mardi 29 octobre 2019

LE ROCK MADE IN JAPAN - par Pat Slade



Pour nous les occidentaux le rock japonais est une image difficilement imaginable et le concept de riffs saturés de guitares et de batteries furieuses ne peut pas exister, et pourtant… !



日本へようこそ(Bienvenue au Japon)




Le Japon est très à la mode depuis quelques années et, que ce soit sur Facebook ou YouTube, on ne peut pas tomber sur un youtubeur qui ne va parler de l’empire du soleil levant. J’entends déjà des esprits chafouins s’exprimer avec des calembours de deuxième catégorie et de l’humour de bas étage : «Le Japon c’est nippon ni mauvais», «Avec une telle chronique, il va se faire saké», «Tu te fais mener à la baguette», «Ça va être complètement débridé !»…etc. Ah je riz ! Bon ! Ça sushis comme ça… heu pardon… ça suffit comme ça !  

La musique au Japon n’a pas besoin d’importation, elle produit tout ce qu’elle veut. 87 % des recettes de la musique au Japon proviennent de la production locale. En occident, la musique japonaise est surtout connue pour les génériques de mangas ou de drama et la J-Pop. Donc les japonais n’ont pas besoin de musique étrangère. Dans notre microcosme, nous voyons encore la musique japonaise comme celle des geishas, des samouraïs et du théâtre Kabuki, de la musique d’un temps maintenant révolu. Des musiques étrangement alambiquées composées d’instruments tout aussi bizarree comme le Shamisen ou le Kokyū. Mais depuis, les guitares électriques ont parcouru les continents même si ils avaient déjà chez eux Ibanez et Yamaha.

AKB48
L’image de la musique rock japonaise est ce que l’on en pense, le marché est dominé par des artistes locaux, des starlettes fabriquées sur mesure pour un public juvénile. Des groupes de nymphettes comme AKB48 (48 étant le nombre de membres dans le groupe) ou Mini Moni pour n’en citer que deux sur la monstrueuse quantité de groupes qui existe sur le marché. Ils monopolisent les palmarès et vendent des CD par millions. Le mouvement de la J-Pop n’est pas un mouvement récent, l’exploitation commerciale des boys ou girls band remonte aux années 60-70 et cela n’empêchait pas les japonais d’apprécier Sylvie Vartan, Françoise Hardy, Gainsbourg, Adamo, Brel Et Aznavour et du coté rock, les Beatles, les Stones, Bowie ou Dylan. Et plus tard dans la mythique salle du Budokan ils pourront applaudir Cheap Trick, Led Zeppelin, Queen, Kiss, Tina Turner et Dream Theater.

Versailles
Mais le rock au Japon c’est quoi ? Et est ce que cela existe ? Bien sûr que le rock existe au Japon et beaucoup de groupes traînent aux quatre coins de la planète pour faire connaître une musique qui est loin d’être inintéressante. Tout les goûts sont représentés, que ce soit un métal bien propre ou un alternatif qui arrache. Certain groupes n’ont rien à envier à ce que l’on peut entendre par chez nous. Les looks sont particuliers, de l’androgyne matinée rock star avec le groupe L'Arc-en-ciel qui comme beaucoup de groupe font du visual kei littéralement : style visuel ou visual rock, un concept japonais caractérisé par le port de maquillage et de vêtements élaborés toujours couplés à cette esthétisme androgyne. Le premier groupe que j’entendrai en live sera Ninjaman Japan à la Japan Expo à Villepinte en 2013 et je serais un peut déçu de ce premier abord dans le domaine. Mais  en grattant la couche un peu plus profondément, on tombe sur des groupes comme Jupiter et surtout Versailles qui avec son speed power métal symphonique qui rappel Nightwish par certaines de leurs compositions, ses guitaristes schredders et surtout un look rococo typique de l’époque de Louis XIV du  mouvement visual kei. Mais il fallait bien qu’il  y ait un précurseur et ce sera avec X Japan et son J-rock heavy métal que tout commencera. Mais le nombre de groupes étant tellement vaste que je ne ferai que les survoler.

