lundi 18 mars 2019

MAGGIE de Henry Hobson (2015) - par Z Claude Toon




Maggie et Walde
JE DÉTESTE LES FILMS DE ZOMBIES !!!
Pourquoi avoir regardé ce film étiqueté film de zombies alors ? Et bien parce que ce n'est pas réellement un film de zombies… contrairement à ce que l'on peut lire dans la presse et les sites spécialisés. Opinion personnelle sans doute, mais un zombie doit répondre à mes yeux à une spécification très précise : être un mort en état de décomposition avancée qui revient "à la vie" pour semer la mort et donc faire naître de nouveaux zombies qui eux-mêmes… etc.
Quelques films échappent à mon désintérêt. La nuit des morts vivants de George A. Romero en 1968, film fauché en NB vraiment dégueu pour l'époque, un mini fort Alamo en pleine campagne assiégé par des macchabées surgis des sépulcres à cause du rayonnement d'un satellite ; un film culte qui a engendré une véritable culture du genre. (White zombie de 1932 était plutôt un film sur le vaudou.) Autres films qui m'ont amusé : les suites de La nuit des morts vivants également de Romero, notamment Le Territoire des morts en 2005 et World War Z de Marc Forster en 2013 avec Brad Pitt, un peu débile mais bénéficiant d'un budget pharaonique donc d'effets spéciaux vertigineux dignes d'un péplum… Le reste : des nanars, des films gore ou même des comédies, des séries à 200 épisodes, des jeux vidéo. Pour faire un mot : avec cette surenchère, on bouffe du zombie depuis des lustres, et ce n'est pas bon du tout 😝. J'ai même vu un OVNI titré "les castors zombies", une idée de chronique sous LSD pour une autre fois, un grand moment de nanar peuplé de bimbos en bikini ou… sans. Ah, j'y pense, le flippant Dernier train pour Busan de Sang-ho Yeon, un bon opus sud-coréen avec pléthore de rebondissement.
Donc, spécification d'un zombie façon Toon : un individu mort d'une cause quelconque : mort naturelle, accident, assassinat, maladie infectieuse. (Avec le temps, le décès, le passage par la morgue et le certificat d’inhumation sont devenus parfois superflus, le candidat zombie mute de vivant à mort-vivant directement.) Cela dit, le comportement du zombie reste basique, le zombie plus ou moins putréfié, ressuscité ou mutant, se déplace de son canapé jusqu'à la cuvette des chiottes de son T2 dans un délai d'au moins 20 minutes, en se dandinant d'un pied sur l'autre. Ma phrase est idiote puisque ledit zombie étant mort, il n'a jamais envie de pisser…
Plus souvent, il arpente les rues, l'encéphale hors service, à la recherche d'un vivant-non-mort, pour lui bouffer la cervelle et me "bouffer la tête" en passant. En cause : des scénarios répétitifs jusqu'à l'absurde. Dans certains films, le zombie est plus sportif et surexcité, voire assure des cascades en superhéros. Tiens je pense à Ghost of Mars de Carpenter, très original et pourtant boudé, film "totalement barré" où des ouvriers d'une mine martienne sont devenus des monstres abusant à outrance du piercing tendance dure et s'attaquant farouchement à toute personne "normale" et comestible.

Walde et Caroline
Revenons à Maggie. Une épidémie planétaire fait rage, mais à la manière de la peste noire du moyen-Âge. Un début d'extinction de l'humanité, des villes saccagées, des hostos débordés. Une terrible maladie en trois phases : d'abord deux mois d'incubation après morsure par un malade infecté. Morsure ? Oui, lors du second stade de l'évolution de la maladie,  le patient devient violent, enragé, inconscient de ses actes et attaque ses congénères. Dernier stade : la mort, mais non suivie de la petite ballade dans la rue en titubant ; non, la mort définitive. En résumé, un vague comportement typique de celui des zombies en phase deux, certes, mais c'est la conséquence d'un syndrome répondant à un mixe entre la peste bubonique au ralenti (vu le lent pourrissement de l'épiderme) et la rage. Aucun traitement, pas de vaccin. L'origine ? Le réalisateur évite de broder sur la sempiternelle pseudoscience cinématographique : catastrophe écologique comme dans Contagion, ou virus militaire qui s'est fait la malle… Maggie raconte les derniers temps de connivence entre une adolescente infectée mais courageuse et un père désemparé qui espère un miracle, l'évocation de la fin d'un bonheur filial qui se meurt de manière atroce et inéluctable. Maggie prend la forme d'un mélodrame, pas celle d'un film d'horreur survolté.
Wade Vogel  (Arnold Schwarzenegger) part à la recherche de sa fille Maggie (Abigail Breslin) disparue depuis une quinzaine. Il la retrouve dans un hôpital. La gamine ayant été mordue est donc contaminée mais encore en relative bonne santé physique et mentale. Compréhensif, son médecin l'autorise à rentrer chez-elle pendant l'incubation mais elle devra revenir dès l'apparition des symptômes d'agressivité pour être mise en quarantaine. (Des soins palliatifs ? Pas certain.)
Maggie est orpheline de mère, mais son père Wade a refait sa vie avec Caroline (Joely Richardson) qui, malgré sa tendresse pour sa belle-fille et son dévouement pour la soigner, cherche à protéger ses deux jeunes enfants, Bobby et Molly. La vie reprend entre inquiétude et tension. La maladie va prendre possession inexorablement de Maggie. Quelle décision prendra le père : emmener sa fille en quarantaine pour respecter le loi ? Lui faire une injection létale réputée douloureuse ? Ou mettre fin aux souffrances de sa fille avec une arme le moment venu ? Trois options…

