Fred, Lionel |
Lionel :
Oui oui, on se connaît depuis tout gosse. Personnellement, je ne me
rappelle pas d'une vie sans Freddy (rires) ! En gros on a grandi
ensemble, donc oui, ça fait un moment qu’on bricole tous les deux.
Dès neuf ans on enregistrait des trucs, des chansons, mais aussi
beaucoup de trucs pour se marrer - comme des parodies ou des délires
spontanés. On a toujours eu ce lien direct à l'enregistrement. On
est assis sur des kilomètres de bande magnétique et des kilos de
disques durs (rires) ! Gamins, on n’a jamais eu le temps de
s'ennuyer ou de chercher un truc à faire. Peut-être qu’on est
toujours un peu ces mômes devant le gros magnétophone du salon…
Au final, il nous a fallu pas mal d'années avant de nous ouvrir aux
autres, de jouer avec les autres, de faire des concerts, de sortir un
disque. Trois disques plus tard, avec trois équipes différentes,
l’envie de partager est vraiment là. Même si c'est difficile en
tant qu'indépendants. On a monté SSI Records pour ne rien devoir à
personne et faire ce qu’on avait envie de faire, même si ça
implique de faire beaucoup de choses par nous-mêmes. On a fini par
intégrer que faire des chansons fait partie de nos vies, et que si
on y renonce à le faire – il y a toujours plus de raisons pour
renoncer que pour persévérer – on risque fort d'être malheureux.
Fred :
Concernant l’enregistrement, je confirme, j’ai attrapé très tôt
le virus ! A trois ans, je me baladais déjà avec un petit
magnéto… J’écoutais tout le temps de la musique. Forcément ça
m’a amené à vouloir jouer de toutes sortes d’instruments. J’ai
commencé par l’orgue Hammond, grâce aux disques 60s/70s de mon
père. Ado j’ai un peu bifurqué parce que j’avais envie de
découvrir d’autres sonorités. Avec Lionel, on s’est mis
ensemble à jouer de la gratte. Lui a persévéré à la guitare, au
chant et aux textes ; moi, à la batterie, la basse, les
bidouillages électroniques, la console de mix et les claviers
vintage. Tout s’est fait naturellement, chacun a trouvé sa place.
Comme je voulais en savoir plus, j’ai avalé une maîtrise de
musicologie à Rennes et un master de son à Prague, ça m’a permis
d’apprendre un tas de choses. Pendant ce temps là, Lionel était
en Angleterre. Du coup j’ai progressé dans mes prises de son et ça
a été l’ouverture à l’écriture musicale. Je pouvais enfin
écrire mes arrangements, traduire ce que j’avais dans la tête,
pouvoir les faire jouer, les enregistrer, et du coup, satisfaire nos
ambitions avec Lionel ! L’inventivité d’un George Martin ou
d’un Brian Wilson ou des albums orchestraux tels que « Atom
Heart Mother » (Pink Floyd & Ron Geesin) nous faisaient
rêver. Perso, tout ce qui dépasse les 4 accords m’intéresse, du
moment que l’harmonie soit élargie, que les mélodies aient du
caractère, et que les arrangements et la production soit inventive,
qu’il y ait de l’âme dans les enregistrements. Et justement,
c’est précisément ce que j’aime bien avec Lionel dans ses
compos. Il réussit toujours à placer des petites surprises
musicales, des petites bifurcations inattendues, tout en gardant une
ligne stable. Quand j’entends sa musique, ça me parle direct,
j’imagine tout de suite le panorama sonore. Sur cet album, c’est
vrai que j’ai moins arrangé que sur le précédent, mais je me
suis éclaté sur la batterie et la basse, et j’ai mixé
intégralement le disque et géré le mastering qui est dorénavant
mon activité principale.
-
Lionel, pourquoi cet album solo, tu voulais t' exprimer différemment?
comment est né ce projet? D'ailleurs solo n'est pas le mot puisque
Fred tu y es largement associé, et d'autres musiciens interviennent
aussi..
