Sonia regarde
par-dessus l’épaule de Nema qui est en train d’écrire la chronique :
- Encore une
histoire de mines ? Des mines de terres
rares ? Avec des grosses machines toutes pourries qui creusent et qui
détruisent la planète ?
- Mais non
Sonia, ne monte pas sur tes grands chevaux d’écologiste à deux balles ! C’est
un roman italien, plein de rebondissements, il n’y a qu’une petite allusion à
ces terres rares… d’ailleurs il y a peut-être un autre sens à donner à ces
terres, des territoires plus imaginaires que tes fameuses mines ? À découvrir
en lisant ce palpitant bouquin.
Sandro Veronesi |
Pietro Paladini a 51
ans, est veuf, installé à Rome depuis la mort de sa femme Lara,
père d’une grande adolescente de 18 ans, Claudia,
et plus ou moins en couple avec une jolie femme un peu marginale qu’il appelle D. elle-même mère de deux petits garçons, Kevin et Eden.
Pietro a également un frère Carlo, exilé en Amérique Latine et une
belle sœur Marta, la sœur de sa femme Lara. Et aussi une belle-mère. Mais ça, on
le découvre surtout à la fin de l’histoire. Bref, c’est italien donc la famille
c’est très important.
Quelle histoire ! Je vous préviens, ce récit à la
première personne est très mouvementé. Toutefois, le chapitre 10 n’est pas à la
première personne, mais est comme une sorte de grande parenthèse, l’histoire du
traumatisme de Marco Tardiolo, suite à
l’abandon par sa fiancée (qui conduit à des embarras plutôt… emmerdants au sens
propre, si on peut dire, parce que vous verrez c’est plutôt pas propre du
tout). Un chapitre de transition pour la suite du récit.
Audi Q3 Advanced |
De retour à son bureau, Pietro
reprend petit à petit pied dans le monde civilisé (à savoir là où il y a
possibilité de téléphoner). Mais un évènement grave et survenu : la
perquisition des locaux de la Super Car. A partir de là, descente dans le monde
terrifiant des magouilles à plus ou moins grande échelle. Lello,
qui a disparu, permet à Pietro
de comprendre petit à petit les activités de la Super Car (grâce à la magie d’internet et des recoins des
messageries quand on laisse les messages dans les brouillons…). C’est
profondément horrible. Pietro
s’enfuit. Au passage, je vous signale qu’il aura récupérer l’Audi,
un vrai personnage dans cette histoire, une bonne grosse présence amicale et
sur laquelle notre héros peut compter.
Il s’enfuit à Milan, ville où il a habité du temps de
son mariage avec Lara. Il espère y retrouver Claudia, sa fille. En effet, en cette
période de circonstances négatives pour ce pauvre Pietro,
elle vient justement de fuguer de Rome pour aller chez sa tante à Milan. Grâce
à son ancienne secrétaire, Pietro
aura l’appui d’une avocate haute en couleur mais très efficace et pourra ainsi
y voir un peu plus clair concernant son implication dans les magouilles de la Super Car. Plus clair certes mais quand même pas totalement.
Sans tout dévoiler de ses aventures et de ses
réflexions, sachez que Pietro
sera de nouveau au contact avec son frère Carlo,
puis avec sa belle-mère. Qu’il comprendra beaucoup de choses sur sa famille.
Qu’il découvrira en Suisse auprès de sa belle-mère, une histoire de terres
rares en Amérique Latine. Il aura aussi un moment d’intenses émotions avec sa
fille Claudia, adolescente avec
encore des larmes d’enfant mais déjà dotée de cette subtile beauté de la femme
qui pointe le bout de son nez derrière les mèches de cheveux rebelles.
Ce roman foisonnant de personnages et de situations
rocambolesques, nous donne à travers les monologues de Pietro
des temps de réflexion sur les relations entre membres d’une même famille et la
difficulté à comprendre l’autre et finalement à se comprendre soi-même.
Né en 1959
à Florence, Sandro Veronesi fait tout
d’abord des études d’architecte puis devient écrivain. Un certain nombre de ses
romans ont été adaptés au cinéma dont Chaos calme
(prix Fémina étranger en 2008, porté
à l’écran en Italie en 2011 par Antonello
Grimaldi, avec Nanni Moretti sous le titre Caos calmo).
À noter que dans Chaos calme, on découvre Pietro Paladini au tournant majeur de sa
vie, au moment de la mort de Lara.
Si vous voulez donner un visage à Pietro,
allez voir la bande annonce de ce film et imaginez-le environ 10 ans plus tard…
Très rythmé, agréable à lire, évidemment très italien
(regard de l’homme italien sur les femmes, leur beauté, leurs secrets, leur
malice… mais aussi, l’Italie des « combinazione », Rome et ses quartiers de
banlieue, et Milan la fière avec ses immeubles cossus).
Bonne lecture
et bon voyage !
Editeur Grasset
476 pages (le Livre de Poche)
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