mardi 19 mars 2019

FANCHON DAEMERS - Contre la Résignation (2014) par Pat Slade




Fanchon Daemers une rencontre dûe au hasard de l'achat d’un CD. C’est dans la librairie  libertaire Publico que je suis resté en arrêt devant son album et en ai fait l’acquisition.




Fanchon Daemers la révolte jusqu’au bout des ongles






Fanchon Daemers
est une artiste Belge indépendante et je dois avouer qu’avant samedi dernier, je n’avais jamais entendu parler d’elle. Mais comme j’aime les défis et surtout parler de chanteurs et de chanteuses inconnus ou presque, je me lance sur les traces de cette femme pour qui le mot révolte est un credo.

Fanchon Daemers lutte contre l'oppression rampante  de notre monde (pas toujours rampante). Encore un(e) «ovni» qui passe dans le ciel de ces chanteurs (euses) du circuit indépendant et qui laissent toujours une trace après leur passage. Et Fanchon fait partie de cette école de la révolte qui est ancrée au fond d'elle. Chanteuse, musicienne, auteure, compositrice, interprète, elle chante la révolte et l’insoumission. Son répertoire est surtout tourné vers le chant libertaire d’hier et d’aujourd’hui. Paul Vaillant-Couturier, Louise Michel, Zo D’Axa ou, plus proche de nous, Georges Moustaki et surtout Raoul Vaneigem le philosophe situationniste Belge.

«Contre la Résignation chants d’amour et de révolte» est une compilation de chansons insurrectionnelles sur le mode anar des années 1900 ou à la mode de… ! Des chansons qui revendiquent le bonheur de vivre dans un monde bafoué par une minorité avide de pouvoir. La survie des plus démunis qui descendent dans la rue et en appellent à la transformation du monde.

Fanchon Daemers, c’est une chanteuse des barricades, une voix tendre et passionnée qui fait revivre les combats passés et parle des révoltes présentes et futures.

Fanchon joue de deux instruments : de la harpe celtique et de l’orgue de verre (pas sur l’album dont je parle ce jour). L’orgue de verre appelé aussi harmonica de verre épouse le même principe que les verres musicaux. Il est composé de bols de cristal empilés sur un axe horizontal rotatif. Après s’être mouillés les doigts, on frotte les bords des verres qui émettent un son limpide. Inventé par Benjamin Franklin, il fût interdit au début du XVIIIe siècle car ses sons trop limpides faisaient hurler les animaux et provoquaient des accouchements prématurés. On impute également des cas de folie chez ceux qui en jouaient. En réalité, le son n’y était pour rien. Il devait s’agir de cas de saturnisme car son cristal était composé de 24% de plomb. Malgré ça, de nombreux compositeurs composèrent pour cet instrument dont Mozart, Carl Philipp Emanuel Bach et même Richard Strauss m'a dit Claude Toon. Voila pour la page historique ! Mais revenons à Fanchon !

«Contre la résignation, chants d’amour et de révolte»  débute par la «Chanson de la faim» une chanson créée pendant les grèves du Front Populaire en 1936 par les frères Marc qui seront connus plus tard sous les noms de Francis Lemarque et Maurice Marc. Une chanson chantée à cappella et où le coté sombre et lourd de la rengaine dans la voix te rappelle bien que si nos aïeux n’avaient pas été là, notre avenir aurait été moins rose. «Sans la nommer» Une chanson de Georges Moustaki écrite en 1969, tu penses qu’il veut rendre hommage à une femme et tu apprends à la fin de la chanson qu’il s’agit de la Révolution Permanente. Durant les années 70 la chanson sera un symbole des mouvements d’extrême gauche et anarchistes.


«En el pozo MariaLuisa» connu aussi sous le titre «Santa Bàrbara Bendita»  Un chant qui évoque un accident minier dans les Asturies où dix-sept mineurs trouveront la mort. Elle se popularisa dans toute l’Espagne lors de l’insurrection de 1934 qui fut réprimée dans un bain de sang par le général Franco. En 1936 elle devient un symbole de la lutte contre le fascisme. «Y’a trop de tout» des paroles de Paul Vaillant-Couturier l’un des fondateurs du Parti Communiste Français. Une chanson encore d’actualité de nos jours car et en grattant un peu plus on devine une chanson anti-guerre avec un accompagnement musical léger presque guilleret malgré son message grave.

«Which side are you on» Ecrite par Florence Patton fille de mineur aux États-Unis à l’âge de 12 ans. Encore une chanson de lutte des mineurs qui sera aussi un succès dans la bouche de Pete Seeger. «La Makhnovstchina» d’Etienne Roda-Gil, un traditionnel Russe que l’on peut retrouver dans les enregistrements des chœurs de l’armée rouge sous le titre «Le chant des partisans (Par les collines et les plaines)». Moment de frisson garanti avec l’intensité dramatique qui ressort de l’interprétation de Fanchon Daemers.


«La Rengaine des Résignés» Une chanson de révolte récente. En 2012 l’accès de rage devant la passivité tolérée des mafias bancaires et politiques. Écrite par Raoul Vaneigem avec une musique médiévale et traditionnelles française «La fille du Rois Louis». «La vie s’écoule, la vie s’enfuit» une belle chanson encore composée par Raoul Vaneigem pendant le Mouvement des occupations de mai 68. «La chanson du linceul (La goualante des tisserands)» Une chanson issue d’une pièce de théâtre de Gerhart Hauptmann qui, par sa dimension subversive, sera censurée en 1893. «Le temps des crises» écrit par Jules Jouy poète et chansonnier montmartrois en 1886 sur l’air du «Temps des cerises».

«Chant de révolte» le titre résume à lui tout seul le thème de la chanson composée par Sébastien Faure, propagandiste anarchiste et pédagogue libertaire en 1886. «S’affranchir» de Zo d’Axa, un libertaire antimilitariste qui lancera une souscription après l’arrestation de Ravachol pour aider les familles des détenus. Mise en musique par Fanchon Daemers dont la voix est magnifique dans ce morceau triste et nostalgique. Elle est accompagnée par Jacques-Ivan Duchesne et Jean-Pierre Froidebise ; l’ambiance du disque est haute en couleur, le drapeau noir est présent sur beaucoup de plages.

On échappe à ce que l’on entend habituellement sur nos radios périphériques, cela fait du bien de temps en temps. Fanchon Daemers à une jolie voix et est très expressive sur beaucoup de textes, elle chante avec ses tripes. Cette passonaria libertaire de la chanson française est un improbable lien entre Léo Ferré et Colette Magny. A découvrir, à écouter. J’ai découvert, j’ai écouté… j’ai adoré !           

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