Lionel |
Fred |
Lionel :
Je tiens à préciser que Fred a apporté beaucoup en terme de
couleur sur ce disque. Il a pensé tout de suite à des balais, à
des sections rythmiques minimalistes mais bien présentes. Sur
Catchers in the Rye par exemple, c’est lui qui joue de la Hofner et
de la batterie. Il y a un groove unique, il fait littéralement
décoller la chanson. Comme l’identité sonore du projet se
précisait, j'ai appelé des amis que je voulais entendre sur le
disque. Des musiciens qui avaient déjà bossé en studio avec nous
pour Two the West. Arthur a finalisé la batterie sur « I’m
getting you » parce que c’est le son qu’on voulait. Il a
fait tous les tambourins aussi. On a vécu des sessions inoubliables
avec Jean-Baptiste Ramaut au violon, hyper créatif et à l'écoute,
comme toujours. Fred Lesaint est venu avec 4 ou 5 resonators
différents – qu'on appelle génériquement des Dobros, des vieux
instrus magnifiques et introuvables. Fred Lesaint a un toucher
unique, il peut jouer une mélodie complexe en slide, uniquement en
harmoniques. C’est est aussi un très vieux pote. La musique nous
permet de nous retrouver régulièrement ; c’est avec lui que
j’ai fait mes premières armes sur scène. Ça peut paraître
cliché mais quand on se retrouve dans ces moments là, on n'a pas
besoin de parler énormément. Comme avec Fred Woff, c’est la
musique qui nous relie, c'est comme un lien inaltérable. On se dit
autre chose en jouant, et c'est chouette. Pour moi c'est aussi ça
faire un disque. Passer des moments forts avec des gens qu'on
apprécie, sortir ce qu'on a de plus inspiré à ce moment là…
Être musicien finalement c'est avoir l’opportunité de donner un
peu de soi. Et puis si on est sincère, il y a forcément des gens et
des oreilles qui vibrent avec vous, qui se reconnaissent. Je le sais
parce que j’écoute les disques des autres (rires) !
-
L’album New Folk est assez différent de Two the West même si dans
ce dernier on trouvait des passages folk, d'ailleurs tu l'as titré
"New folk", que représente ce "nouveau folk"
pour toi?
Lionel :
Je ne prétendrais pas faire quelque chose de neuf. Disons que Fred
et moi avons pris un vrai bol d'air avec ce projet. A part la basse
et mon vieux lap steel, on n’a joué que sur des instrus
acoustiques. Pas de pédales d’effet, de claviers, de numérique.
Les resonators, les violons, le glockenspiel, les percus, les
guitares 6 et 12 cordes... Je me suis aussi amusé avec des guitares
acoustiques à l'envers, de l'harmonium ou du sanza (petit instru
percussif africain). Pour être honnête, je n'ai pas écouté
beaucoup de folk ces dernières années. Ce disque est plus une
démarche, une envie de prolonger les bonnes vibrations acoustiques.
Contrairement à notre précédent disque avec Two the West, qui
était très arrangé, on avait envie d'entendre le silence entre les
notes, de ne pas surcharger. Il faut peut-être comprendre le titre
dans ce sens… La nouveauté pour nous finalement, c’est de faire
de la folk à notre sauce. Même si c’est nourri, consciemment ou
non, de la folk de notre enfance et de trucs plus récents, cet album
nous a rafraîchi et on a eu cette sensation de repartir de zéro. On
l'a fait avec le cœur, même si ça peut paraître naïf, on s'en
fout. Les gens semblent peiner à croire qu'on fonctionne sans calcul
ou préméditation de nos jours. On me demande aussi « Pourquoi
Lion Says ? »… On avait tellement fait de brainstorming
sur le projet précédent que j’ai refusé de me prendre la tête
avec ce disque. Lion Says m'est venu comme ça, ça me faisait penser
à Simon Says (le Jacadi pour les anglophones), avec un lion qui
cause - mon prénom signifiant le lion… c’est une idée qui m’a
fait sourire et ça me suffit. Même chose pour New Folk. D’ailleurs
« folk » peut désigner une personne en anglais. Et
finalement, une fois de plus, je suis un « nouveau venu ».
-
Question classique pour tous les deux: quels sont vos groupes de
chevet et vos coups de cœur du moment?
Lionel :
Le dernier coup de cœur sincère qui me vient à l’esprit remonte
à l’année dernière, avec le dernier album de the Apartments « No
Song No Spell No Madrigal ». Les chansons sont belles, ça sent
la spontanéité avec de l’émotion à fleur de peau. Les vocaux
sont un peu Lou Reediens d’ailleurs, avec ce côté « Je
chante comme je le sens et je t’emmerde. » J’adore. Sinon
je revisite the National et Bon Iver en ce moment. Tu vois, je ne
suis pas vraiment un folkeux !
