Fanchon Daemers une rencontre dûe au
hasard de l'achat d’un CD. C’est dans la librairie libertaire Publico que je suis resté en arrêt
devant son album et en ai fait l’acquisition.
Fanchon Daemers la révolte jusqu’au bout des ongles
Fanchon Daemers est une artiste Belge indépendante et je dois avouer qu’avant samedi dernier, je n’avais jamais entendu parler d’elle. Mais comme j’aime les défis et surtout parler de chanteurs et de chanteuses inconnus ou presque, je me lance sur les traces de cette femme pour qui le mot révolte est un credo.
Fanchon Daemers est une artiste Belge indépendante et je dois avouer qu’avant samedi dernier, je n’avais jamais entendu parler d’elle. Mais comme j’aime les défis et surtout parler de chanteurs et de chanteuses inconnus ou presque, je me lance sur les traces de cette femme pour qui le mot révolte est un credo.
Fanchon Daemers lutte contre l'oppression rampante de notre
monde (pas toujours rampante). Encore un(e) «ovni» qui passe
dans le ciel de ces chanteurs (euses) du circuit indépendant et qui laissent toujours
une trace après leur passage. Et Fanchon fait partie de cette école de la
révolte qui est ancrée au fond d'elle. Chanteuse, musicienne, auteure,
compositrice, interprète, elle chante la révolte et l’insoumission. Son
répertoire est surtout tourné vers le chant libertaire d’hier et d’aujourd’hui.
Paul Vaillant-Couturier, Louise Michel, Zo D’Axa ou, plus
proche de nous, Georges Moustaki et surtout Raoul Vaneigem le philosophe situationniste Belge.
«Contre la
Résignation chants d’amour et de révolte» est une compilation de
chansons insurrectionnelles sur le mode anar des années 1900 ou à la mode de… ! Des chansons qui revendiquent le
bonheur de vivre dans un monde bafoué par une minorité avide de pouvoir. La
survie des plus démunis qui descendent dans la rue et en appellent à la
transformation du monde.
Fanchon Daemers, c’est une chanteuse des
barricades, une voix tendre et passionnée qui fait revivre les combats passés
et parle des révoltes présentes et futures.
Fanchon joue de deux instruments : de la
harpe celtique et de l’orgue de verre (pas
sur l’album dont je parle ce jour).
L’orgue de verre appelé aussi harmonica de verre épouse le même principe que les
verres musicaux. Il est composé de bols de cristal empilés sur un axe horizontal
rotatif. Après s’être mouillés les doigts, on frotte les bords des verres qui émettent
un son limpide. Inventé par Benjamin Franklin,
il fût interdit au début du XVIIIe siècle car ses sons trop limpides faisaient
hurler les animaux et provoquaient des accouchements prématurés. On impute
également des cas de folie chez ceux qui en jouaient. En réalité, le son n’y
était pour rien. Il devait s’agir de cas de saturnisme car son cristal était composé de
24% de plomb. Malgré ça, de nombreux compositeurs composèrent pour cet
instrument dont Mozart, Carl Philipp Emanuel Bach et même Richard Strauss m'a dit Claude Toon. Voila pour la page historique !
Mais revenons à Fanchon !
«Contre la
résignation, chants d’amour et de révolte» débute par la «Chanson de la
faim» une chanson créée pendant les grèves du Front Populaire en 1936 par les frères
Marc qui seront connus plus tard sous les noms de Francis Lemarque et Maurice
Marc. Une chanson chantée à cappella et où le coté sombre et lourd de la
rengaine dans la voix te rappelle bien que si nos aïeux n’avaient
pas été là, notre avenir aurait été moins rose. «Sans la nommer» Une chanson
de Georges Moustaki écrite en 1969, tu penses qu’il veut rendre
hommage à une femme et tu apprends à la fin de la chanson qu’il s’agit de la
Révolution Permanente. Durant les années 70 la chanson sera un symbole des
mouvements d’extrême gauche et anarchistes.
«En el pozo
MariaLuisa» connu aussi sous le titre «Santa Bàrbara Bendita» Un
chant qui évoque un accident minier dans les Asturies où dix-sept mineurs
trouveront la mort. Elle se popularisa dans toute l’Espagne lors de l’insurrection
de 1934 qui fut réprimée dans un
bain de sang par le général Franco. En 1936 elle devient un symbole de la
lutte contre le fascisme. «Y’a trop de tout» des paroles de Paul Vaillant-Couturier l’un des fondateurs du Parti
Communiste Français. Une chanson encore d’actualité de nos jours car et en grattant
un peu plus on devine une chanson anti-guerre avec un accompagnement musical
léger presque guilleret malgré son message grave.
«Which side are
you on» Ecrite par Florence Patton
fille de mineur aux États-Unis à l’âge de 12 ans. Encore une chanson de lutte
des mineurs qui sera aussi un succès dans la bouche de Pete
Seeger. «La
Makhnovstchina» d’Etienne Roda-Gil,
un traditionnel Russe que l’on peut retrouver dans les enregistrements des chœurs de l’armée rouge sous le titre «Le chant des
partisans (Par les collines et les plaines)». Moment de frisson
garanti avec l’intensité dramatique
qui ressort de l’interprétation de Fanchon Daemers.
«La Rengaine des Résignés» Une chanson de révolte récente. En 2012 l’accès de rage devant la passivité tolérée des mafias bancaires et politiques. Écrite par Raoul Vaneigem avec une musique médiévale et traditionnelles française «La fille du Rois Louis». «La vie s’écoule, la vie s’enfuit» une belle chanson encore composée par Raoul Vaneigem pendant le Mouvement des occupations de mai 68. «La chanson du linceul (La goualante des tisserands)» Une chanson issue d’une pièce de théâtre de Gerhart Hauptmann qui, par sa dimension subversive, sera censurée en 1893. «Le temps des crises» écrit par Jules Jouy poète et chansonnier montmartrois en 1886 sur l’air du «Temps des cerises».
«Chant de révolte»
le titre résume à lui tout seul le thème de la chanson composée par Sébastien Faure, propagandiste anarchiste et pédagogue
libertaire en 1886. «S’affranchir»
de Zo d’Axa, un libertaire antimilitariste qui
lancera une souscription après l’arrestation de Ravachol
pour aider les familles des détenus. Mise en musique par Fanchon Daemers dont la voix est
magnifique dans ce morceau triste et nostalgique. Elle est accompagnée par Jacques-Ivan Duchesne et Jean-Pierre
Froidebise ; l’ambiance du disque est haute en couleur, le drapeau noir
est présent sur beaucoup de plages.
On échappe à ce que l’on entend habituellement sur nos radios périphériques, cela fait du bien de temps en temps. Fanchon Daemers à une jolie voix et est très expressive sur beaucoup de textes, elle chante avec ses tripes. Cette passonaria libertaire de la chanson française est un improbable lien entre Léo Ferré et Colette Magny. A découvrir, à écouter. J’ai découvert, j’ai écouté… j’ai adoré !
Page Facebook de Fanchon (Clic)
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