Un disque de
vieux qui jouent du vieux pour des vieux ça vous dit ? Les deux perdreaux
sont Steve Winwood et Eric Clapton, qui eux, ne sont pas du genre à désosser un duty
free à Orly s’ils se croisent dans le même aéroport. Je ne vous ferai pas l’injure
de vous présenter le second, mais le premier, certains ont sans doute oublié qu’il
a été dès les années 60 le garant d’une Soul blanche, avec son tube « Gimme
some lovin’ » dont beaucoup pensent qu’il a été écrit par des Noirs de
chez Stax, et ben non !
Steve Winwood
est aussi une voix, haute perchée, caractéristique, marquée par la technique d’un
Ray Charles (dont il reprend le « Georgia on my mind ») et qui me
rappelle parfois le Peter Gabriel de « Sledge hammer ». Y’en a que ça irrite, moi, je m’y fais… Winwood est un organiste
doublé d’un guitariste, et compositeur, donc un gars bien. Avec son SPENCER DAVIS GROUP, il a fait les beaux jours du Swinging London (« Keep on running », « I'm a man ») puis il crée le
groupe TRAFFIC, mix de Soul, de Bossa, de Funk, adepte d’impro
progressives, dans l’air du temps, la world music avant l’heure.
Amateur de jams,
il fraye déjà avec Eric Clapton, incontournable
à l’époque, qu’il va retrouver dans ce qu’on appelait un super-groupe
(addition de talents venus d’autres groupes à succès) : BLIND FAITH, en
1969. Un seul album au compteur (qui n'a pas convaincu grand monde... comme la tournée qui a suivi), davantage porté sur le blues psychédélique, controversé
à cause de sa pochette laide et libidineuse tendance pédophile (comme le « House
of the Holy »). Comment ça a pu passer, même à l’époque ? Il y avait Ginger Baker à la batterie, ex-filtré
de CREAM.
40 ans plus
tard… Clapton organisateur du Crossroads Festival, invite Steve Winwood en 2007
à reprendre le répertoire de BLIND FAITH. Les deux musiciens apprécient
l'exercice, remettent ça en tournée (2009) et propagent la bonne
parole Soul Blues qui ont fait leur succès.
Et là mesdames
messieurs, on a droit à « Little Wing » que Clapton reprenait sur le
disque "Layla" (1970), et « Voodoo Child ». Précision à l’attention
des jeunes qui nous lisent… Vous connaissez « Voodoo child, slight return »,
(enfin j'espère...) le classique riff d’Hendrix, mais une autre version était
aussi présente sur l’album "Electric Ladyland" (1968), une longue jam bluesy improvisée
avec déjà le jeune Steve Winwood à l’orgue Hammond et Jack Cassidy
(sans le Kid) à la basse. C’est cette version que les Ehpad's brothers nous balancent pendant
plus d’un quart d’heure…
Premier plan, de dos, Chris Stainton et son joli pull. |
Les tubes
arrivent forcément (mais à ce niveau stratosphérique c’est quoi un tube ? si Ton Tube avait existé ce serait 400 milliards de vues !) avec « Can’t
find my way home », et cette merveille
de « Dear Mr Fantasy » de Winwood, avec tempo dédoublé, une fin bien
couillue à deux guitares, et on clôt les débats avec un « Cocaïne » de
JJ Cale certes un peu réchauffé, mais avec le
bon chorus de Chris Stainton au piano quand il faut.
On peut ergoter sur le manque de place laissée au duo rythmique basse/batterie,
solide, mais un peu dans l’ombre. C’est enregistré aux petits oignons, version
cd comme dvd (voir la réunion de CREAM, du même principe) les titres font dans
les 7 ou 8 minutes de moyenne, on ne s’économise pas, on joue, on joue, on joue, mais pas que : on joue bien (euphémisme). Heu… c’est pas ce qu’on demande à des musiciens ?
Alors oui,
tout cela n’est pas nouveau. Mais on vous propose tellement d’articles sur de
jeunes musiciens - voyez les chroniques de Rockin’ l’ami de Stromaé,
Vianney, Maé, Obispo, il nous en parle si souvent qu'il doit y avoir tout de même quelque choses là dessous - que se replonger dans l'âge d'or ne fait pas de mal. Même Claude apprécierait ! Ce disque
réécouté récemment donne une telle pêche, fait tellement plaisir, permet
de réentendre un répertoire intemporel joué par ses créateurs toujours en
verve - et en vie.
Donc, faites-vous plaisir, la musique est faire pour ça. Et c'est pourquoi je fais péter les cinq double croche. On écoute un bon vieux blues...
Donc, faites-vous plaisir, la musique est faire pour ça. Et c'est pourquoi je fais péter les cinq double croche. On écoute un bon vieux blues...
extraordinaire concert que je ressors de temps en temps , soit le cd , soit le dvd. Si tous les Ehpads de France sonnaient comme cela, le personnel qui y travaille serait un peu moins sous pression non? C'est toujours bon de revoir un Clapton en forme, parce que maintenant le pauvre , il sucre les fraises et chante Noël .....Stevie Winwood est un musicien fabuleux , comment ne pas frissonner de plaisir à l'écoute de "Cnt' find my way home" . A part cela je trouve Ian Thomas pas mal bourrin, genre école bûcheron! Mais que faisait Steve Gadd ce jour là ?
RépondreSupprimerJ'ai vu de la lumière dans l'EHPAD je suis venu voir s'il restait pas un morceau de bûche ...
RépondreSupprimerJ'aime bien Winwood, les 60's of course,et même quelques trucs solo dans les 70's, jusqu'à et y compris "arc of a diver" gros succès de rock gentillet FM (de qualité).
Il a jamais atteint le niveau stratosphérique de son pote en costard Armani avec les autres chansons d'amour assorties (merci Duane et Jim Gordon pour "Layla" quand même), mais il est jamais tombé aussi bas (les horribles productions Phil Collins).
Blind Faith pas convaincant, ouais ... enfin une rondelle où on trouve "can't find my way home" et l'extraordinaire "Presence of the Lord" on peut pas appeler ça un ratage intégral ...