Un
petit nouveau dans le grand monde du polar, Ian Manook, dont la quatrième de couv' on nous dit qu’il
est journaliste, publicitaire, éditeur, scénariste de bd (ébéniste et ferronnier pendant que vous y êtes ?) et romancier. De
son vrai nom Patrick Manoukian. Comment trouve-t-il sa place parmi tous les autres
auteurs de polars ? En inscrivant ses intrigues en Mongolie, à
Oulan-Bator. Dont il n’est pas originaire, puisque né à Meudon !
YERULDELGGER,
du nom de son héros commissaire de police, donne dans le gros polar touffu,
avec intrigues retorses, mais que l’on suit aisément. C’est suffisamment bien
foutu pour être lu rapidement, malgré les 650 pages. Il s’y passe beaucoup de
choses, un peu trop d’ailleurs à mon goût. Tout est un peu too much, à l’image
du personnage Yeruldelgger. Dans le genre flic désabusé, cynique, à qui tout
les malheurs du monde sont tombés sur la gueule. Sa fillette enlevée,
assassinée, sa deuxième fille Saraa qui fait la pute chez les nazillons dans
des barres d’immeubles de banlieues (qu’elle soit fâchée avec son père on l’aura
compris, mais tout de même, la tartine est bien beurrée !), une femme
morte de chagrin… N’en jetez plus. Yeruldelgger est une boule de colère et de
violence, mais on apprendra qu’il a été élevé par des moines, qui lui
ont inculqué sagesse et art du combat.
Et
cela va grandement lui servir, parce qu’il entame deux enquêtes difficiles
avec ses collègues l’inspectrice Oyun et la légiste Solongo, avec qui il
entretient une liaison platonique. Et un gavroche des banlieues, Gantulga (un
peu pénible le gamin).
Les enquêtes ? D’abord le cadavre d’une fillette retrouvée enterrée dans la steppe mongole, encore accrochée à son tricycle rose. Ensuite trois chinois émasculés dans une usine. Puis deux putes pendues et tondues dans un container. Bon appétit. L’auteur ne lésine pas sur les détails sordides et l’hémoglobine. Ce qui est intéressant, et qui fait l’originalité du bouquin, ce sont ces deux univers, urbain et rural. D’un côté la ville, quartiers défavorisés, les égouts où l’on apprend qu’y vivent des milliers de gens sans toit, et d’un autre les grandes étendues naturelles, les ranchs, les forêts de mélèzes. On donne autant dans les poursuites en bagnoles qu’à cheval.
Les enquêtes ? D’abord le cadavre d’une fillette retrouvée enterrée dans la steppe mongole, encore accrochée à son tricycle rose. Ensuite trois chinois émasculés dans une usine. Puis deux putes pendues et tondues dans un container. Bon appétit. L’auteur ne lésine pas sur les détails sordides et l’hémoglobine. Ce qui est intéressant, et qui fait l’originalité du bouquin, ce sont ces deux univers, urbain et rural. D’un côté la ville, quartiers défavorisés, les égouts où l’on apprend qu’y vivent des milliers de gens sans toit, et d’un autre les grandes étendues naturelles, les ranchs, les forêts de mélèzes. On donne autant dans les poursuites en bagnoles qu’à cheval.
Ian
Manook décrit un Oulan-Bator gangréné par la corruption, encore coloré de la domination soviétique, l'impérialisme chinois, ces relents de nationalisme. On en a ras la gueule
de flics et de fonctionnaires pourris. Yeruldelgger qui fait fi des
avertissements de sa hiérarchie, se voit retirer ses dossiers les uns après les
autres quand il commence à entrevoir ce qui se trame derrière les meurtres, qui
n’ont rien de crapuleux, mais sont le corolaire de vastes entreprises
industrialo-financières, dans lesquelles trainent diplomates chinois et coréens
avides de rallye en quad et de petites mongoles pré-pubères.
L’aspect
purement policier est bien négocié, enquête minutieuse, indices, témoignages, analyses,
l’auteur sait faire monter la sauce. S’y rattache toute une description des us
et coutumes mongoles, spiritualité, chamanisme (les nerguii), du bon usage des
yourtes (comment s’y annoncer, y pénétrer) - perso je préfère le yourte Danone nature avec un peu de sucre - comme quelques bonnes recettes
locales, raviolis de moutons, thé au beurre salé, la loutre farcie ayant
visiblement les faveurs de tout le monde. Et puis comme il faut bien des méchants,
des salauds, on va vous en donner : Adolf (sic !) chef d’un
groupuscule nazi, le Tatoué, brute épaisse chargée des basses œuvres, jusqu’à
Erdenbat, la grosse huile du coin, qui règne sur ses terres et tient tout le pays
à sa poigne. Sauf Yeruldelgger. Qui échappe à tous les attentats possibles pour
poursuivre sa mission de purification des esprits corrompus. Je vous l’ai dit,
c’est un peu too much, Yeruldelgger voit sans cesse « des ombres passer »
comme s’il avait don de double vue, la manchette plus efficace que Jean Claude
van Damme, il se bat même contre des ours !
C’est
plutôt pas mal écrit, un peu longuet tout de même sur la fin qui n’en finit pas
de rebondir, l’auteur aurait pu élaguer cent pages, mais dans le genre héros
increvable ça se pose-là. L’intrigue est riche en évènements, rebondissements, on
découvre des paysages et une civilisation qui nous changent du tout-venant. Un
bon bouquin pour l’été, si on n’est pas trop regardant. Depuis d’autres épisodes sont sortis (grand prix SNCF, RATP, EDF, que des littéraires) faudrait pas qu’il nous en ponde tous les ans non plus,
ça risque de devenir lassant, mais pour un
premier essai, c’est pas mal.
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