La psychiatrie et son image
négative voire inquiétante... Tout est résumé dans ce livre que j’ai lu une bonne dizaine de fois
et qui me fait toujours froid dans le dos. Certes cinquante ans ont passé, mais dans les années 60-70, nous n'étions en principe plus à la préhistoire de la discipline et des horreurs dénoncées avec effroi en 1932 par Albert Londres dans son grand reportage "Chez les fous" !
Les fous ne sont toujours pas ceux que l’on croit !
L’image
de la folie, nous la connaissons dans les images de BD avec un personnage et un
entonnoir sur la tête, dans la cellule capitonnée on empêtrè dans la camisole de force ; ou encore dans
le film «Vol
au dessus
d’un nid de coucou» avec la terrible scène de lobotomie de Nicholson. Il y a eu aussi «Shock Corridor» de Samuel Fuller
en 1963 qui était plus prêt de la
réalité.
La folie
n’est pas ce que l’on croit et Jean-Maurice Cervetto, un jeune homme bien sous tous les rapports, va faire connaissance du système psychiatrique
sans n’avoir rien demandé. Dans ce livre de 250 pages, nous allons plonger
dans l’horreur d’un asile psychiatrique, un livre-témoignage qui peut nous
faire voir que quelques fois les «fous»* ne sont pas toujours du coté que l’on
croit et que quelques fois, ils sont
encore en liberté.
(*) Pour la simplicité de la chronique, n'abusons pas de termes médicaux complexes et peut-être inappropriés.
(*) Pour la simplicité de la chronique, n'abusons pas de termes médicaux complexes et peut-être inappropriés.
Nous
sommes à la fin d'un hiver des années 60, Jean-Maurice Cervetto, jeune homme de 20 ans est transféré de la prison où il vient de purger une
peine de neuf mois pour un hôpital, mais pour l’instant nous sommes encore dans
le vague pour sa destination finale. Pourquoi à 20 ans on se retrouve en
prison ? Pour une raison toute conne (N’ayons
pas peur des mots !), il a "volé" une motopompe à son père ! Un tas
de ferraille qui servait à tirer de l’eau d’un puits qu’il revendra à un
garagiste pour cent cinquante francs. Il n’y a pas de vol entre un père et un
fils, article 380 du code pénal. Mais son père influençable et vieillissant
sera manipulé par ses jardiniers «Un
couple diabolique…» comme il le dit lui-même. Faux certificat de
vente, faux témoignage, police, juge d’instruction, prison, rien de plus
simple. Et tout ça pour essayer de s’emparer de la fortune de son père. Résumons, un coup monté comme dans un mauvais polar !
Sans
avocat, il crie son innocence. Les grèves de la faim et les hurlements n’ont
été que de bons prétextes pour que les matons exercent leur brutalité. Sa mère
a bien soupçonné la combine, mais toute seule elle est incapable de le faire
échapper aux rouages de la justice. Un médecin l’a examiné et le voila donc en
route pour une destination inconnue. Une fois arrivé au pavillon des
admissions, on l’ordonnera de se mettre nu et on lui donnera des espadrilles
et un vieux pyjama qui dans un autre temps a du être bleu. Un infirmier le
conduit dans sa chambre avec pour tout mobilier : un lit scellé au sol, une
table scellée dans un mur et un tabouret scellé au ciment. Février 1968 : la descente aux enfers va
commencer pour Jean-Maurice Cervetto. Il rencontre toute une faune hétéroclite
plus ou moins «folle» (On ne dit jamais le mot fou dans le domaine
psychiatrique, mais «malades»). Je ne raconterai pas tous les doutes, les
espoirs et les émotions par lesquels il va passer. Entre les gardiens
sadiques, les neuroleptiques qui vont l’ensuqué, il croisera la route d’un homme,
un bon dieu en enfer, qui l’aidera dans sa renaissance. Antoine
était un ancien curé condamné à mort dans son pays (Espagne) pour des raisons politiques et la seule issue avait été de se
mêler aux "fous". Et cet homme d’Église l’aidera à remonter la pente. Au lieu de vivre dans
l’oisiveté, Jean-Maurice rentrera dans l’atelier
de reliure de l’hôpital, ce qui l’aidera à sortir de sa torpeur et de l’emprise
des médicaments.