Baby Métal avec Rob Halford (Judas Priest)
Guitar Wolf
Dans un autre genre on trouvera toujours le rock Kawaï (mignon) avec ses adolescentes prépubères comme Baby Métal, un groupe de J-pop et heavy métal qui cartonne aussi bien en Europe et au Etats-Unis, mais ça reste toujours du visual kei. Avec la twee pop un sous genre de rock alternatif joué principalement par les groupes de cuddlecore, un mouvement ayant émergé de la twee pop presque toujours représentée par des groupes féminins comme le trio Shonen Knife ou Scandal. Mais les mecs ne sont pas en reste, One Ok Rock avec un mélange de J-pop, d’alternatif, de rock fusion et de power pop. Avec Dir En Grey, on tombe dans le métal gothique et un death métal que Marylin Manson pourrait mettre à son répertoire. Pratiquement tous les groupes jouent un rock sévèrement burné, et il est difficile d’en trouver un qui ne vomisse pas des décibels à la pelle. Heureusement il y en a quand même comme Glay qui batifole avec la pop, le ska ou du R&B, idem avec Orange Range et sa J-pop qui dérape quelque fois sur du rap. Et puis on retombe dans des groupes plus durs comme Guitar Wolf ; bardé de cuir noir, ils tiendraient la pige aux Cramps et aux Ramones. Tous les groupes cités ci-dessus sont très jeunes, il faut écouter Southern All Stars pour trouver des musiciens qui ont dépassé les soixante ans et qui avec leur pop bien propre avait été élu groupe n°1 de j-pop de tous les temps (Plus de 45 millions d’albums vendus dans le monde quand même !)

Après ce petit aperçu du rock japonais (Qui est très vaste !), je dois avouer que j’ai été séduit par certains groupes qui amènent un petit je ne sais quoi, des choses inconnues chez nous qui apportent une touche d’exotisme et de frais dans notre vision du rock. Le visual kei est intéressant, Kiss aurait pu être un groupe Japonais de visual kei, avec Gene Simmons et son maquillage de démon proche du guerrier Hannya Kabuki. Après le Japon, je prendrai le train pour le Bhoutan chercher les groupes de rock existant et ce sera drôle puisqu’il y en a des Bhoutan train !




9 commentaires:

  1. Dans le genre inspiration de ton visual key, t'avais Tokyo Blade au début des années 80, groupe anglais de NWOBHM, leurs 2 premiers albums (2 chanteurs différents) sont excellents, gavés d'énergie et de compos inspirées, avec 2 guitaristes qui pouvaient rivaliser avec Glen Tipton et K K Downing de Judas Priest

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  2. Tout a fait ! Mais il n'y a que le nom qui rappel le Japon, je voulais parler que des groupes japonais et de toutes ses différentes variantes.

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  3. Heu...les visuels des pochettes aussi quand même...

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  4. Comme celle de Dokken, Beast from the East, live de 88 je crois, une tuerie!

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  5. Parmi les institutions du Japon, il y a Loudness qui cumule plus d'une vingtaine albums, dont le premier date de l'an 1981. Dans les 80's, le groupe avait réussi à se faire une place en Europe et en Amérique où il finit par s'installer quelques temps ; pour sa période (lucrative) glam-métôl. Toujours en activité, et plus Metal que jamais, avec un dernier disque en 2014. Le chant est en japonais à l'exception de quelques disques des années 80 en Anglais (dont certains en double version).

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  6. Mon fils est en plein dans la K-pop, la pop coréenne. Il a vu BTS et Got7 en concert, j'entends parler aussi de Black Pink... Si t'aventure tu veux faire un second article...

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    1. J'ai déjà pas mal ramer avec le Japon...alors avec la Corée se sera la noyade assurée !

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  7. ramer… noyade!!!! ramer,noyade,n'y aurait il pas un jeu de mots ,quelque part?

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