Trois ans après "New folk" revoici Lionel Giardina et son project "Lion Says" avec un nouvel album intitulé "Other side effects". Pour tout savoir sur Lionel son parcours et ses influences -ainsi que sur son compère Fred Woff - je renvoie à l'interview que nous avions fait à l'époque (clic). Nous avons déjà également évoqué dans ces colonnes le groupe Two the West qu'il fonde avec Fred Woff en 2011, mis en sommeil depuis pour cause d'éloignement, Lionel à Rennes et Fred à Lyon. Mais quand Giardina crée Lion says il fait appel à son pote d'enfance pour le produire, l'ingé son s'installe aussi derrière les claviers (Mellotron, orgue Hammond, Rhodes ...sa passion , lire l'interview) , et la basse et les guitares sur plusieurs titres. Lionel quant à lui compose et chante, jouant les guitares acoustiques (6 et 12 cordes) , mais aussi des lap steel et cigar box, ainsi que des parties de basse. Le duo est aidé de Arthur Travert (drums, percus), Thomas Hoegy (violons), Tristan Ramaut (cellos), et quelques autres musiciens sur certains titres (Fred Le Saint resonator guitare/ David Cindler basse / Julien Botas drums / Pascal Riaux guitare/basse).
Les cloches qui ouvrent "Trough the storm" ne sont pas celles de l'enfer (celles d'ACDC sur "hells bells"..) mais celle d'un village des Pyrénées, pour une histoire vécue là bas par une amie de Lionel , celle d'une femme abandonnée par le père de ses enfants, une belle pièce triste mais emprise d'une grande beauté mélancolique; c'est du travail bien léché et ciselé, j'aime aussi beaucoup le travail sur les voix. Plus léger "Gimme a party" a un petit parfum pop West coast , et invite à la fête malgré les problèmes qui nous entourent, avec encore de très belles harmonies puis le "dylanien" "Somehow" , écrit après les attentats de Paris s'interroge sur les crimes commis au nom de la foi.
"A thousand likes" évoque les réseaux sociaux, leurs likes leurs smiles et leurs "friends" virtuels, sur des sons orientalisants, alors que les chœurs de "Mamas" renvoient plus au gospel, j'aime bien ce large champ musical et ces climats variés .
Un joli morceau aussi que "Never let go" calme puis qui s'enflamme , écrit en pensant à des jeunes pris entre 2 cultures et 2 pays: "the dream country is a joke / you're an outsider across the sea/ a foreigner in this bloody country" .
Sombre aussi "Mad chandeliers" sur l'avenir de la planète lancée comme un bus en feu dans lequel la fête continue ("let's have fun inside/ the burning bus") , quant à "Once again" c'est coup de fil pour soutenir un ami sombrant dans la boisson, bon tout ça n'est pas très gai je vous l'accorde mais introspectif, sincère et bien traité musicalement.
Les 3 parties de "Sorry son" recèlent une petite surprise avec des vocaux chantés en français, la seconde partie évoquant irrésistiblement des passages de .. Gainsbourg , et on termine en acoustique bluesy avec "Peace at last (the boxer) ".
Un bien bel album aux thèmes musicaux diversifiés que l'on pourrait qualifier de pop/folk/progressif rock , teinté aussi d'americana pour ses touches country/folk/blues, avec un soin particulier porté aux arrangements et à la production aux petits oignons de Fred Woff ; en tous cas quelque chose de pas banal dans le paysage musical français.
ROCKIN-JL
jeudi 7 novembre 2019
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