lundi 21 janvier 2019

CORA VAUCAIRE - par Pat Slade



Depuis quelques mois, j’ai beaucoup écrit sur le rock progressif. Alors je voulais faire un retour à la bonne chanson française bien de chez nous. J’ai toujours aimé les artistes dit «Rive Gauche», Juliette Greco, Mouloudji, Germaine Montero, Léo Ferre et Cora Vaucaire, même si tous ces artistes ne sont pas de ma génération, cela ne m’empêche pas de les écouter et j’ai découvert des talents (Dont deux que j’ai vu sur scène de leur vivant !) que l’on ne retrouve plus de nos jours.




La Dame Blanche de Saint-Germain-des-Prés 





Cora Vaucaire aurait eu cent ans en juillet dernier, mais pourquoi vais-je parler d’une chanteuse que peu de gens écoutaient et dont ils avaient encore moins un disque parmi leurs vinyles ? Parce que les chanteuses dite «Rive gauche» sont un tantinet mon pêché mignon. Ce sont de très belles voix souvent doublées d’un charisme certain. Que ce soit Juliette Gréco dont j’avais déjà parlée, Pia Colombo, Colette Magny, Juliette, Jacqueline François, Isabelle Aubret, Anne Sylvestre, Catherine Ribeiro, Barbara à l’époque de l’Écluse et quelqu’un que j’aime beaucoup, Monique Morelli. Des chanteuses à textes qui avaient quelques chose à dire et reprenaient aussi les grands poètes français dans leurs répertoires.

Ma rencontre avec la voix de Cora Vaucaire se fera par l’intermédiaire d’un film de Jean Renoir de 1954 «French Cancan» avec le titre «La Complainte de la butte». 

De son vrai nom Geneviève Collin, cette Marseillaise fille d’un armateur sera élevée dans un pensionnat de sœurs avant de monter sur Paris pour suivre des cours de comédie. En 1938 elle commence à chanter dans les cafés des chansons de Charles Trenet et de Mireille. Elle va rencontrer son futur mari Michel Vaucaire connu comme parolier pour Edith PiafMon Dieu», «Non je ne regrette rien»), DamiaAux quatre coins de la rue»), Les Frères JacquesLa Saint-Médard») et bien sûr pour sa chère et tendre.

Après la guerre, elle anime une émission radiophonique ou elle commence à développer son répertoire dont celui d’Aristide Bruant «Roses blanches» ou les œuvres du patrimoine, «Aux marches du palais», «Le prisonnier de Nantes» ou encore d’Yvette Guilbert ou de Fragson. Elle commence à se produire dans les cabarets comme L’Échelle de Jacob en vedette. Un répertoire qui va s’enrichir des chansons de Prévert et de Kosma. Elle sera la créatrice du titre «Les Feuilles Mortes». On la surnomme la Dame Blanche de Saint-Germain-des-Prés. Dans les années 50 elle chante régulièrement à l’Écluse où elle va y croiser Barbara, elle sera la première à enregistrer «Dis, quand reviendras-tu ?» et l’incitera à chanter ses propres textes sur scène. Elle se fera aussi l’interprète de Léo Ferré avec «Le Pont Mirabeau» d’après le poème d’Apollinaire et «Les Forains». 

En 1955 ce sera «La Complainte de la Butte» et son plus grand succès «Trois petites notes de musique» extrait du film «Une aussi longue absence» d'Henri Colpi en 1960. Cora Vaucaire est aussi connue pour son engagement en chansons à travers son interprétation de «Le temps des cerises»  et de «L’internationale» devant les usines en grève lors des manifestations de mai 68. Elle est la VIP de la chanson française de qualité, elle s’exporte jusqu’au Japon dans les années 80.

Récompensée trois fois par le Grand Prix du Disque, elle se produira sur scène jusqu'à un âge avancé comme en témoigne ses tours de chants au Dejazet en 1992, à la comédie des Champs-Elysées en 1997.Sa dernier grand récital sera en 1999 au Théâtre des bouffes du Nord. 

Atteinte d’ostéoporose, Cora Vaucaire décédera en septembre 2011 à l’âge de 93 ans. 




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