Le film a divisé la critique (légèrement positive) mais a fait un bide total auprès du public malgré la présence de la star ex Terminator, ex Governator, ici en père de famille rongé par l'incertitude. Les amateurs qui attendaient Schwarzi en destructor de zombies en ont été pour leurs frais, d'où cet insuccès de Maggie qui flirte avec la thématique zombie, mais se présente plutôt comme un drame familial. La dimension SF est discrète et le film nous fait surtout assister à l'ultime lutte d'une famille aux côtés d'une jeune mourante pouvant être prise à tout moment de fureur incontrôlée et vorace… Pour Wade, l'avenir se résume à trois choix qui ont un unique point commun, la perte de sa fille chérie. Elle est sympa Maggie, passant même une dernière soirée "feu de camp" avec d'autres camarades ados, déjà malades ou encore sains. Il n'y a jamais de crise d'hystérie dans la petite ferme et les champs des alentours. Des récoltes que l'on brûle en espérant ralentir l'apocalypse, symbole d'une humanité qui va disparaître. Donc un récit vraiment en opposition avec les règles de la guéguerre contre les zombies et assimilés.

Le rythme est lent (un peu trop). On ressent une volonté d''apporter un certain réalisme à cette tragédie et de l'humanité. Du Sheriff censé faire appliquer la quarantaine aux médecins, les hommes baissent les bras et laissent le temps poursuivre son effroyable hécatombe. Ce n'est pas bien filmé de par l'usage répété de la caméra portée qui donne le mal des transports, les cadrages sont approximatifs et les couleurs ternes, un budget maigrichon à l'évidence. Peu de scène d'action hors sujet, juste une échauffourée dans une station-service. Le film s'achèvera sur une quatrième option, un surprenant acte d'amour… Je n'en dis pas plus.
Schwarzi et Abigail Breslin sont convaincants, le colosse qui fit sa gloire avec des biceps d'héroïc-fantasy conjugue virilité et détresse et confirme qu'au sortir d'une carrière erratique, il a toujours sa place sur la toile.
Pas un chef d'œuvre, quelques grosses ficelles de mélo, mais un long métrage atypique qui renouvelle un genre usé jusqu'à la corde et qui peut encore émouvoir un public complice.

Format : couleur — 2,35:1 – 87'




5 commentaires:

  1. Je souscris à ta sélection de films de zombies. Et effectivement, le "Dernier train pour Busan" - sans être un chef-d'oeuvre - est une bonne surprise.

    Cependant, je rajouterai l'excellent "Zombie land" (chroniqué, il me semble, par un collègue), l'hilarant "Shaw of the Dead" avec Simon Pegg, "28 jours plus tard" de Danny Boyle avec Cilian Murphy, et la suite, "28 semaines plus tard" avec Robert Carlyle. Et peut-être aussi "La Horde".
    "Orgueil et Préjugés et Zombies - évidemment, une relecture irrespectueuse d' "Orgueil et Préjugés", n'est pas trop mal, et sort aussi des sentiers battus (même si la fin ...)

    Un genre où il y a énormément de déchets (...) mais néanmoins quelques vrais bons films.

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    1. Merci Bruno pour ces compléments... Ma liste ce limitait aux films qui m'ont séduit :o)
      C'est dingue cette passion pour le Zombie, un vrai sujet de thèse en "Psycho-sociologie"...
      Un soir sur la chaîne Syfy, j'avais jeté un œil à un truc titre "Le requin zombie". Comme le requin est également revenu à la mode à toutes les sauces, les réalisateurs ont dû vouloir faire d'une pierre deux coups. Ça avait l'air trèèèèèès nul... Ah j'ai retrouvé : Zombie Shark.

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    2. j'ajouterai à la liste "Dead snow" avec ses zombis nazis, délirant

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    3. Ouch ! Je n'avais pas osé me frotter à celui-ci. Certainement moins aberrant que l'improbable "Zombie Shark", mais ... tout de même. M'enfin.

      J'ai dû voir 2 ou 3 films (d'un oeil) de Zombies nazis. Un mariage qui a commencé dans les années 70.

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    4. Des requins zombies !! Non, mais, ils n'ont peur de rien. Surtout du ridicule.
      Et le requin politicien ? Comment ? ça existe, et ça prolifère ?

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