samedi 23 février 2019

PROKOFIEV – Concerto pour piano N°2 (1913/23) – H. GUTIÉRREZ & N. JÄRVI (1990) – par Claude Toon



- Prokofiev aujourd'hui M'sieur Claude… Un concerto pour piano, le 2ème, très difficile à jouer parait-il. Vous confirmez ?
- Oui Sonia, pire que cela si je vous dis que Horowitz, Richter ou Guilels, la crème des virtuoses russes du XXème siècle ne s'y est même pas frottée…
- Waouh, diable ! Vous n'avez pas choisi le disque de votre petite chérie Yuja Wang qui n'en fait qu'une bouchée sur le plan technique d'après les critiques…
- Vous allez me faire passer pour un coquin Sonia, le CD de la belle asiatique est intéressant, mais je vous propose un must d'un pianiste dont je n'ai jamais parlé…
- Oui je lis : Horacio Gutiérrez. Par contre il est accompagné par un chef déjà connu du blog, Neeme Järvi…
- Tss tss Sonia, j'ai parlé seulement de Paavo Järvi deux fois, Paavo qui n'est autre que le fils de Neeme… Maestros de père en fils dans la famille…

Horacio Gutiérrez
Une ébauche de la vie mouvementée de Serge Prokofiev est à lire dans l'article consacré au 3ème concerto pour piano, le plus populaire, sous les doigts de Lang Lang accompagné par Simon Rattle (Clic).
La biographie de Prokofiev peut se résumer en quatre époques bien distinctes. La jeunesse et les débuts de 1891 à 1913, période d'apprentissage d'un jeune russe surdoué fasciné par l'innovation comme son contemporain Stravinsky. Une jeunesse marquée par de nombreux voyages en France. La période des doutes de 1913 à 1918, celle où le jeune homme bien qu'humaniste ne peut guère s'épanouir dans une Russie en guerre et bouleversée par les exactions de la révolution. Puis l'exil de 1918 à 1932, sans le sou, à San Francisco puis en France, notamment à Saint-Brevin les pins. Enfin, dernière étape, le retour vers la mère patrie en 1933, retour d'un compositeur plein d'espoirs qui seront vite déçus car dès 1935 se met en place le stalinisme pur et dur : les purges, la censure et la mise au pas des intellectuels en application du dogme du "réalisme socialiste" ; une terreur d'une vingtaine d'années. J'ai souvent parlé de cette époque d'angoisse pour les artistes attirés par le modernisme taxé de produire de l'art "dégénéré". Période rude de renoncement, de travail sur des œuvres iconoclastes planquées dans les tiroirs en attendant des jours de liberté… que ce soit pour Prokofiev ou Chostakovitch (encore récemment à propos de la 10ème symphonie de ce dernier). Hasard du destin, Prokofiev meurt le même jour que Staline en mars 1953.

