mardi 1 octobre 2019

TRI YANN - LE DEMI-SIECLE ET LA SEMI-RETRAITE - par Pat Slade



Même les artistes prennent leur retraite et Tri Yann ne fera pas exception à la règle, hélas !




La longévité bretonne






J.L Jossic et J.P Corbineau
50 ans, un demi siècle, combien de groupes en France peuvent-ils se targuer d’avoir eu une carrière aussi longue ? A l’heure actuelle ils se comptent sur les doigts d’une main, et plus précisément avec trois doigts. Ange, Magma et Tri Yann sont les rescapés d’une époque qui a vue tant de groupes passer de vie à trépas au fil des modes. Tri Yann restera, pour ma part, des souvenirs de concerts où la fête était totale, ça dansait dans les allées de l’Olympia, dans celles du Zénith et du Bataclan. J’avais déjà fait un portrait du groupe il y a cinq ans, mais pour leur retraite l’occasion était trop belle pour que j’en remette une petite couche sur ce grand groupe. Pas besoin de refaire un inventaire de leurs plus grands titres, qui n’a jamais entendu «La jument de Michao» ou «Les prisons de Nantes». J’aurais aussi pu parler d’un de leurs 16 albums studio, un des 6 live ou encore une des 16 compilations qu’ils ont sortis, mais parler d’un album, ce ne serait pas leur rendre hommage et cela aurait été trop réducteur.

J.Chocun
Jean Chocun, Jean-Louis Jossic et Jean-Paul Corbineau, les nantais totalisent à eux trois 212 ans pour ne pas donner leurs âges individuellement, mais ils ont largement dépassé l’âge légal de la retraite. Quand on cite les trois principaux protagonistes, il ne faut pas oublier ceux qui étaient avec eux sur scène comme le batteur Gérard Goron qui avant de rejoindre le groupe en 1977 jouait avec Gilles Servat et en plus, il joue du mandoloncelle. Jean-Luc Chevalier connu pour avoir été pendant sept ans et sept albums, le guitariste de Magma et qui arrivera au sein de Tri Yann en 1988. Leurs trois complices pour cette dernière tournée étaient  Konan Mevel musicien multi-instrumentiste traditionnel qui a aussi collaboré avec Alan Stivell et est aussi réalisateur et photographe, le claviériste Fred Bourgeois et le violoniste Christophe Peloil. Mais c'est toute une flopée de musiciens qui passeront par les trois Jean de Nantes comme Bernard Baudrillier, Louis-Marie  Séveno et Christophe le Helley pour ne citer que cela.

Cinquante années de scène, de studio et de tournées à travers la France et les pays limitrophes et des albums qui resteront dans les mémoires comme leur premier «Tri Yann an Naoned» (1972), «La découverte ou l’ignorance» (1976), «Urba» (1978), «Le vaisseau de Pierre» (1988), «Portraits» (1995) pour faire une petite sélection. Dans les lives, qui sont aussi nombreux «Anniverscène» (1985) pour les 15 ans du groupe et pour la version du «Le capitaine de Saint-Malo» chanté à capela et «Tri Yann en concert» (1996) pour l’inédit «Les 90 maçons».

Même si Tri Yann reste un groupe festif sur scène avec une mise en scène très animée, ils ont beaucoup contribué au combat pour la réhabilitation de Guillaume Seznec. Dans l’album «Portrait» (1995) la jaquette du CD représente Guillaume Seznec et un disque de 30 minutes retrace les principaux points de l’affaire et c'est pendant leur tournée de 1996 que j’ai pu applaudir son petit fils Denis Seznec. Il montera sur scène pour lire la lettre que son grand père écrira à sa femme avant son départ au bagne (L’Adieu), se fût un grand moment d’émotion dans la salle comme si le temps était comme suspendu aux lèvres de Denis Seznec. Mais les trois bretons savaient aussi jouer sur la corde sensible avec d’autres titres comme «Le soleil est noir», «La découverte ou l’ignorance», «Le Dauphin», «La ballade du cheval de Mallet» ou «Divent an dour» plus connu pour les gens par son interprétation par Renaud «La Ballade Nord Irlandaise».

Mais tout a une fin et en février 2019 Tri Yann annonce qu’il fêtera ses 50 ans de scène en 2020 et qu’il décide de mettre un terme à ses tournées avec un ultime concert le 28 mars 2020 à Nantes. Mais le groupe n’a pas l’intention d’arrêter pour autant son activité, il prévoit d’enregistrer un album cette année et de continuer d'enregistrer plus tard de nouveaux titres.

Pour ceux qui ne les auraient jamais vus sur scène, dépêchez-vous ! Courez dès que vous verrez une affiche «Tri Yann en concert»  Il ne vous reste que peu de temps avant d’avoir du regret. Alors «La découverte ou l’ignorance» ? Chez ces gens-là, monsieur, on ne triche pas !




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