Daniel BALAVOINE "Les aventures de Simon et Günther" (1977) - par Pat Slade

La première fois que j’ai vu Daniel Balavoine «en vrai», c’était en 1977 à l’ancienne gare de la Bastille à une exposition sur le modélisme ferroviaire et ce jour la, la télévision enregistrait l’émission « Un sur cinq ».

SIMON ET GÜNTHER LE DEUXIÈME ALBUM

«Un sur cinq» Une émission que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, elle passait le mercredi après midi et était présentée par Patrice Laffont et aussi toute une flopée de jeunes animateurs qui plus tard se feront un nom dans l’audiovisuel comme Laurent Broomhead, Allain Bougrain-Dubourg et les frères Bogdanoff. Philippe Manœuvre y fera aussi sa première apparition. Il y avait aussi des présentateurs plus aguerris comme Freddy Hausser et François Jouffa. Un mercredi après midi donc, alors que je parcourais les allées de l’ancienne gare de la Bastille, je suis tombé sur des caméras et un gars que je n’avais jamais vu ni entendu de ma vie et qui chantait en play-back un titre de son dernier album «Lady Marlène» et la voix du jeune homme et le style de ses compositions accrochèrent mes jeunes oreilles qui à l’époque étaient encore bercé aux arpèges de Mozart et de Berlioz. Daniel Balavoine avait déjà un passé musical derrière lui, avec le groupe présence qui sortira en quarante cinq tours. Il partira ensuite sur une carrière solo avec un enregistrement d’un second quarante cinq tours. La même année il sera engagé dans l’opéra rock «La Révolution Française» et sera choriste au sein de l’orchestre de Patrick Juvet. Séduit par sa voix, la maison Barclay lui fera signer un contrat pour trois albums. En mars 1975, il sort son premier album «De vous en passant par moi» qui connaît un échec commercial en ne dépassant pas les dix mille exemplaires vendus.

D.Balavoine et C.Ferry

Rue BERNAUER

A l’époque, il était en couple avec la chanteuse Catherine Ferry qui finira seconde du concours de l’Eurovision en 1976 derrière les anglais de Brotherhood of Man, Daniel Balavoine faisait partie de ses choristes. Ils vont partir tous les deux quatre jours en Pologne et le chanteur sera heurté par le climat politique ambiant : «Dans les grands magasins, j'ai vu des rayons avec mille fois la même paire de gants ou le même imperméable... ça m'a remué le cœur, je me sentais mal, j'ai eu envie de gueuler…». De la il va imaginer un concept album autour du mur de Berlin.

«Les aventures de Simon et Gunther…» L’histoire de deux frères, Simon né en 1933 et qui habite Berlin Est et Günther en 1941 et qui habite Berlin ouest. Ils vont se donner rendez-vous rue Bernauer le 13 août 1961. Ils seront refouler chacun de leurs coté par des militaires. Pourquoi ? Parce que le 13 août 1961 rue Bernauer commencera la construction du mur de Berlin. L’album s’ouvre sur un instrumental rythmé «Correspondance». Simon et Günther vont entamer une correspondance tout en planifiant un plan d’évasion. «La porte est close (13 août 1961)» le rendez-vous manqué. Pratiquement tous les titres suivant simule la lecture de ces courriers échangés par les des deux garçons «La réponse», «Mon pauvre Günther». Balavoine va ouvrir une parenthèse dans cette histoire avec «Lise Altmann», un aparté de la sombre histoire de France : «Deux messieurs en manteau long, au volant d’une traction, sont venus pour emmener notre professeur de français»   

«Les aventures de Simon et Günther…Stein» est une chanson qui résume toute la vie des deux garçons depuis leur naissance, il est étonnant qu’il soit placé au début de la face B et nom sur la A. «Lady Marlène» le jour de l’évasion où, en essayant de passer, Simon se fera tuer. Le seul titre qui sortira en 45 tour et qui bénéficiera de nombreux passages à la radio et à la TV, remportant par la même occasion un beau succès d’estime. On peut supposer que Günther sera blessé en allant aider son frère «Lettre à Marie» mais rien n’est certain. Günther vit à présent de la musique et a reconstruit sa vie : «On vivra dans la musique et entre le mur et l’oubli». «Ma musique et mon patois» Dans cette chanson Daniel Balavoine prend la défense du rock en français. 

Le concept de l’histoire est bon, les paroles intelligentes et la musique tient bien la route. Alors pourquoi avec seulement 20.000 exemplaires vendus l’album n’a pas répondu aux attentes du public ? Toutefois, les critiques seront favorables (Même dans Rock & Folk, c’est peu dire !) et il permettra quand même à Daniel Balavoine de se faire remarquer. La suite ? Il faudra attendre une année avec un album qui le fera connaître du grand public «Le chanteur», après c’est la légende !