des années cinquante elle est étudiante en droit dans le but de devenir
avocate et, pour payer ses études, elle travaille dans la poissonnerie familiale
rue des Abbesses à Montmartre. Elle va faire la connaissance des deux
écrivains, poètes et auteurs de chansons : Bernard
Dimey et Pierre Mac Orlan. Pourtant la
chanson n’a pas une énorme importance dans sa vie, mais en 1959 elle avait dit à des copains qu’elle chantait bien et ces
derniers l’ont inscrite au concours «Les
numéros 1 de demain» parrainé par Europe 1, concours qu’elle gagne en chantant «Julie la Rousse»
de René-Louis Lafforgue. L’année suivante, malgré
l’arrivée du yéyé et de «Salut les Copains»,
elle remporte «Le coq d’or de la chanson
française» avec le titre «Parce qu’un air d’accordéon». En 1961, passage à Bobino la salle de prédilection de Georges Brassens, elle
remporte un énorme succès populaire avec «Cherbourg avait raison» qui sera repris par Patachou. «Malheureusement, je suis devenue vedette avant de
devenir artiste»
regrettera-t-elle.
La voix du succès est toute tracée
pour Rosalie
Dubois, la chanteuse qui succédera à Edith
Piaf, car son style de voix est très proche de celui de la môme.
La demoiselle d’Avignon à la coupe playmobil peut rester chez elle ! Entre
1960 et 1962, les disques et les galas se succèdent et elle vendra plus d’un
million de 45 tours. Mais le destin va lui jouer un mauvais tour. Un très grave
accident de la route interrompt brutalement sa carrière en 1962. Après une année de soins intensifs, elle tombe dans une
profonde dépression où l’alcool viendra y rajouter son grain de sel. Mais cette
Bretonne catholique et communiste de surcroît va se ressaisir et adapter son
répertoire en accord avec ses idées. En 1973,
elle chante et enregistre les œuvres du poète breton Eugène Guillevic (Que
Jeanne Moreau interprétera aussi). De 1978 à 1982 ce seront 5 disques regroupant 62 chansons contestataires, de la Révolution française au Front populaire, qui seront éditées. «Mes parents ont
travaillé comme des fous pour faire fonctionner l'ascenseur social. J'aimerais
que celui-ci reparte pour les jeunes».
Rosalie Dubois retourne sur la scène et apparaît même à la télévision : «C'est Pascal Sevran qui m'a sorti du trou», rappelle-t-elle.
Après moult passages à la fête de l’humanité, elle décide en 1992 de ne plus se produire en public. Ses
chants contestataires attire l’attention de Bernard
Ascal directeur artistique de chez EPM, une maison d’édition spécialisés
dans la chanson française. Et ce dernier se met en tête de rééditer l’intégrale
de ses chants révolutionnaires. Une histoire en deux temps : en 2007 et en 2014 avec «Chant d’espoir et de révolte». Bernard Ascal a la surprise d’apprendre que Rosalie Dubois
habite non loin de chez lui. Une fois le contact établi, d'une nouvelle complicité jaillira divers projets.
Rosalie Dubois et Bernard Ascal |
Rosalie Dubois ne limite pas son répertoire aux
chansons de ses début et aux chants de révolte, mais aussi des chansons de
poètes, de Maurice Fanon à Mouloudji et d’Aragon à
Eluard en passant par Gainsbourg.
Mais celui qu’elle a connu et jamais chanté, c’est Pierre
Mac Orlan. Ascal
va mettre en musique les textes du poète et la sympathique octogénaire va
tomber sous le charme. Elle refait des vocalises et travaille sa respiration. En
juillet 2018 elle entre en studio
avec la peur de ne pas voir le produit fini.
Ce qui pourrait être une compilation, ne l’est qu’en partie, sur les quinze titres, les sept qui ouvrent l’album sont bien d’elle, la voix est fragile, à peine chantée (A plus de quatre vingt cinq ans !), plus parlée ou slamée en duo avec Bernard Ascal, soutenue par une orchestration jazz qui lui était étrangère. Ascal se pressera d’aller lui remettre en main propre le premier exemplaire de «Couleurs &Vernis».
Ce qui pourrait être une compilation, ne l’est qu’en partie, sur les quinze titres, les sept qui ouvrent l’album sont bien d’elle, la voix est fragile, à peine chantée (A plus de quatre vingt cinq ans !), plus parlée ou slamée en duo avec Bernard Ascal, soutenue par une orchestration jazz qui lui était étrangère. Ascal se pressera d’aller lui remettre en main propre le premier exemplaire de «Couleurs &Vernis».
Très loin
des tubes de sa jeunesse, du temps du vedettariat, l’ancienne poissonnière des
Abbesses n’est pas mécontente d’avoir surpris son monde : «Je n'ai jamais rien fait comme tout le monde !»
conclut-elle.
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