Fred :
Je n’ai pas de groupe de chevet parce que réécouter en boucle les
disques, c’est pas mon truc. Dans les choses relativement récentes,
j’ai flashé pour Rover, c’est quelqu’un qui a du goût, du
coffre et de l’instinct, j’aimerais bien le rencontrer. Je l’ai
vu en concert avant qu’il ne connaisse le succès, on était 20 à
tout casser dans la salle mais il se battait et dégageait une
énergie phénoménale, on était scotchés. Malgré le succès qu’il
a connu, il semble avoir gardé les pieds sur terre. D’une manière
générale je garde l’oreille sur ce qui se fait en matière de
rock et de chanson à travers les disques que je reçois à
masteriser mais aussi via la radio. J’aimais bien écouter dans la
bagnole la nuit l’émission de Serge Le Vaillant sur Inter, il
recevait toujours des nouveaux talents et c’était intéressant.
Dommage qu’on lui ait coupé l’antenne. Côté chanson française
récente, j’aime bien Bertrand Belin, ses compositions et ses
arrangements sont intéressants. Ou sinon je m’intéresse plus aux
vieux loups fêlés de l’époque qui continuent ou continuaient à
enregistrer… Genre Christophe, Bashung… Mais de manière générale
je reste extrêmement attaché à toutes mes vieilleries sixties et
seventies, y’a pas mieux, je n’écoute que relativement peu de
pop anglaise actuelle. Genre les Tindersticks ou Midlake récemment.
Il y a eu tellement de disques intéressants dans les 60s et 70s que
je continuerai d’en découvrir encore jusqu’à la fin de ma vie,
probablement…
Fred |
Lionel :
Hé hé, c’est la grande question à nous autres bâtards,
biberonnés entre Léo ferré et Jimi Hendrix… En tout cas,
l’anglais est le canal bis moi. C’est celui de la communication
avec des copains bien sûr, avec les élèves à qui je fais cours,
mais aussi et surtout le canal par lequel je voyage le plus,
artistiquement. Je n’écoute que des disques anglophones, je ne lis
des romans qu’en anglais. Dans New Folk, je me suis amusé avec
quelques clins d’œil aux personnages qui me touchent, avec un
penchant pour les clochards célestes et les losers cosmiques
(rires). Récemment hanté par les personnages de Jim Harrison, J.D.
Salinger ou John Fante. Chaque chanson a sa raison d’être sur cet
album mais je ne suis pas sûr de pouvoir arrêter des thèmes de
prédilection. Une ligne conductrice peut-être... une fâcheuse
tendance à l’introspection, sans doute, pour moi ou mes
personnages (rires)! Concernant le français en musique, beaucoup
d’artistes francophones me touchent aussi, bien sûr. Par exemple
j’aime bien le travail de la Maison Tellier, la voix et les textes
d’Helmut, les guitares de Raoul [Raoul a enregistré un titre sur
l’album de Two the West avec Lionel et Fred - ndlr]. Disons que,
comme je te le disais, on ne choisit pas toujours… Je me considère
– même si ça peut paraître un peu gonflé – plus comme un
récepteur qu’un émetteur. Si ça sort en anglais, je continue le
chemin en anglais. Ca va peut-être te surprendre, mais dans nos
enregistrements passés, il y a plein de chansons en français. Ça
correspond à une autre période. Et on n’a pas encore éprouvé le
besoin de les sortir du placard familial…
Fred :
Moi je n’exclus pas dans mes futurs projets d’utiliser la langue
française, d’abord parce que je n’ai pas les facilités de
Lionel pour écrire des textes en anglais… Mais c’est vrai que
chanter en français donne l'impression, pour nous qui sommes passés
par l'anglais, de se mettre beaucoup plus à nu face au public
français. En plus ce public est assez rigoureux concernant la rime
et la structure. L’autre fois j’écoutais un morceau de Yes de
l’album « Looking for the One », et je me suis rendu
compte qu’il n’y avait pas toujours de rime dans les phrases au
profit du sens, et pourtant ça passait comme dans du beurre avec la
mélodie. En français il faut faire des pieds et des mains pour y
parvenir, l’oreille d’un français est très attachée à la
rime. Après, moi j’aime bien les trucs biscornus. Ferré faisait
souvent ce qu’il voulait quand il se mettait à déclamer sa prose.
Bashung aussi.
-
Lionel, tu as vécu en Angleterre je crois, cela a certainement
influé sur ta musique; Et plus généralement les anglais ont ils
vraiment plus la culture musicale ? On le sait la France n'est pas
une terre de rock...
