On connaissant les Hot Tuna (thon chaud) de Jorma Kaukonen, Hot Chocolate (funk anglais, vous connaissez leur tube de 1975 "You sexy thing") voici les Hot Sardines, un jazz band formé à New York en 2007. Ce combo est né de la rencontre entre ses deux leaders Evan Palazzo et Elisabeth Bougerol, un peu par hasard puisqu'ils avaient répondu à une annonce pour une jam et se sont découverts des affinités musicales telles que ces Sardines chaudes" allaient en découler. Lui, new yorkais, acteur de théatre et de cinéma et pianiste (il a parmi ses références Art Tatum, Eroll Garner ou Oscar Peterson, le Count et le Duke) ; au chant et washboard c'est Elisabeth, française, née à Neuilly/Seine d'une mère canadienne et d'un père français, elle a pas mal bourlingué, étudié à Londres (diplômée de la London School of Economics) et fan de jazz de longue date (son grand père maternel était musicien et animait des show radio et télé) , en particulier Nat King Cole, Fats Waller, Ray Charles, Franck Sinatra, Louis Armstrong, Ella, Billie. Ils sont bientôt rejoins du tap dancer (en français, claquettes) Eddy Francisco puis d'autres musiciens et font leurs premières armes dans les clubs de Big apple, notamment au fameux Joe's Pub qui vit passer Adele, Amy Winehouse, Norah Jones, Joss Stone entre autres, d'ailleurs on peut en trouver un témoignage sur leur album de 2014 "Live at Joe's pub". L'album dont il est question aujourd’hui est leur 6eme , depuis est paru en 2016 "French fries + champagne". On trouve au casting, outre les 3 musiciens précités, Jason Prover (trompette), Nick Myers (saxo, flûte, clarinette), Joe McDonouch (trombone), Alex Raderman (percus, drums), Evan Crane (basse, sousaphone), Sam Raderman (guitare, banjo).
Un album qui s'ouvre par une pépite , une reprise du standard "Bei mir bist du schoen"("pour moi tu es belle"), c'est une chanson yiddish de 1932 pour une comédie musicale, les Andrew Sisters en firent un énorme succés en 1937 et des dizaines de versions suivirent, citons celles de Ella, Benny Goodman, Lionel Hampton , Glenn Miller ou ...Nina Hagen; l'interprétation de nos sardines est irrésistible de swing et de bonne humeur contagieuse; le corps médical devrait la conseiller à tout dépressif...Autre reprise , "Goin crazy with the blues" écrit par Andy Razaf en 1926, succès de Mamie Smith (1883-1946), une des premières "blues singers" , ambiance jazz bluesy ou blues jazzy garantie, un hommage réussi . "Wake up in Paris" signé de la plume d'Elisabeth avec en invités violon (Entcho Todorov) et cello (Dave Eggar), une ballade paresseuse et romantique; avant que "Zazou" et son swing ne nous réveille avec Elisabeth qui chante en français cette adaptation du standard de 1928 "Sweet Sue".
On reste dans le jazz d'avant guerre avec "I can't give you anything but love" (1928), de Dorothy Fields, succés de Billie Holliday , chanté aussi par Ella, Armstrong, Fats Waller et bien d'autres.
L'amusant "Your feet's too big" date de 1936 (de Fred Fischer) , Fats Waller le reprend en 1939, suivi de biens d'autres artistes dont ...les Beatles à leurs débuts. On continue avec Fats et son célébrissime et swinguant "Honeysuckle rose" (1928) sur lequel Palazzo s'en donne à cœur joie sur son piano.
Second titre chanté en français l'immortelle "Petite fleur" de Sidney Bechet (1952), délicieux.
"What a little moonlight can do", ça c'est encore du répertoire de la "dame en satin" (Billie Holliday-1935) , une belle pièce enlevée.
"Let's go", une bonne compo maison Palazzo/Bougerol et on termine avec
"I don't stand a ghost of a chance" , reprise de Bing Crosby (1932), encore un standard des années 30 qui sera aussi chanté par notamment Franck Sinatra.
J'adore ce disque par le choix des titres, l’hommage aux "grands anciens" du jazz qui en découle, le dépoussiérage de ces classiques des années 20/30 et par l'esprit et la bonne humeur qui s'en dégage, la chanteuse s'en tire à merveille et le band assure derrière, mettant en valeur cuivres, piano, guitare. La consommation de ces sardines chaudes est vivement à conseiller.
ROCKIN-JL
( merci à la fidèle lectrice, qui m'a fait découvrir cet excellent orchestre)
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