mardi 20 août 2019

LE TELEPHONE ET LA MUSIQUE - par Pat Slade



Il y a longtemps que je n’avais pas fait une petite thématique. Après le train, le métro, Paris, la bicyclette, l’accordéon, 14-18 et même sur "rien" (Et ce n’est pas si simple que de ne parler de rien !), aujourd’hui ce sera sur un objet que nous nous servons tous au moins une fois par jour. Le téléphone, un objet qui relit les hommes…et surtout les femmes entre elle !!!


«Allô ? Non mais allô quoi !» 




Graham Bell Monsieur téléphone
Si Graham Bell sortait de sa tombe et voyait comment son invention sera sortie du contexte dans laquelle il l’avait destinée, il s’arracherait les poils de sa barbe blanche. Le téléphone qui fût créé pour une meilleure communication entre les hommes est devenu tout sauf un moyen de communication au sens proprement dit. On joue, on fait des selfis (Qui en Indonésien veut dire égoïste), des vidéos, on peut mettre un tas d’applications, aller sur youtube, facebook, sur sa boîte mail… mais sa première destination est de pouvoir joindre quelqu’un en cas de besoin. Ah… ! Où sont nos téléphones d’antan avec son «22 à Asnières» ?? Et quand tu sais qu’il fût quand même créé par un homme qui était professeur de diction et spécialiste de l’élocution pour les sourds et muets. Le téléphone de maintenant ne lui rend pas hommage. Mais je sais ce que vous allez me dire : «Mais il faut que le monde avance avec son temps et on ne peut pas rester à l’âge de pierre» Mais à notre époque où le téléphone s’enfile…pardon ! Sans fil, je trouve que nous avons perdu le sens de la communication ! Mais bon ! A mon niveau, je ne pourrais pas refaire le monde ni changer les mentalités.

Polaire
Graham Bell déposera le brevet du téléphone en février 1876. Téléphone qui apparaîtra en France en 1878. Mais il faudra attendre qu’il se développe sur le territoire. La chanson s’empare vite du phénomène et, en 1916, un acteur français du nom de Louis Boucot chantera «J’ai le téléphone», un morceau digne des cabarets de Montmartre : «Je vais vous apprendre une grande nouvelle, ayant quelques sous, j’mai mis dans mes bois, puis avec un bon de chez Dufayel j’ai fait installer le téléphone chez moi...». Les magasins Dufayel était un genre de Samaritaine avant l’heure et se trouvaient au Boulevard Barbès jusqu’à sa fermeture en 1930. En 1917, l’actrice et chanteuse Polaire qui est citée dans le Livre Guinness des records comme codétentrice avec une anglaise, de celui de la taille la plus fine (33 cm) chantera «Allô Chérie». 

Les compositeurs de musique classique se serviront aussi de cette nouvelle invention, le compositeur Suisse Arthur Honegger, qui avait déjà composé pour le train avec «Pacific 231» et le sport «Rugby», intégrera en 1930 dans son opérette «Les aventures du roi Pausole» une pièce intitulée : «Duo du téléphone». S’il revenait maintenant, il écrirait sûrement «Conversation pour SMS». Francis Poulenc connu pour son «Sabat Mater» et le «Dialogues des carmélites», composera en 1958 un numéro avec «Allô chéri, si on coupe»  dans «La voix humaine» de Jean Cocteau.

Le Bigophone
Jean Sablon, le Bing Crosby des années 30-40 enregistrera «Le duo du téléphone» en 1930. Bien plus tard en 1957, Juliette Gréco nous prouvera que la rive gauche n’était pas aux abonnés absents avec «La complainte du téléphone». Avant de continuer mon petit laïus, je voudrais préciser une chose, le téléphone fût affublé de plusieurs surnoms argotiques comme : le bigorneau, le grelot ou le ronfleur, mais il est souvent surnommé bigophone qui à la base était un instrument de musique inventé au XIXème siècle par un français Romain François Bigot, mais ce n’est qu’une simple corne en carton qui sert d’amplificateur ou est adapté un kazoo à l’embouchure. En 1961 le jeune Jean-Philippe Smet plus connu sous le nom de Johnny Hallyday sort «Si tu me téléphones». Et puis, en 1967, l’incontournable «Le Téléfon» par Nino Ferrer qui se vendra à plus de 100.000 exemplaires, et pour l’époque c’était énorme.  Plus tard en 1974 le groupe de Serge Koolen et de la chanteuse Jöelle Mogensen Il était une fois chantent «Téléphone» suivi par Claude François qui, la même année, va nous tanner le cuir et nous emboucaner les oreilles avec son «Le téléphone pleure». Un morceau inspiré d’un titre américain de 1975 «Téléphone call» où l’on pouvait entendre la chanteuse country Tammy Wynette et sa fille. Elle fera le tour du monde sous plusieurs déclinaisons, Claude François écrira lui-même la version espagnole «Llora el téléphono» et anglaise «Tears on the téléphone». Et même Franck Sinatra la reprendra avec Nikka Costa. La chanson va se promener en Italie et jusqu’au Brésil. Encore un coup gagnant pour monsieur 220 volts.