Le 2ème concerto date de 1913 et clôt les temps de l'apprentissage pour ce jeune homme brillant qui veut tourner le dos au classicisme académique. Il n'a que 22 ans et il écrit un concerto farouche et novateur qui, lors de la création le 5 septembre 1913, déclenche dans la salle près de Saint-Pétersbourg un scandale comparable à celui réservé au Sacre du printemps de Stravinsky, la même année, au TCE de Paris ! Musicalement, la dislocation de la forme et la partie de piano percussive et diaboliquement difficile heurtent les oreilles d'un public habitué au romantisme d'un Tchaïkovski.
La partition est perdue pendant la révolution, sans doute brûlée pour avoir un peu de chauffage au conservatoire en ces temps de disettes… Une réduction pour piano à quatre mains a survécu, et en 1923, Prokofiev réécrit de mémoire son concerto en apportant quelques améliorations (d'où les deux dates dans le titre de ce papier).
Neeme Järvi
L'œuvre est jouée enfin le 8 mai 1924, avec le compositeur au piano et Serge Koussevitzky au pupitre. Difficile de trouver mieux. Pas un scandale cette fois, mais un accueil plutôt froid… Il faut dire que même Prokofiev avec ses mains et sa stature de géant (l'homme frôlait les deux mètres) doit s'acharner pendant un mois sur sa propre partition pour préparer le concert. L'écriture, en dehors d'être pour le moins audacieuse, nécessite une "force de frappe" et une résistance physique à toute épreuve pour que l'interprétation ne débouche pas sur une cacophonie criarde. Sonia a raison de s'extasier sur la prouesse de Yuja Wang, à l'apparence petite et frêle, qui termine sa performance sans fléchir… Comme je l'ai confié à Sonia, beaucoup de pianistes, et non des moindres comme ceux cités plus haut ou même Martha Argerich ne reculant pourtant devant aucun défi, se "dégonflent", ce qui n'est pas forcément une critique, et, avouons-le, plutôt honnête vis-à-vis du public et du compositeur.  Peu joué de par sa difficulté technique (donc expressive), la première gravure date de 1951 sous les doigts du pianiste cubain Jorge Bolet (Clic). En près de 70 ans, seulement une trentaine de gravures. Certes il y a d'autres œuvres décourageantes pour les doigts comme Gaspard de la nuit de Ravel, mais là, Serge, il a fait vraiment très fort 😃.
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Le pianiste Horacio Gutiérrez est né à la Havane en 1948. Il commence son éducation musicale avec sa mère elle-même professeur de piano renommée. Il se perfectionne très jeune avec César Pérez Sentenat. Dès l'âge de 11 ans, il interprète en concert le concerto n°11 en ré majeur de Haydn, un ouvrage ambitieux, proche par sa difficulté et sa durée de ceux de Mozart. En 1959, la révolution castriste conduit la famille Gutiérrez à s'exiler aux USA. Il bénéficie dans un premier temps des conseils de Vladimir Horowitz puis intègre la Julliard School à 13 ans.
En 1966, il participe aux célèbres "Young People's Concerts", une série d'émissions pédagogiques imaginée par Leonard Bernstein et diffusée à la télévision. Il y interprétera La grande porte de Kiev, pièce redoutablement difficile extraite des Tableaux d'une exposition de Moussorgski. Sa carrière commence réellement en 1970 avec des concerts comme soliste, notamment le très virtuose 3ème concerto de Rachmaninov en complicité avec l'orchestre philharmonique de Los Angeles dirigé à l'époque par Zubin Mehta.
Il alternera par la suite récital et pédagogie. Il est peu connu en Europe du grand public, ce qui peut s'expliquer par des douleurs chroniques du dos qui lui font choisir avec parcimonie ses dates de concert, l'artiste jouant principalement aux USA. De plus, sa discographie est assez maigre, cette intégrale des concertos de Prokofiev en étant la pièce maîtresse.

Prokofiev vers 1913
Âgé de 81 ans, le chef estonien Neeme Järvi sera certainement l'invité d'une chronique destinée à honorer une longue carrière. Le solide maestro au visage bonhomme fait partie comme Karajan, Dorati, Marriner ou Abbado des boulimiques du disque (350 gravures). Élève du sévère et légendaire chef russe Evgueny Mravinsky, il a été directeur de six orchestres de renommée internationale dont celui de Göteborg pendant 22 ans. Il a été récemment, de 2012 à 2016, le patron de l'orchestre de la Suisse romande… Et oui, il est le père de Paavo Järvi, un chef de premier plan, et de Kristjan Järvi, également chef d'orchestre et compositeur. Pour le présent enregistrement, il dirige l'orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam.
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Le concerto ne suit guère les formes classiques. Comme le 2ème de Brahms, il comporte quatre mouvements dont un court scherzo en seconde position. Il est bien difficile de parler de forme sonate, le compositeur semblant céder à une luxuriante improvisation. L'orchestration est assez colorée, annonçant les bouleversements des œuvres similaires de Ravel et Bartók :
2/2/2/2, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, tuba, timbales, grosse caisse, caisse claire, cymbales, tambourin et cordes ; piano.

