mercredi 4 septembre 2019

Derrick DOVE & The Peacekeepers (2018), by Bruno


 

      Derrick Dove & The Peacekeepers
... Qu'est-ce que c'est que ça, encore ? Absolument aucun rapport avec une marque de savon ou avec un inspecteur allemand au charisme d'une huître. Et les Peacekeepers ? ... Et puis la pochette ... Il est confiant le gars, peur de rien.
Et pourtant, ce premier et éponyme album fait partie des belles surprises de l'année précédente.


     Généralement simplement estampillé Blues-rock, un peu comme Marcus King , alors que tout comme ce dernier, sa musique va au-delà en brisant des frontières où s'engouffrent un Southern-rock racé et tempéré et une Soul sudiste nimbée de parfums bucoliques. C'est préservé de toutes grosses guitares voraces et tapageuses. Ainsi, ce Derrick Dove et ses Peacekeepers peut se placer en tant qu'héritier de groupes tels que Potliquor, de Wet Willie (des débuts), avec un petit quelque chose que l'on pourrait attribuer à Bob Seger, ainsi que le Tedeschi Trucks Band. Du Southern-rock bluesy et bien assaisonné de Soul.


     Derrick Dove ouvre l'album par un "Ramblin' Soul" plein d'entrain et de bonne humeur ; c'est un peu la rencontre du mordant et de l'engouement d'un Bob Seger d'antan avec la Soul telle que la conçoit Warren Haynes ("Soul in Motion").
   Alors que "So Strong", blues-rock moite en mid-tempo, traîne derrière lui un spleen comme un forçat son boulet au bout d'une lourde chaîne.

   "Woke Up this Morning" s'articule sur un riff basique et binaire, entrecoupé par de courts mouvements honky-tonk. Un morceau qui cultive le chaud et le froid.

   Alors pendant les deux tiers de son temps "Brand New Life" se présente comme une ballade crépusculaire à l'odeur d'espoirs perdus, de profonds regrets, un peu dans le style d'un Chris Réa ; dans la dernière partie - pile au moment où l'on commence à trouver le temps long - Derrick lâche les chiens et s'engouffre dans un Heavy-rock puissant et poisseux.


   Après ce final pour le moins électrisant, "Hangin' Out With the Blues" prend carrément la direction opposée en débranchant les amplis. Cette pièce se présente comme un témoin de la profondeur que peut prendre Derrick Dove. Seulement accompagné de sa folk et de quelques accords de piano, D.D. chante carrément sans aucun soutien, dévoilant alors une fragilité que ne laissait pas deviner les précédentes pièces, nettement plus viriles.


   Dove se plait à alterner les ambiances, à passer d'un instant plus ou moins roots, voire relativement acoustique, à des choses plus directes et cossues. Un peu comme s'il était un grand romantique incapable de se passer des plaisirs simples qui offre une bonne grosse guitare qui rugit dans un bon ampli à lampes.
   Ainsi, si "What's Real" est un retour à un Heavy-rock - dans la mouvance des premiers Gov't Mule - immédiatement après, c'est une complainte avec "Hurricane Of Love" ; un beau slow-blues, sentimental, coincé entre la patte d'un Snowy White et d'un Gary Moore. Et ensuite ... Blues-rock funky de feu, trépidant et énergique. Un "Georgia Boundenlevé - aucun rapport avec la chanson de Blind Blake - apte à stimuler les plus anémiques.

     Pour conclure leur premier essai, le collectif amorce doucement un retour au calme en commençant par "Dig My Grave" ; un sombre slow-blues, un chouia andante, décor d'un solitaire méditant sur son sort, bercé par le clapotis de la pluie. Là encore, la référence à Snowy White remonte à la surface.
Puis, final avec un instrumental de six minutes, avec Yonrico Scott (déjà présent sur "Georgia Bound"), l'ex-batteur de Derek Trucks et du Royal Southern Brotherhood.



     Du début à la fin, ce premier essai fait preuve d'une surprenante maturité, qui serait logiquement plus le résultat d'un groupe forgé par des années de tournées et ayant déjà à son actif quelques disques. Cependant, D.D. a commencé son apprentissage à douze ans, en intégrant la formation du paternel ("Dangerous" Don Dove). Et à quinze, il s'émancipe en créant son propre groupe. A vingt-et-un, il prend la route pour se produire dans tout le pays (il a effectué le lever de rideau de Blackberry Smoke et de Randy Randolph).


     Derrick Dove & The Peacekeepers fait partie de cette étonnante floraison de groupes de Southern-rock qui, s'ils ont bien appris de leurs aînés, des précurseurs jusqu'aux revenants des années 90, ne s'enferment pas dans la nostalgie et regardent droit devant eux, imprégnant leur musique autant de Soul que de Heavy-rock épais. Hors des médias courants, on découvre encore aux USA des artistes, des musiciens, qui ne sont pas englués dans une industrie du divertissement dispenseur d'une musique dorénavant standardisée.  




P.S. :  Issu de Tifton, une petite ville de quinze mille habitants de Georgie, Derrick Dove donne l'image d'une personne ayant la simplicité et la générosité naturelles que l'on retrouve plus facilement en des lieux pas encore étouffés par le bitume et le béton, où le vert n'est pas encore annihilé par les engrais chimiques de leur immoral leader national (la ville comporte un lycée agricole et un musée de l'Agriculture), et où la cité n'est pas défigurée et déshumanisée par de blafards immeubles uniformes à l'allure de blockhaus. Étonnante petite ville où les arbres sont préservés, principalement constituée de petites maison en bois, aux commerces et habitations dépourvus de clôtures.




🎼🎶♬⚐

2 commentaires:

  1. oui, belle surprise que ce gros ours, en plus d'être attachant, fait de la bonne zique et est pour moi, une chouette découverte ! merci Bruno !

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    1. Le plaisir de partager les découvertes. Merci Phil

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