Puis
en juin 1971, il est transféré vers
un hôpital libre ou la liberté ne sera pas encore au bout du tunnel. Il se
retrouve avec ces patients que les maladies mentales ont métamorphosé en caricatures d’être humain ; la peur d'être victimes de ces pathologies nous conduit à les surnommer "les débiles profonds". Il n'y restera que sept mois, mais pendant ce court séjour, l’inhumanité reprendra ses
droits les plus abjectes. Il n’est pas facile par des mots de donner une image
d’un tel lieu et de ses autochtones, l’auteur l’a fait mieux que moi et je ne veux
ni spoiler ou recopier le livre. Il rencontrera l’amour entre les quatre murs
de l’hôpital et en janvier 1972 l’heure
de la délivrance sonnera. Le plus dur pour lui sera de se réinsérer dans une
société où quand tu as le mot «fou»
tatoué sur le front, les portes se ferment plus qu’elles ne s’ouvrent.
J’espère
vous avoir donné envie de lire ce livre qui malgré son âge doit toujours être,
je pense, d’actualité. Le système psychiatrique a-t-il beaucoup évolué en un
siècle hormis la camisole chimique qui a remplacé celle de force et les
cellules capitonnées ? C'est très inégal d'un hopîtal à un autre d'après le Toon qui a soutenu des proches confrontés au milieu. Les psychotropes à la louche, ben oui, parfois... Des privations de télé comme pour des gosses de quatre ans en cas d'agitation, incroyable mais vrai... Mais aussi des médecins et infirmières désemparés mais d'une grande patience et soucieux humanité aussi...
J'ai lu ce livre que j'ai devore en 3 jours je m'etonne que l'histoire ne soit pas plus connue et qu'il n'y ait pas eu un film.
RépondreSupprimerJ'ai connu Jean-Louis en 1973 à Agen. À l'époque j'étais dans les assurances à Moissac. Je l'ai perdu de vue mais je pense bien souvent à lui, à sa femme et à ce qui lui est arrivé. Je vis moi-même une situation hors du commun. J'ai essayé de contacter celui qui (un journaliste de Nice) a aidé à écrire ce livre malheureusement il est décédé Jean Maurice si tu lis mon poste contacte-moi. https://enzojack.blogspot.com/2022/08/le-pouvoir-illimite-du-juge-aux.html?m=1
RépondreSupprimerBonjour cela fait près de 30 ans que Jean Maurice est décédé à Agen.
RépondreSupprimerMouais. Possible que ce soit une horrible erreur, quelque chose d'injustement dégueulasse. Dans les années 1970, il y avait eu cette histoire d'une famille de nobles désargentés victimes de la conspiration d'une bande de méchants bouseux et de notaires véreux. Ils avaient été assiégés dans leur manoir et le fils avait été descendu par les flics. Mais il y a aussi l'affaire Ranucci, dont on m'a bassiné toute mon enfance, et qui n'était en fait qu'une vaste daube de propagande pour servir le programme de Mitterrand et Badinter. J'ai cru 30 ans sur parole à l'histoire l'innocence de Ranucci fabriquée par les médias anti-Giscard (et pro-Mitterrand) avec ZERO preuve à décharge, tandis qu'en face, les inspecteurs et le juge d'instruction en avait tellement que sa culpabilité ne faisait aucun doute. Ranucci était un vulgaire meutrier pédophile. Il n'a eu que ce qu'il méritait. Là, concernant Cervetto, je me réserve avant de porter un jugement, car il y a deux versions bien distinctes...
RépondreSupprimerComment osez-vous ah oui en anonyme bien sûr
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