QUEEN "Hot Space" (1982) - par Pat Slade

En ce moment, on parle de Queen partout, merci au  biopic sur Freddy Mercury «Bohémian Rhapsodie» qui va sûrement et considérablement relancer la vente de leurs albums. Mais comme beaucoup de groupe rock Queen va commettre un faux pas. Dans toute sa discographie, personne n’avait trouvé à redire et puis avec «Hot Space» ce sera la catastrophe.

Quand Queen a trouvé difficile d’être dans un «Espace Chaud»  

Sortant de la "merdique" «Flash Gordon Soundtrack»(Le film lui même était aussi naze, avec ses effets spéciaux foireux et malgré une distribution qui était de premier ordre !) Un album qui n’était pas du tout rock avec seulement deux chansons sur les dix huit titres de cette daube ! Queen prenait déjà sa première claque et son premier revers. Une année plus tard en 1981, sort leur première compilation «Greatest Hits» qui va cartonner un peut partout dans le monde avec plus de trente millions de copies vendues. Mais en 1982 sort «Hot Space» enregistré à Montreux et à Munich. Un album indigne du perfectionnisme du groupe. Une pochette quadrichromique avec les portraits des membres du groupe qui pourrait, avec ses couleurs vives, rendre épileptique n’importe qui la regardant de trop prêt. 

Dans les années 80, Queen eut son premier album n°1 au États-Unis avec «The Game». «Hot Space» leur a rappelé qu’une fois que vous avez atteint le sommet, vous ne pouvez plus aller nulle part ailleurs. Ils feront une tournée avec «The Hot Space Tour» en 1982 avec un passage par le Palais des Sports de Paris où votre serviteur était présent le soir du 19 avril. Un groupe en première partie (Bow Wow Wow) qui se fera jeter au bout de trois morceaux. En live, Queen était un light show ou chaque ampoules avait son importance.

Le jeu de scène de Freddy qui faisait passer ses partenaires pour des mannequins de cire du musée Grévin, le choix d’une set list qui était très proche du «Live Killer» de 1979, mais la version rapide de «We Will Rock You» en introduction avait fait place au synthé et aux bruits incongrues de «Flash Gordon». Sur les 24 titres joués ce soir-là, les six morceaux de «Hot Space» furent fraîchement accueillis hormis «Under Pressure». Mais les anciens morceaux et ceux de «The Game» rehausseront la sauce et puis ce sera la première fois que l’on voyait Freddy Mercury jouer de la guitare avec «Crazy Little Thing Called Love». 

Alors «Hot Space» c’est quoi ? Un amalgame de 11 morceaux en dents de scie, il y a du bon, du moins bon et du très mauvais ! «Staying Power» une synthé-danse bien pourrie avec un Mercury qui se prend pour un chanteur de hip-hop. Après avoir écouté le premier morceau, tu as envie de battre le record olympique du lancé de disque ! Mais je dois me forcer à écouter (Même le Jack Daniel’s n’arrive pas à faire passer !). La suite sera du même acabit, que ce soit «Dancer», «Body Language» et «Calling All Girls» où l'on atteint le fond avec un clip profondément débile où, en comparaison, un film d’Ed Wood passerait pour un chef d’œuvre du cinéma hollywoodien. «Back Chat» un des seules morceaux à tirer son épingle du jeu, même si son rythme disco-soul n’est pas dans le registre du groupe, mais c’est un des titres écrits par John Deacon qui arrive toujours à composer les titres les plus intéressants. Deacon voulait retirer toute trace de rock dans le morceau, mais après mainte palabres au sein du groupe, un (beau) solo de guitare de Brian May fût intégré. «Action This Day» Du Taylor tout craché ! Pénible à écouter à force avec ses rythmiques lourdes et son solo de synthé "pourave". Pourtant Taylor est un très grand batteur, chose que l’on ne peut pas lui enlever, ses titres comme «I’m in Love With My Car», «More of That Jazz» ou «Sheer Heart Attack» sont très bons. 

La suite sera meilleure. «Put Out the Fire» ou Brian May redevient le guitariste rock que l’on connaissait avec un morceau qui a des tripes. «Life is Real (Song For Lennon)» Quand Mercury écrit une chanson en hommage à Lennon, cela donne un truc sirupeux que Marc Chapman aura la chance de ne jamais entendre. «Las Palabras De Amor (The Words Of Love)», si l’album rencontrait un relatif échec, le titre, lui, réussi à se classer dans les charts en Angleterre. «Cool Cat» quand Queen se retire les doigts du C.l cela donne un bon morceau. Écrit par Mercury et Deacon, le bassiste y jouera de presque tous les instruments. Tempo lascif et calme presque sexy ! Un très bon slow de fin de soirée pour ne pas rentrer seul chez soi le soir. Mercury y donne l’étendue de son talent vocal. A l’origine, le morceau comprenait David Bowie qui égrenait des paroles en duo avec Freddy, mais mécontent du résultat, il demandera à que l’on retire sa prestation. Mais Il restera dans un coin du studio pour «Under Pressure». Lui et le groupe écriront le morceau qui s’appellera d’abord «Feel Like» puis «People on Streets» avant d’avoir son titre définitif. La chanson a été créditée au nom des cinq musiciens. 

J’ai peut-être été dur et très critique envers l'un des groupes que j’ai toujours aimé, mais ne brûle-t-on pas ce que l’on a toujours aimé ?