1 - Andantino - Allegretto : À petit pas de lutin, les clarinettes et les cordes en pizzicati préparent sur deux mesures l'entrée du piano. Malin cette manière d'énoncer le premier thème qui va sillonner le premier mouvement… Un récit très libre et léger s'élance à la main gauche rapidement rejointe par la main droite, un dialogue qui entonne une mélodie poétique empreinte de lyrisme et de nostalgie. Une suite ondulante de triolets dépeint les décors énigmatiques des contes de grand-mères russes. Les cordes par deux fois font souffler une légère brise sur le piano. [0:46] Une petite cadence laisse le piano prolonger seul cette introduction lumineuse. Virtuosité et prise de son aidant, on distingue à merveille les deux mains de Horacio Gutiérrez qui se pourchassent gaiement. Concerto difficile ? Absolument ! Il est instructif, tant par l'écoute que par la lecture de la partition, de constater que les pauses pour le pianiste n'existent guère. Quelques mesures par-ci par-là, exception avant le début de l'allegretto. Utile car une cadence démentielle de cinq minutes attend le soliste, presque la moitié du mouvement ! L'orchestre n'aura jamais "à meubler" comme diraient les méchantes langues. [1:27] Flûte, clarinette puis hautbois se mêlent au chant du piano. Les cordes, élégiaques, nous transportent dans le pathétisme russe, celui d'un Tchaïkovski ou d'un Rachmaninov que Prokofiev admirait. [2:17] Des arpèges vertigineux dans un registre cristallin et féérique ponctuent la fin de l'andantino pour le piano, la conclusion étant confiée à l'orchestre.
2 mesures de la cadence et arpèges en triolets. Ben quoi ? fastoche !
[2:56] L'allegretto s'élance sur un rythme scandé mais pas fracassant. Volubile mais moins percussif que chez Bartók. Le climat est incertain : ludique ? Dramatique ? Une opposition fantasque des deux ? [4:30] Retour d'un beau phrasé plus tendre, presque sensuel. Le concerto de tous les contrastes. Et là se trouve la seconde difficulté pour l'interprète au-delà de la technique vertigineuse exigée, réussir la cohésion entre des idées les plus diverses ; une marche tantôt méditative telle une ballade, tantôt véhémente, presque colérique. [5:20] La cadence diabolique commence à la manière d'une reprise thématique. Plutôt calme, la tempête va se déchaîner. On pensera à du piano à quatre mais dans cette joyeuse et fulgurante déferlante de notes, les phrases s'entrechoquant avec une vitalité prométhéenne (une débauche de notes insensée, du chromatisme nous hypnotisant par des jeux délirants de tonalités, des écarts de tessitures démoniaques, des indications comme precipato à négocier sans faiblir). [9:40] Jaloux, l'orchestre jaillit de son silence ff, un appel déchirant et inattendu des cuivres, de l'harmonie et des cordes. Aucun répit pour le pianiste qui poursuit sa course folle fff d'arpèges en triolet de six doubles croches sur les quatre octaves aigus du clavier ; un passage de "ouf" qui justifie la réputation "d'injouable" du concerto. Quelle idée sombre a voulu exprimer le compositeur ? À chacun de répondre à cette question. La coda se rassérène et gagne le silence en rappelant tendrement le thème introductif. Horacio Gutiérrez est le magicien qui éclaire cette joute pianistique sans merci. Prodigieux. Neeme Järvi ne cherche jamais à imposer l'orchestre dans cet ouvrage résolument pianistique.

