jeudi 24 janvier 2019

RAMON PIPIN BAND "Qu'est ce que c'est beau" (2018)

Ramon Pipin, ce nom n’est certainement pas inconnu de beaucoup d'entre vous. Il faut dire que le bonhomme écume les scènes depuis pas loin d'un demi-siècle; ce qui ne nous rajeunit pas ma bonne dame..
Une carrière commencée donc début des seventies par un groupe de rock progressif (Io), puis en 1972 il est le co-fondateur de "Au bonheur des dames" dont on se rappelle les délires festifs et parodiques et quelques tubes mémorables ("Oh les filles "/ "Roulez bourrés"). En 79  il monte le groupe Odeurs  qui sortira 5 albums dont "Ramon Pipin's odeurs" (79) et  "No sex"(80) et sa pochette osée (une poupée gonflable  suicidée- ci-contre). Parallèlement il monte son studio d'enregistrement où passeront des gars comme Didier Lockwood ou Manu Katché , co-réalise 3 albums de Renaud ("Marche à l'ombre", "le retour de Gerard Lambert" et "Morgane de toi") et signe des musiques de films, notamment pour Patrice Leconte, Albert Dupontel ou Antoine de Caunes. Et il trouve encore le temps d'écrire un polar en 2015 ("une jeune fille b comme il faut") et de s'activer sur la toile avec son "journal at homique" où il commente l'actu à sa façon ou avec "les excellents" où il massacre avec ses complices des standards du rock.
Et voici un cinquième album paru en son nom qui s'ouvre sur "Anecdote" où notre troubadour passe en revue les excès  du rock, des hôtels mis à sac aux  guitares démolies en passant par les parties fines  avec les groupies ou Ozzy croquant une chauve souris tout ça pour conclure "moi j'vis seul avec mon chat, à 10 heures suis couché, j'suis  qu'une anecdote"...
Sur "Eshté njé tavoline" il chante en albanais pour cacher sa panne d'inspiration, comme ça personne ne comprendra, je connais pas mal de pseudo chanteurs qui passent à la télé qui devraient s'en inspirer  pour éviter de pourrir nos oreilles de leurs niaiseries ...
Le morceau titre "Qu'est ce que c'est beau"  nous propose des arrangements soignés comme sur tout l'album d'ailleurs au son  pop/rock mélodique bourré de références, on remarque aussi les harmonies vocales et cette liste à la Prévert est sympa et amusante avec au passage beaucoup d'autodérision "et ce tissu de conneries que je débite à l'infini, qu'est ce que c'est beau".  On sourira également avec "le club" qui se moque avec causticité des  "think tank" , ces cercles de   réflexion   "où qu'y a des gens qui pensent" et on aura de la nostalgie avec  "l'homme du Picardie" dans lequel notre série maniaque nous assure que sa préférée est celle ci (pour les plus jeunes,  "l'homme du Picardie" est une série diffusée en 68 sur la vie d'une famille de bateliers), là encore la plume trempée dans l'humour de Pipin fait merveille pour passer en revue les séries. Dans "les  mots de passe" il évoque ce "drame" de l'homme moderne qu'est l'oubli de son mot de passe de messagerie et il explore la vie de ses aïeux dans "mon arbre généalogique" , remontant jusqu'aux  diplodocus et "leur descendant contemporain ,c’est le génial Ramon Pipin" , il fallait oser... Il fallait aussi oser caser un jeu de mot désastreux que n'aurait pas désavoué Bobby lapointe dans "la fête aux Emirats". Mais Pipin ose tout - c'est même à ça qu'on le reconnait- , faisant une chanson bien rock à la gloire du "Viandox", imaginant un parc d'attraction tenu par les pires dictateurs ("Polpote Park"), parodiant Led Zep sur "Starway to eleven" sur  l'ascension sociale (au sens propre) ou nous emmenant à vacances à "Pyongyang"(Corée du Nord).
Un artiste singulier, attachant, drôle, lui qui dit "avoir besoin de rire pour contrecarrer le désespoir ambiant" et c'est plutôt réussi à en juger par ce bel album  aux thèmes  originaux .

ROCKIN-JL 

son site : ramonpipin.fr


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