Sur cent personnes, combien
connaissent Michèle Bernard ? Si je me lançais dans ce genre de sondage le
constat serait dramatique. Pourtant avec derrière elle 45 ans de carrière et une
collection de prix de l’académie Charles-Cros, elle reste comme certaines, une
grande dame inconnue du public.
Une voix et un piano du
pauvre
Cinquante ans de scène et 10 kilos sur
les épaules. Michèle
Bernard : une voix claire et des textes tendres et révoltés. Une
formation au conservatoire d’Art dramatique de Lyon suivie de plusieurs années
de théâtre dans de différentes compagnies et une connaissance du piano seront
sa formation artistique. Militante soixante-huitarde, elle est étudiante en
lettres au moment des évènements. Elle s’engage dans le mouvement et rejoint un
collectif de musicien. Elle délaisse le piano familial pour l’accordéon :
«un instrument à
claviers qui y ressemblait mais qui me permettait d'aller dans la rue. C'était
assez symbolique».
Elle commence comme accordéoniste ambulante avec d’autres musiciens.
Dans le milieu des années 70, avec la
compagnie de la Satire, elle participe à un spectacle et, à la suite de la
prestation, elle enregistre son premier vinyle «Le
temps des crises. L’histoire de France à travers les chansons». Ce
sera sa première trace discographique. Elle décidera de se lancer dans la
chanson en 1975. Ce sera son amie Anne Sylvestre qui participera au lancement de sa carrière.
La révélation aux yeux du public se fera avec un premier album en 1978 ; ses propres compositions
l’amènent à devenir la révélation-découverte de l’année au Printemps de
Bourges. Daniel Colling le directeur du
festival lui fera enregistrer un album «Le Kiosque» qui recevra le prix
de l’académie Charles-Cros.
Michèle Bernard à la gouaille type de la chanson réaliste, ce qui pourrait
en faire une nouvelle Fréhel (moins l’accent de Ménilmuche). Une
auteure-compositrice engagée, enragée et exaltée. Toujours inspirée, entre
plusieurs mises en scène, elle écrit pour les enfants, elle n’arrête pas de
créer de nouveaux spectacles tout en continuant à enregistrer des albums (15 actuellement à son actif). Et je n’ai
pas parlé de ses participations avec d’autres artistes.
Connue auprès d’une certaine catégorie de gens, la profession (Pas le show-biz qu’elle fuit comme la peste), ne l'a pas oubliée en lui
décernant quatre fois le Prix de l’Académie
Charles-Cros et une fois le Grand Prix de la Musique Jeune Public ADAMI et,
cerise sur le gâteau, certains de ses titres ont été repris par d’autres
chanteurs.
Que ceux qui cherchent le son d’une guitare électrique détournent leur
chemin, «Tout’
Manière»
est à mille lieux de la recette électrique. «Tout’ Manière» : un recueil
de chansons tendres, nostalgiques, avec quelques fois une touche d’humour qui
apporte un peu de ciel bleu. Une jolie voix qui me rappelle un peut celle d’Hélène Gerray (Mais
non je ne suis pas obsédé !!) et certains titres rappelleraient une
certaine Barbara comme «Yvette» sur la solitude d’une
vieille femme face à des technologies qui déshumanisent les rapports humains.
«Peppone et Don Camillo» sur la
disparition des salles paroissiales et communales. «Savon d’Alep (Pavane pour une Syrie
défunte)» tout est dans le titre ! Un pays qui saigne sous les
bombardements. «Je
clique» Ou la manière de se dire que l’on a bonne conscience et de
pouvoir changer les choses en signant des pétitions à la pelle derrière notre
écran. «Madame
Anne» écrit pour Anne Sylvestre
et chanté en duo avec cette dernière. La chanson éponyme «Tout’ Manière»
«Demain on s’ra vieux/Demain on s’ra mort/Serrons-nous
plus fort» Michèle Bernard captive et interpelle par la
poésie, l’engagement et la manière de nous renvoyer le miroir de la vie en
plein visage. Cette interprète de la chanson populaire reste avant tout une
chanteuse de révolte comme avec le bel album de 2004 «L'oiseau noir du champ fauve,
cantate pour Louise Michel». Du désastre actuel, elle en appelle à l’intelligence
d’où les paroles de «Tout’ Manière» :
«Tu
dis qu’un jour le Soleil va rejoindre la Terre et tout exploser. Sûr qu’ça
sentira le roussi quand on grillera comme des fourmis. Plus de Mosquées de
Cathédrales, les Dieux se s’ront fait porter pâles. Tout’ manières.»
Michèle Bernard, un accordéon comme compagnon, une plume comme
porte drapeau, une voix pour chanter.
je ne connaissais pas. merci Pat
RépondreSupprimerC'est pour ça que je voulais en parler, sinon Michèle Bernard serait resté une grande inconnue dans la chanson dite à texte auprès de beaucoup !
Supprimer