samedi 3 août 2019

BACH – Concerto pour violon et hautbois BWV 1060 – H. HOLLIGER & G. KREMER (1984) – par Claude Toon




Heinz Holliger
Premier samedi du mois d'août ! On court après les valoches, on cherche les clés de la bagnole, le chat s'est planqué sous le bahut du séjour pour échapper au panier… Et en juin, en commençant ce futur billet, je ne sais pas si dans six semaines il tombera des cordes pour finir de noircir le tableau 😄 ! Je suis monstrueux.
Quant à ceux qui sont déjà de retour, ils ont le spleen. Tout ça pour justifier ma plus courte chronique historique et le choix d'un délicieux et relaxant concerto de notre ami Jean-Sébastien Bach. Je sais que le baroque fait toujours recette chez mes lectrices et lecteurs…
Le concerto pour hautbois et violon à deux jumeaux (ce qui fait des triplés…). Une version pour deux claviers et une autre pour violons moins connue, en réalité un second violon prend la place du hautbois, la notation étant très similaire pour les deux instruments. Le beau et méditatif mouvement lent est assez célèbre, car étant une mine d'or pour le cinoche ou les publicitaires. Et puis, ce petit papier et cette vidéo You Tube permettent d'aller à la rencontre de l'un des hautboïstes les plus talentueux de notre temps qui vient de fêter ses 80 ans, Heinz Holliger.
- Non Sonia, ce monsieur n'a pas inventé le ketchup (vraiment nulle cette vanne…)
On s'accorde à penser que la version violon-hautbois est la première composée entre 1717 et 1723. Le manuscrit original est perdu comme souvent pour les œuvres de cette époque. La version pour deux clavecins est plus tardive, entre 1735 et 1740.
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Gidon Kremer
La grande profondeur émotionnelle des concertos de Bach, pourtant ouvrages de divertissement et de virtuosité, n'est pas un scoop. Une musique qui sied aussi bien aux orchestres qui jouent sur instruments d'époque que ceux de tradition plus moderne, ici l'Academy of St Martin in the field, orchestre de légende fondé par Neville Mariner. L'investissement expressif des instrumentistes prime comme toujours avant le style sonore ; d'où mon choix pour deux grands artistes, le hautboïste Heinz Holliger et le violoniste Gidon Kremer, tous les deux en grande complicité avec l'orchestre anglais en formation chambriste.
Nous avons déjà écouté le violoniste letton Gidon Kremer dans son interprétation de référence du concerto pour violon de Philip Glass, donc pour sa biographie (Clic).
Heinz Holliger additionne les compétences : hautboïste de renommée mondiale, pianiste, chef d'orchestre et compositeur. Pour l'exécution de ce concerto de Bach, c'est lui qui dirige l'orchestre british. Né à Berne en 1939, c'est pourtant au Conservatoire de Paris qu'il suivra une formation avec des pédagogues réputés : Pierre Pierlot pour le hautbois, Pierre Boulez pour la composition et Yvonne Lefébure pour le piano… Excusez du peu ! Sa virtuosité et l'élégance exceptionnelles de son jeu l'amènent à créer des ouvrages modernes pour les compositeurs contemporains les plus en vue : Berio, Carter, Ferneyhough, Ligeti, Lutoslawski, Messiaen, Penderecki, Takemitsu. En tant que chef d'orchestre, il s'est passionné pour un compositeur français trop effacé : Charles Koechlin dont il a enregistré de nombreuses œuvres.
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Le concerto pour violon et hautbois comporte trois mouvements. Les solistes sont accompagnés par un orchestre à cordes comportant une basse continue comme il est d'usage à l'époque baroque.

1 – Allegro : L'ouverture propose bille en tête une thématique brillante et ludique. À noter les "petits" cris du hautbois puis du violon comme si chacun voulait s'emparer du discours. Pas de commentaire, le chant du hautbois de Holliger est absolument séraphique et le jeu sans hédonisme de Kremer lui offre le plus chatoyant écho possible.
2 – Adagio : [04:50] Un mouvement typique de Bach dans ce que le compositeur pouvait produire de plus génial, à rapprocher de l'aria de la 3ème suite, cette osmose magique entre la tendresse et le mysticisme. Les deux artistes respectent avec grâce la notation Cantabile qu'aurait pu indiquer le compositeur.
3 – Allegro : [10:10] Un final chorégraphique et plein d'allant, une ritournelle construite sur un air de bourrée, la danse étant omniprésente dans la musique orchestrale de Bach, c'est bien connu. (Partition)
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Nota : le disque présenté en tête est une réédition parue le 29 juin 2019.



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