Marie Vassilieff, Le Flûtiste
2 - Scherzo : Vivace : [11:00] Dans ce scherzo, Prokofiev joue la montre en 2'30 ! Un brin de folie évidement. 1500 doubles croches à jouer sans pause, soit dix notes à la seconde pour chaque main, les deux mains jouant la même mélodie à l'unisson. En un mot un perpetuum mobile frénétique, ironique, presque satanique en ré mineur, tonalité ambiguë. Pas de thème clairement défini pour une option solfégique aussi étrange. Pour égayer cette rythmique implacable, la musique présente de nombreuses modulations entre aigu et grave et au niveau sonore oscillant sans cesse de p à ff, mais sans transitions brutales. La mélodie empressée serpente dans tous les sens ; on imagine un groupe d'oies affolé et caquetant. L'introduction orchestrale accompagnant le piano dans sa course folle est réservée aux bois et aux cordes. Après, elle est très imaginative : cavalcade fugace en arpèges au bois, roulements de caisse claire, pizzicati et scansions des cordes, traits stridents des cuivres. Jubilatoire et énigmatique ! Mais surtout et encore un exploit loufoque imposé au soliste. (Je me demande comment on peut mémoriser une suite de 1500 notes à interpréter avec une telle vélocité sans devenir un peu dingue 😲 ?) Horacio Gutiérrez ne semble guère en difficulté, un jeu véloce mais transparent et élégant. Le biographe de Prokofiev aurait affirmé vers 2006 que seule une douzaine de pianistes au monde pouvait passer l'obstacle sans difficultés majeures. Je suis méfiant de ces affirmations en général, mais là je me pose la question…
Nota : Prokofiev n'étant pas le seul artiste russe amoureux de la France et de l'époque dite de Montparnasse, j'illustre la fin de ce papier avec un tableau de Marie Vassilieff (1884-1957), amie de Matisse, Léger (second tableau), etc. Des contemporains du compositeur.

3 - Intermezzo : Allegro moderato : Encore un allegro là où l'on attend l'incontournable mouvement lent d'un concerto ? Prokofiev ne respecte pas cette coutume. Entre 1913 et 1923, son travail d'orchestration a considérablement évolué. À Paris, il se passionne pour la peinture aux lignes robustes, notamment pour le style abrupte du cubisme d'un Fernand léger. Il suit avec intérêt les recherches musicales abstractives influencées par l'attrait pour la mécanique et la révolution industrielle. Il étudie ainsi Pacific 231 d'Honegger qui est une illustration parfaite de ce courant esthétique en musique. La 2ème symphonie de Prokofiev en préparation et créée en 1924, encore par Serge Koussevitzky, n'est que fracas métallique. Fougueux tintamarre que le compositeur souhaitera d'ailleurs affiner ; il n'en aura jamais l'occasion. Un ouvrage pour le moins moderniste dont on parlera un jour. Un constat évident : l'intermezzo se révèle pleinement influencé par ces mouvements artistiques. En 1926, Prokofiev écrira à la demande de Serge Diaghilev un ballet titré Le pas d'acier ! Curieusement, le succès sera modeste. Dans ce machinisme symphonique, on sent une pointe d'ironie dirigée contre le soviétisme qui fera naître le stakhanovisme ; il sera d'ailleurs interdit en URSS 😄 ! De vous à moi, ce n'est pas de la dentelle !
Les Constructeurs de Fernand Léger
[13:33] Le piano est dispensé d'introduction, une petite pause bien méritée. Je parlais du ballet Le pas d'acier, et bien voilà notre intermezzo foulé par les pieds d'airain d'un géant. Les coups scandés de timbales et de la grosse caisse accompagnent une marche forcenée du tuba et des bassons ff. Quelques cordes graves épaississent aussi ce défilé menaçant. La partition porte la notation pesante. La clarinette égrène des arpèges descendants virils. [14:09] Le piano fait son entrée, et pas du tout comme un bulldozer, non, au contraire, il chante gaiement une mélodie ondulante et piquante. Le mouvement se développe en un combat sinueux et pittoresque entre pupitres et avec une absence totale de legato. [15:42] Le motif massif initial réapparaît mais avec des sonorités de fête foraine, comme chez Stravinsky. [17:04] Musique de tous les contrastes, nous basculons dans l'univers du divertimento égayé par le tambourin, un passage puissant et presque drôle dans lequel le piano enchaîne des arpèges chromatiques traités en glissando. Le climax furieux fera son retour, cataclysmique, pour conclure cet intermezzo en forme de chevauchée guerrière, mécanique et dionysiaque.

