mercredi 24 juillet 2019

LYKANTROPI "Spirituosa" (2019), by Bruno



     Après un premier opus intéressant mais en demi teinte, parfois un peu hésitant dans sa démarche, LYKANTROPI semble avoir trouvé ses marques. La formation confirme et approfondit son affiliation à un revival d'une scène millésimée 68-72. Un univers musical effervescent portant essentiellement sur cinq années - mais débordant avec plus ou moins de bonheur au-delà - qui paraît renaître à travers une pléiade de jeunes musiciens enthousiastes, possédés par une ferveur non feinte et dépourvue de marketing.


     Lykantropi
 est une formation Suédoise, de Karlstad (le port le plus au Nord du lac Värnem), portée par la voix éthérée et paresseuse de My Sohlin (aussi orthographié Shaolin) et la guitare mesurée et réservée de Martin Östlund, également fondateur du groupe.

Si la direction n'a guère changé depuis leur premier opus éponyme de 2017, leur musique s'est discrètement étoffée grâce à l'insertion de La Öberg. Elle qui n'était précédemment qu'une invitée, est devenue une entité à part entière du collectif. Désormais, en plus de sa flûte traversière qui confère à la fois du corps et une certaine beauté éthérée aux morceaux, c'est son joli brin de voix qui assiste au chant de la petite sœur hippie de Tauriel, My Sohlin. Östlund se mettant dorénavant un peu plus en retrait.
Cette flûte omniprésente et le renforcement des harmonies vocales sort le groupe d'un climat terreux et rugueux, et l'introduit dans un monde imaginaire.

     Rien donc ici qui s'apparenterait à la mise en musique d'une transformation douloureuse et traumatisante d'un homme en loup, dans un déferlement de plaintes, de pleurs, de chairs déchirées et de jets de sang. Rien dans leur musique qui soit agressif, belliqueux ou spécialement mordant. Encore moins dangereux. Au contraire, en dépit de leur patronyme, et en dépit de quelques allusions à un occultisme de salon, Lykantropi invite l'auditeur à les rejoindre dans un monde onirique où cohabitent älvor, älva, artistes, damoiselles diaphanes disparaissant dans les brumes matinales, preux chevaliers en quête de haut-faits, troubadours vantant l'amour courtois, et divers petits peuples de la forêt (huldrefolk). En plus de gentils hommes-loup en harmonie avec la nature (mais sont-ils exceptionnellement végétariens ? Se nourrissant de champignons aux vertus ... thérapeutiques ?).
Le tout dans un climat de sérénité et de douce mélancolie, sous l’œil bienveillant de Freyja. Avec pour décorum le réveil printanier de la nature suédoise ; de Söderasen ou d'Hamra.


   Lykantropi
 
fait donc renaître un Rock immaculé, qui n'a été en aucune manière corrompu par les diktats de l'industrie musicale. Un collectif qui vit dans son monde, sans réellement se soucier des retombées financières, sans jamais chercher à coller à la musique "du moment". A ce titre, la Scandinavie semble être encore une terre d'accueil où toutes les musiques sont respectées et ont encore droit de s'exprimer.


     Pour simplifier, on pourrait estampiller Lykantropi de Rock-progressif ; cependant, nombre de riffs de Martin Östlund semblent directement issus d'un Heavy-rock ; évidemment typé années 70. C'est probant sur "Sunrise" avec son riff bluesy, celui épique de "Wild Flowers", ou encore le Sabbathien "Sällsamma natt". D'ailleurs, assez paradoxalement, la lenteur de certains morceaux amènerait presque le collectif à se rapprocher occasionnellement d'un climat plus sombre propre à Black Sabbath ; celui des débuts, lorsqu'il ne s'était pas encore débarrassé de tous ses oripeaux Blues.(il suffirait juste de rajouter une Sabbra Cadabra de Catalinbread ou une Black Country Cross de Laney, à défaut d'une authentique Range Master customisée).  On peut rajouter que "Darkness" sonne comme un andante de Wishbone Ash.

     Le groupe lui-même se présente comme une formation jouant du High'n low fast'n slow des années 70 ... (?) Du Rock spirituel avec un son expérimental 70's. Sur leur face de bouc, on peut y lire "A des douces harmonies évoquant The Mamas And The Papas sont superposées des guitares électriques et des des flûtes dans une infusion de sorcière". Des critiques mentionnent le Jefferson Airplane, bien que le psychédélisme soit absent, certainement par rapport à la voix claire et limpide, un peu froide, comme une haute cascade (Njupeskär), de My Sohlin.
Cependant, pour la faire courte, ce serait plutôt Fairport Convention qui aurait adopté Tony Iommi pour essayer de réfréner ses sombres penchants, ou simplement Jade Warrior (également adepte de la flûte) qui aurait traversé les âges pour s'accoquiner avec Graveyard ou Siena Root. Un Jade Warrior de la période Vertigo. Ou encore Affinity qui ressuscite et fusionne avec les australiens de Datura4 ( lien).
Evidemment, l'ombre de Jethro Tull plane parfois inévitablement.

    Un groupe rafraîchissant qui s'est créé une bulle temporelle où il perpétue un Rock-progressif exempt de claviers, et largement baigné d'un Heavy-rock aéré.


 
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