Lionel :
Disons que je me sens souvent plus proche de certains amis anglais en
termes de goûts musicaux, c’est vrai. De sensibilité même
parfois. Et puis il y a ce vieux débat inintéressant chez nous
autour du « ça veut dire quoi les paroles ? » - qui n'a
pas toujours d'intérêt chez les anglophones. Une bonne chanson est
une bonne chanson. La voix intègre davantage l’ensemble en tant
qu’instrument avant tout. Tu peux te pencher sur les paroles et
découvrir le sens profond d’une song des années plus tard j’ai
l’impression. Je me rappelle redécouvrir un vieux Genesis avec une
amie anglaise à Sheffield, Christine, de lui demander son
interprétation pour « Selling England by the Pound » et
de nous prendre des fous rires parce qu’on ne comprenait pas
grand-chose au final… On adorait le début de cet album, que je
venais de retrouver en vinyle, cette mélodie incroyable, qu’on
écoutait en boucle. On pouvait chanter les mots à tue-tête, mais
on ne s’était pas posé la question du sens, littéralement.
Finalement c’est peut-être ça la poésie aussi ? On ne
comprend pas tout, mais ça fait résonner des trucs à l’intérieur.
Les sonorités, le rythme, la mélodie aussi. A l’exception de mecs
géniaux comme Bashung, la chanson française obéit souvent à
d’autres règles. On est spécialiste de la chanson « concrète » :
ça doit nous parler rapidement et faire du sens tout de suite. Sinon
c’est « n’importe quoi ». C’est un peu comme les
réseaux sociaux. Tout doit être capté vite, tout doit être
efficace. Si c’est validé par les mass media, c’est encore
mieux. La vitesse m’emmerde. Notre époque aussi j’en ai peur.
- Fred, je sais que tu collectionne les
claviers vintage, peux-tu nous dire un mot sur cette passion et
quelles sont les pièces que tu préfères?
J’ai
toujours trouvé que les claviers dits « électromécaniques »
avaient beaucoup de caractère, ce sont des machines capricieuses
mais je les aime ! L’orgue Hammond en fait partie, ce sont ses
défauts qui font ses qualités par rapport aux autres orgues. Les
pianos électriques comme le Rhodes, le wurlitzer, le pianet,
j’adore, ce sont des instruments très expressifs. Ce sont des
classiques vintage mais on ne s’en lasse pas ! J’ai toujours
vénéré le Mellotron, le son fragile, aléatoire et tremblotant de
ces vrais appareils, mais depuis que ces sonorités sont devenues
hyper accessibles à cause de certaines firmes qui incluent des
samples retravaillés et aseptisés sur leurs synthés, on peut
entendre du sample de Mellotron à toutes les sauces, dans le rap
commercial, la chanson française bobo, et ça me fait plus que
grincer des dents, parce que les arrangements sont souvent hyper
connotés ou servent à tenter de combler un vide… Le malaise,
quoi… Sinon j’ai pas mal de string machines (synthétiseurs de
cordes) comme l’Eminent 310U, et une tonne d’orgues divers et
variés chez moi, Vox, Farfisa, Yamaha, et j’aime bien en
bidouiller certains électroniquement pour leur donner plus de
possibilités sonores. Même mon orgue Hammond est complètement
bidouillé, il ne sonne comme aucun autre ! Mais on sort un peu
du sujet de l’album New Folk n’est-ce pas, puisqu’il n’y a
pas ce genre d’instruments dessus… Si on veut écouter mes
claviers c’est plutôt sur Two the West !
-
L'album New Folk doit sortir le 4 Novembre, tu as fait appel à un
site participatif pour financer cette sortie, où en es tu?
Lionel :
On n’est jamais rentrés dans les cases pour les subventions. Un
projet indépendant demande beaucoup d’investissement, du temps et
de l’argent. C’est le plus difficile finalement. Tu te retrouves
à des années lumière de la partie créative et des vibrations
originales. En même temps un projet doit sortir du studio pour
vivre. C’est comme un choix que tu te retrouves à assumer, le
mieux possible. On a la chance d’avoir des fidèles qui nous
suivent et sont très emballés par le nouveau projet. Mais très
honnêtement, capter des gens et des nouveaux fans n’est pas
vraiment notre spécialité. On ne sait pas vraiment faire. C’est
toujours sympa de publier une photo en répé mais la plupart du
temps, les réseaux sociaux vont trop vite pour nous. On essaie
d’attiser la curiosité mais par exemple, un lien audio sur
Facebook n’intéresse plus personne aujourd’hui. Si tu ne sors
pas un clip à poil ou une vidéo de répé dans la baignoire, peu de
gens s’arrêtent (rires) ! Bon en tout cas il y a quand même
une belle vague d’envie par rapport à l’album et on va tout
faire pour atteindre notre objectif en crowdfunding. Et puis on a
fait un beau clip avec Jeff Loch (réal lyonnais très doué) et une
belle page sur KissKissBankBank. Plusieurs dizaines de personnes ont
déjà répondu présent et on s’approche des 60 % de la somme
demandée à l’heure où on se parle. On a jusqu’au 22 octobre
pour atteindre notre objectif. L’album sera dans les bacs le 4
novembre quoi qu’il arrive – distribué par Modulor et défendu
par Martingale côté promo – mais pour continuer à travailler et
faire vivre le label en tant qu’indépendants, on a vraiment besoin
de soutien. à bon entendeur ! ( c'est ici: kisskissbankbank.com/lion-says-go )
la "une" de libé |
Lionel :
En tout cas, si le Nobel cherchait à faire le buzz, c’est réussi !
