samedi 20 juillet 2019

MOZART – Sérénade "Haffner" K 250 (1776) – Ton KOOPMAN (1988) – par Claude Toon



- Sympa cette musique festive M'sieur Claude… Je parie un café que c'est du Mozart…
- Gagné Sonia, une grande sérénade composée pour animer le mariage de Mlle Haffner, la fille d'un ami, un évènement genre Gala ou Closer de 1776…
- Elle en a eu de la chance cette jeune fille… Si un jour je convole, je préférerai le genre guinguette, l'accordéon, des disques de Yvette Horner…
- Ah Ah, vous avez un prétendant, sans indiscrétion bien entendu…
- Bof pas vraiment, morne en ce moment… En plus Nema ne veut jamais aller guincher en boîte pour faire des rencontres…
- Profitez de vos vacances pour dénicher un clone de Brad Pitt sur la plage… Un petit gars mignon et sympa de votre âge, j'offrirai le gâteau de noces…
- C'est sympa M'sieur Claude… Connaissant M'sieur Luc, il cassera son cochon pour mon bouquet de mariée en plastique made in china hihihi hihihi hihihi hihihi

Mozart à 20 ans
La sérénade écoutée aujourd'hui est originale. Très curieusement, s'étirant sur une heure environ, voilà l'œuvre orchestrale la plus longue écrite par Mozart ! La symphonie N°36 dure à peine 40 minutes à condition de faire absolument toutes les reprises (HarnoncourtClic), la majorité des symphonies de la maturité ne dépasse pas la demi-heure.
Plus pittoresque encore est l'anecdote entourant sa composition. Il s'agit d'une commande à un jeune compositeur déjà célèbre bien qu'âgé de vingt ans. Une commande pour animer… un mariage ! L'ancien bourgmestre de Salzbourg Sigmund Haffner (d'où le sous-titre de la sérénade) marie sa fille Marie Elisabeth à son fiancé le chevalier Franz Xaver Spaeth le 21 juillet 1776. J'espère qu'il faisait beau 😎. Petit détail important, Sigmund Haffner est un ami du jeune Mozart.
Il y en a qui ne se refuse rien pour égayer la noce. Quand j'ai ouvert le bal de ma grande fille en 2014, nous avons dansé sur une valse extraite de Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Une musique de Yann Tiersen, 2'15. Chacun ses ambitions. Une super B.O. Quant aux musiques d'jeunes binaires qui ont suivi, franchement je zappe, même si pour se trémousser d'un pied sur l'autre, ça fait l’affaire…
Mozart devait vraiment adorer cette famille (voire la promise) pour écrire ce qui se révélera son œuvre la plus ambitieuse de 1776 et pas uniquement par sa durée exceptionnelle dans ce genre. Dans les huit mouvements, Wolfgang fait appel pour la composition à toutes ses connaissances, déjà nombreuses et pointues, en termes de fantaisie et d'innovation.
Même l'orchestration est très riche par rapport aux pièces pour orchestre qu'il a déjà écrites. On ne retrouvera un tel effectif que dans les symphonies ou concertos plus tardifs :
1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors en ré, 2 trompettes en ré, 1 violon soliste (mouvements 2, 3 et 4) et les cordes. (La clarinette n'est pas encore d'un usage fréquent à l'époque, sinon…) Et puis pas de timbales un jour de noces par goût de la légèreté.(Mais dans l'intro et par-ci, par-là, Ton Koopman décide d'en ajouter pour corser l'affaire)
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Sigmund Haffner
D'écriture habile, la sérénade paraît pourtant un peu longuette, je vous l'avoue. Je l'ai entendue en concert il y a une dizaine d'années. Le chef avait eu l'idée géniale pour éviter un risque de monotonie d'intercaler un air de concert chanté par une soprano tous les deux mouvements. Un bon souvenir, d'autant qu'il s'agissait d'un concert estival sous les étoiles dans la cour carrée style renaissance du château de Clermont en Haute-Savoie.
Avant de donner quelques précisons sur ce que nous allons écouter sans se prendre la tête, un mot sur l'interprétation.
Les enregistrements de la sérénade sont assez nombreux, tant par des orchestres modernes (Saint Martin in the Fields) ou des ensembles jouant sur des instruments anciens et donc familiarisés avec les timbres et le style hérités de l'époque baroque. J'ai choisi un bel orchestre de cette catégorie, l'Amsterdam Baroque Orchestra dirigé par Ton Koopman, un chef néerlandais à la direction souvent jubilatoire déjà rencontré plusieurs fois dans le blog. Voir sa biographie dans l'article consacrée à la symphonie N°44 de Joseph Haydn (Clic). Petite surprise, Ton Koopman, a pris des libertés avec la partition, il a ajouté un jeu de timbales !
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Donc, huit mouvements :
1. Allegro maestoso - Allegro molto (0:00) :
5. Menuetto galante (32:25) :
2. Andante (9:45) :
6. Andante (37:50) :
3. Menuetto (19:29) :
7. Menuetto (46:29) :
4. Rondo: Allegro (23:12) :
8. Adagio - Allegro assai (51:41) :

L'esprit galant domine la sérénade. Les grandes œuvres de musique dite classique partagent un point commun avec les films. On sait dès les dix premières minutes si on va se faire ch**r ou au contraire passer un bon moment. Par sa fougue, Ton Koopman nous promet la solution 2. Le premier mouvement est vraiment animé avec de brillants passages concertants. Tous les instruments sont présents dans l'espace sonore. Waouh, un mariage princier (à noter que l'allegro est noté maestoso, exit la musique de salon mièvre) les cuivres donnent de la voix. L'andante avec son sensuel solo de violon nous laisse présager une nuit de noce pleine de tendresse (j'espère que… enfin bref). Stop, je ne ferai que me répéter. Une interprétation d'une élégance, d'une luminosité et d'une verve exceptionnelles. Bonne écoute…
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