La première de couverture me laisse rêveur. Mais
que vient faire ce piaf en cours de momification sur un lit de feuillage déjà
momifié !? Cela dit, la vraie "offrande" imaginée par le duo Preston-Child
ne serait peut-être pas vraiment très alléchante ni vendeuse sur la couverture…
Les deux compères ne sont pas des inconnus du blog. C'est l'été, la période des
polars mystérieux à savourer sous le parasol… Quand on aime certains auteurs,
et bien on partage ses coups de "cœur", sans jeu de mots ; là, il faudra que j'explique…
Retour de l'inspecteur Pendergast, le richissime agent du FBI, grand, distingué, précieux
et hypercultivé, sapé comme un croque-mort soucieux d'être impeccable.
Originalité dans le roman de cette année, aucune dimension surnaturelle dans
cette intrigue policière très classique, a priori. Juste un petit rappel au
départ à propos de Constance Green, sa
pupille âgée de 150 ans qui en paraît 25 (fruit parfait d'un savant fou – un personnage
récurrent de ces auteurs – un aïeul de Pendergast,
à lire dans le
Cabinet des curiosités paru en 2003 je crois). La donzelle n'intervient
pas dans cette histoire, elle élève des plantes carnivores dans un terrarium…
Chacun ses trucs 😊. (Index Livres)
Je cause, je cause… Isabelle Guerrero qui se fait appeler Iris promène Mirza (Twinkle),
son pékinois, dans un cimetière de Floride. Une petite visite à feu Francis, son mari mort trois ans plus tôt.
Ah les toutous ingérables ! (indisciplinés, pas destinés à un repas chinois*) !
Twinkle s'échappe et récupère un
objet rougeâtre sur une tombe voisine dans ce lotissement mortuaire (**) et
part batifoler en secouant son trophée avec autant d'énergie que le chien de Rockin'
avec ses jouets. Iris rattrape son
clebs et hiiiiiiiiiiiii comme aurait hurlé Sonia, elle s'aperçoit que son toutou
chéri déguste un cœur humain récemment posé avec un petit mot sur la tombe. L'ancienne
épouse de Francis le boucher (son métier, pas un surnom de mafieux) a déjà fait sa petite autopsie perso et tombe dans les pommes
en pensant juste que Twinkle sera
privé de gâteaux aux figues…
Le Directeur adjoint du FBI Walter Pickett (Pas Skinner) ne supporte plus Pendergast et ses méthodes hors protocole : enquêtes en solo, le
"nombre
anormalement élevé de suspects qui décèdent lors des investigations",
les frais annexes… En un mot, il le charge de cette affaire de cœur (qui ne
sera pas une romance) mais AVEC un partenaire du nom de Coldmoon, un agent expérimenté. Scène typique de l'ironie des
auteurs : Pickett reçoit Pendergast dans un sauna, 80° de
chaleur humide, mais Pendergast
garde son manteau et ne transpire même pas. Un mutant ce type, tout droit
surgit de X-men. Pickett affranchit Aloysius (prénom de Pendergast). La victime, ex propriétaire du cœur, encore non
identifiée habitait Miami. La locataire de la tombe, Élise Baxter, s'était suicidée par pendaison dix ans auparavant lors
d'un voyage dans le Maine.
Deux États différents Floride vs Maine, c'est donc bien du ressort du
FBI. Pendergast rechigne à propos
d'un coéquipier, aimant travailler seul, mais là, il a le couteau sous la gorge…
Excellente transition, la victime a justement été égorgée net avant d'être dépossédée de
son cœur… Ah, détail important, sur la tombe, il y avait une Lettre à Élise (rien à voir avec Beethoven), un
mot poétique d'excuse "J’espère que vous accepterez ce présent en signe de
sincères condoléances…", avec une précision : l'acte était inévitable ! Une forme d'expiation de la part du tueur que les policiers puis la presse
vont surnommer Cœur-brisé. Plus
glauque, le billet précise que d'autres femmes qui essayent de reposer en paix
attendent elles aussi leurs "présents", ce qui sous-entend une course folle après la
matière première cardiaque ! Ça craint pour la population féminine.
Inutile d'être devin pour comprendre que Preston et Child
nous lancent dans la traque d'un tueur en série. Ça sera le cas : d'autres
victimes, toujours des femmes entre vingt et trente ans n'ayant aucune attache
entre-elles, et des tombes hébergeant des suicidées par pendaison dans la même
tranche d'âge. Comme Dana Scully
dans la série X-files qui devait évaluer la pertinence du travail de Fox Mulder,
Coldmoon doit à la fois participer à
l'enquête, mais aussi "espionner" Pendergast
et faire son rapport quotidien à Walter Pickett.
Originalité du récit, comme sa jolie collègue rousse de la génération
précédente, Coldmoon n'a pas
l'intention de jouer à ce jeu malsain avec zèle, ambition de carrière ou pas, c'est un type droit.
Christopher Walken - Pendergast |
Preston & Child se
concentrent donc sur l'intrigue tortueuse et originale. Aucun écart vers des
dérives sadiques ou sexuelles sordides à la mode chez Thilliez ou Grangé, ou les affres sentimentales des
protagonistes dont on se fiche éperdument. On voyage vers le Maine, mais les
auteurs nous font surtout visiter la Floride, État connu pour ses plages
surchauffées sur lesquelles s'entassent les retraité(e)s pleins aux as, moins
pour ses quartiers déshérités, ses plantations et ses marécages. Marécages
peuplés d'alligators à l'appétit féroce, dans lesquels aura lieu un final apocalyptique.
Nota : Pendergast aime son confort
et le luxe, il est descendu au palace Fontainebleau. Il est juste contrarié d'avoir du troquer sa Rolls pour une simple Mustang.
Un bon bouquin assez concis avec une histoire solide, un
peu de nouveau dans la mythologie Pendergast
qui a même maintenant sa page Wikipédia. La raideur glacée de l'acteur Christopher
Walken dans certains rôles aurait inspiré le look du personnage de Pendergast dit-on…
(*) Désolé,
pas pu résister à ce calembour farfelu offert sur un plateau par sens 1 et sens 2 du mot ingérable dans mon dico favoris.
(**) Mais où vais-je
chercher ça ?
Bonne lecture
!
352 pages – disponible en e-book
Archipel (15 mai 2019)
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