Ce n’est pas la première fois qu’un de ces prix interroge si je
ne me trompe pas… je me souviens notamment du Nobel de la Paix
décerné à Barak Obama. Peut-être qu’on accorde trop
d’importance à ce truc finalement, qui n’est qu’un cliché
contemporain, pris par un groupe d’individus, à un moment donné.
Concernant le Nobel de Littérature, je comprends que Philip Roth
soit déçu, et pas mal d’écrivains méritants ont dû se poser
des questions. Maintenant si tu me demandes de questionner la
légitimité de Dylan en tant qu’auteur, je ne suis pas la bonne
personne (rires). Ce mec a révolutionné l’écriture des chansons,
avec une plume incroyable, une facilité hallucinante et sur plein de
sujets. C’est un auteur populaire certes, un folk singer, au même
titre que Woodie Guthrie avant lui, donc populaire au sens noble du
terme : qui peut parler à chacun d’entre nous. Je crois que
ça a le don d’agacer un petit peu certains milieux… ou peut-être
s’agit-il d’ignorance. D’ailleurs, Dylan n’a pas d’équivalent
français, c’est évident. Je lisais un journaliste dit « sérieux »
qui s’insurgeait et qui lançait que Francis Lalanne pourrait
peut-être tenter sa chance l’année prochaine ! Quelle
inculture, quelle tristesse… Je crois qu’avant de parler, un
certain nombre de journaleux feraient mieux de s’assoir et de lire,
sans parler d’écouter, l’œuvre colossale de Dylan. C’est un
type et une œuvre hors normes. Les gens semblent avoir oublié qu’il
faisait trembler les puissants avec Masters of War, The
Times They Are A-changin'
et bien d’autres. Dylan est un poète énorme, un vrai Martien,
capable d’écrire à peu près sur tout avec une justesse et une
finesse inégalées… Qui sommes-nous pour questionner la légitimité
d’un géant ?
Fred : Je
suis d’accord avec Lionel. A mon sens, ceux qui trouvent ce titre
illégitime portent simplement des œillères. Ils cloisonnent la
littérature. Dès qu’il s’agit de littérature ou d’art
moderne, il y a toujours les conservateurs qui reviennent à la
charge… Je ne suis pas surpris… Ils peuvent penser ce qu’ils
veulent mais « The Times They Are A Changin’ »,
n’est-ce pas ?
-
Et bien merci à vous deux … On vous souhaite le meilleur à tous deux car vous
êtes des musiciens doués et on vous retrouvera pour la suite avec
plaisir; quelque chose à ajouter?
Lionel :
Oui, juste dire que je suis heureux de travailler avec des nouveaux
musiciens pour le live : Judi Massonnat à la batterie et aux percus,
Léonard Sandre à la basse et Thomas Hoegy au violon. C’est
toujours génial de rencontrer des gens par la musique. Les garçons
sont doués et réceptifs, ils vont apporter beaucoup aux chansons.
C’est un comme offrir une deuxième vie aux compos, en utilisant
nos ressources et nos sensibilités à quatre ou cinq, c’est très
excitant. On va bosser en résidence en novembre avec le Ninkasi Kao
à Lyon, on est super contents. J’espère qu’on pourra jouer avec
les vieux copains Fred en tête, mais aussi Pascal Riaux, Vincent
Chevalier ou Serge Gelli, peut-être en guests sur scène un de ces
jours. Allez, je vous dis à bientôt en live j’espère !Merci
beaucoup JL, pour ta réception de l’album et ton enthousiasme pour
nos projets.
Fred :
Et je n’exclus pas de ramener tout de même quelques claviers
vintage sur scène quand j’y serai… Pourquoi pas un
Clavioline des années 50 ou un Theremin par exemple ? On
expérimentera au moment venu et on verra bien ! Merci JL !
Propos recueillis par ROCKIN-JL
Propos recueillis par ROCKIN-JL
Un très bel article que je viens de dévorer, merci à vous les gars :)
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