4 - Final : Allegro tempestoso : [20:15] le final d'un tel concerto, flamboyant et exalté, se doit de conserver le langage débridé du propos. Allegro tempestoso affirmé, les mesures initiales déchaînent les accords percutants, piqués et syncopés ff. Les bois et les cordes ne sont pas en reste. On pourrait penser que Prokofiev se fait simplement plaisir en réunissant les difficultés techniques pianistiques les plus ardues, de la musique pour virtuose destinée à bluffer le public. Et bien pas du tout ! Les marteaux du piano bondissent comme un cabri, les violons décochent des flèches colorées, Horacio Gutiérrez dynamise la partition. [21:02] Musique pleine d'humour où le pianiste semble se prendre les mains "dans le tapis". Premier crescendo appuyé par les beuglements des cuivres. [21:41] Un peu de calme, dans l'esprit d'une cadence, la mélodie se fait soudainement rêveuse et méditative. Prokofiev établit un lien structurel avec le début de la cadence de l'allegretto. [23:58] Les bassons assurent la reprise du thème et introduisent un développement plus vivant mais conservant le légato entendu dans la cadence. [25:08] Après le calme, le compositeur relance ses forces dans une nouvelle diablerie empressée. Il revisite dans cet allegro tous les climats les plus contrastés imaginables. [26:11] Une deuxième cadence très nostalgique se dessine, les notes se dispersent laissant les cordes du piano résonner au lointain. Le discours, une fois de plus, se complexifie sur toute la tessiture de l'instrument. La coda très lumineuse et enfiévrée nous laisse partager les facéties du tambourin et des roulements de cymbales. Un nouveau calme apparent… Puis, le concerto s'achève en une apothéose virulente !
J'ajoute que l'ouvrage est dédié à Maximilian Schmidthof, un ami de Prokofiev et un étudiant du même conservatoire qui venait de mettre fin à ses jours. La douce coda du final serait-elle une épitaphe ?
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La discographie de ce concerto est moins abondante que celle du 3ème, plus populaire et d'une virtuosité plus accessible aux pianistes. Modeste, mais souvent de qualité, les artistes qui ne "le sentent pas", préférant ne pas l'inscrire à leur répertoire. C'est très sage. Pourquoi passer des mois à maîtriser une partition pour une simple demi-heure de musique avec l'angoisse de décevoir le public et soi-même…
Sur mes rayonnages trônent des enregistrements plébiscités par les critiques officiels (ce n'est pas toujours une garantie) et qui, je l'avoue ne m'ont pas déçu.
Tout d'abord, citons la gravure du pianiste américain John Browning datée de 1965. Un jeu fulgurant de vitalité. Il est accompagné par l'orchestre symphonique de Boston dirigé à l'époque par Erich Leinsdorf. Brillantissime. Par contre, cette captation n'est disponible que dans un coffret de six CD comportant quatre symphonies (2, 3, 5 et 6), les quatre autres concertos pour piano, les deux pour violon et quelques pièces symphoniques enregistrées à la même époque. Une interprétation tout à fait honorable des symphonies mais qui ne se distingue pas spécialement dans une discographie pléthorique de ce cycle (RCA – 6/6 pour le concerto). Un excellent coffret bon marché cela dit pour découvrir des œuvres majeures de Prokofiev. Son un peu étriqué hélas.
Autre intégrale de premier choix, celle de Vladimir Ashkenazi pour DECCA. Il est accompagné par l'orchestre symphonique de Londres dont la discipline et la netteté sonores sont des atouts pour ce concerto sans pathos. Au pupitre : André Previn, également pianiste, qui suit à la lettre son soliste. Prise de son analogique des années 70 d'une clarté et d'une dynamique époustouflantes, caractéristique du label à cette époque (DECCA – 6/6).
Que n'a-t-on pas lu de méchant à propos de la jeune prodige venue de Chine, Mlle Yuja Wang ? Comment ? Une diplômée du Curtis institute, jolie "canon" à la garde-robe provocante qui préfère papoter sur Facebook au lieu de s'abrutir à répéter des gammes bêtement 24/24 & 7/7 ? En 2013, la jeune pianiste âgée de seulement 25 ans risque le tout ! Elle grave sur la même galette les deux "terreurs" des pianistes : le 2ème concerto de Prokofiev et le 3ème de Rachmaninov. On l'attend au tournant, mais la  pianiste cool aux robes féériques claque le baigneur aux critiques vieillissants et aigris. C'est une réussite. Le jeune Gustavo Dudamel l'accompagne avec L'orchestre Simon Bolivar du Venezuela qui ne démérite pas. Le jeune chef latino en a aussi souvent pris pour son grade. Sa nomination comme Directeur de la philharmonie de Los Angeles a depuis clos le débat. Un couplage insolite et rare même si Yuja devra affiner son interprétation de Rachmaninov. (DG – 5/6). Contrairement à ce que j'ai pu lire, la prise de son est correcte malgré un orchestre peu aéré. Il faut avouer que ce n'est pas des musiques qui conviennent à un Teppaz 😄.