Les anciens punks des Stinky Toys Eli et Jacno avec leur pop aseptisée et minimaliste vont pondre «Le téléphone», pas besoin de si arrêter plus longtemps ! William Sheller fait la grasse matinée et demande à son interlocuteur «Téléphone pas trop tôt»  En attendant dans «La vierge au dodge 51» Hubert Félix Thiéfaine s’amuse : «Puis je décroche le téléphone et je regarde les postières par le trou de l'écouteur…». Évidemment, je ne pouvais pas passer à coté du groupe Téléphone, personnellement, je n’ai jamais aimé Téléphone en général et Jean-Louis Aubert en particulier, le seul qui sortait du lot à mon goût était Louis Bertignac. En 1977, ils sortent leur premier album avec le titre «Hygiaphone», un bon rock bien ficelé, depuis Téléphone est aux abonnés absents ! En 1979, Michel Jonasz composera le très beau titre «Les lignes Téléphoniques» et sur son album «…Caviar pour les autres» Jacques Higelin ayant tendance à se sentir seul ne demandera qu’une chose, «Rappelle-moi». Et pour finir avec le téléphone en France (Ce
Téléphone
n’est qu’un survol, il y a sûrement encore une tonne de titres sur le sujet
), le cas Mylène Farmer qui en 2008 sortira «Appelle mon numéro» qui se classera n°1 d’entré et restera neuf mois classé au top singles, un morceau accompagné d’un clip qui sera, comme disent les japonais, Kawaï (mignon).
Mais le mystère Farmer c’est le titre le plus énigmatique de toute sa carrière «Bip be bou rock’n’roll» titre parfois suivi de la mention «L’amour au téléphone». Un morceau qui aurait du, selon Mylène, sortir en 1985 et qui en 2019 est toujours bien enfermé dans les coffres de RCA.  

Évidemment il n’y a pas que dans le pays aux 258 variétés de fromage (Selon Charles de Gaulle) que l’on parlera du téléphone. Bon ! Je n’ai pas fait des recherches approfondies sur son historique dans le pays du chewing-gum et de la marmelade (Et encore moins dans celui de la vodka !), mais je vais en citer une brassée. Le titre le plus ancien que j’ai pu trouver est «Papa’s at the téléphone» un chant populaire américain de 1898 d’un certain Chas.D.Bingham. Les Beatles en 1970 et «You know my name (Look up the number)», Abba fera en 1973 «Ring ring», Electric Light Orchestra et «Téléphone Line» en 1976. La même année le groupe pop de courte durée The Nerves chantera «Hanging on the téléphone» qui plus tard sera repris par Def Leppard. Le groupe Nazareth et son hard rock fera «Rock’N’Roll Telephone», en 1984 Stevie Wonder et son «I just called say I love you» fera un carton au Bilboard. Maroon 5 en 2012 fera «Payphone», Lady Gaga écrira «Téléphone» et Beyoncé chantera «Vidéo Phone» sans oublier le hit de Carly Rae Jepsen «Cal Me Maybe». Mais n’oublions pas le groupe Blondie en 1980 avec la belle Debbie Harry qui avec «Call Me» s’accrochera au hit du monde entier. Mais la mode du téléphone est passée et le portable l’a emporté et un des seuls titres que j’ai trouvé est de Zêdess un chanteur du Burkina Faso «Prisonnier du Portable» et je trouve que pour conclure cette thématique, c’est de circonstance quand on voit malheureusement que tout le monde à le nez plongé dans son smartphone quelque soit l’endroit où il se trouve et il perd la réalité des choses qui l’entourent.

Il y a sûrement d’autres morceaux sur le sujet qui est très vaste et cette chronique aurait fini aussi épaisse qu’un annuaire téléphonique de Paris.




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