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Pour ceux qui douteraient des exigences pianistiques imposées, j'ajoute un concert de Yuja Wang et Charles Dutoit au festival de Verbier. Avis au pianiste amateur… La cadence commence à 5:58, c'est vers 8:00 et 9:20 que le clavier devient complètement fou. Le scherzo est joué presto en 2:15. Les mains semblent floues sur l'image, c'est normal, on atteint une cadence de 12 notes à la seconde par moment. Ça s'appelle mériter son cachet.



5 commentaires:

  1. Alors tu n'as plus qu'à faire le concerto n°3 op.26 et aussi le concerto n°1 op.1 de Rachmaninoff avec son premier mouvement qui servi de thème à l'émission littéraire "apostrophe" de Bernard Pivot (Qui pour moi devrait être à l'Académie Française)

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  2. Tss Tss Pat, consulte l'Index. Ces deux concertos, N°3 de Prokofiev et de Rachmaninov ont déjà été commentés, l'un joué par Lang Lang et l'autre par Byron Janis... Le 2ème de Rachmaninov aussi par la miss Yuja Wang. Le 1er reste en effet à être présenté... Tout comme la Rhapsodie sur des thèmes de Paganini. Les autres concertos de Serge sont plus anecdotiques, des billets pour l'été...

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  3. Ah oui ! Désolé, autant pour moi ! Je dis ça parce que cette nuit, je me suis refait le concert avec Martha Argerich et le LSO dirigé par André Prévin

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  4. Je viens d’écouter cet enregistrement joué per Horacio Gutiérrez et dirigé par Neeme Järvi, les larmes sont venues par trois fois, elles sont chez moi l'expression objective de mon émotion. J'ai pris une claque, une grand merci à vous Mr Claude Toon pour la découverte d'un pianiste, d'un chef et d'un orchestre...

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    1. Merci Jive ok. Heureux de votre rencontre avec ces artistes...
      Neeme Järvi a enregistré énormément, à la manière d'un Karajan, d'un Dorati, etc. On lui doit un intérêt évident pour des répertoires peu explorés. Dans quelques temps, nous écouterons Les Forains d'Henri Sauguet, un très joli ballet hélas bien mal servi au disque hormis par le compositeur lui-même ou Michel Plasson à Toulouse...

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