- Waouh
M'sieur Claude, il aura fallu plus de huit ans pour écouter la musique du
célébrissime Rossini, l'auteur de la Pie voleuse et d'un tournedos savoureux…
- Savoureux
Sonia ? Du bœuf et du foie gras, non merci sans moi ! Même à deux jours des
agapes de la Saint Sylvestre ! Parlons de sa musique ou plutôt écoutons-là…
- Vous n'êtes
pas un fan d'opéras, donc ceci explique cela… Mais quand même quelques
ouvertures virevoltantes auraient été bienvenues. C'est quoi ces sonates ?
- Un groupe
de six sonates pour petit orchestre à cordes composé par un gamin de 12 ans…
C'est frais et bien dans le style ensoleillé du bonhomme…
- Oui
j'entends cela… I Solisti Veniti, une légende des orchestres de chambre… M'sieur Pat
m'a parlé d'un disque de concertos pour mandolines de Vivaldi resté culte…
- En effet,
ils les enregistrèrent fin des
années soixante, toute notre jeunesse avec Pat…
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| Rossini en 1815 |
Le titre de sonate me surprend. La forme tripartite
vif-lent-vif étant plutôt celle d'un concerto… Concertos pour orchestre à
cordes donc. Mais Rossini ne faisait jamais
rien comme tout le monde, ne soyons pas surpris. Allons à la rencontre du
génial et truculent compositeur et gastronome.
Gioachino Rossini naît en 1792 à Pesaro (États Pontificaux à
l'époque) quelques semaines après la mort de Mozart.
Beethoven a 22 ans. Sa jeunesse va donc
être baignée par le bouleversement artistique qui, sur le plan musical, va conduire
du style classique au romantisme. Son père se passionne pour la Révolution
française. L'enfant grandit en suivant les turbulences politiques en Europe.
Des conflits avec lesdits États Pontificaux aux guerres fratricides
napoléoniennes… Il gardera une aversion pour les insurrections récurrentes qui
émailleront le XIXème siècle : l'épopée de Garibaldi, les révolutions de 1830
et 1848, etc. Rossini sera un bon vivant
épicurien, génial mais dilettante… L'un des compositeurs les plus pittoresques
de l'histoire !
Sa jeunesse est ponctuée par de fréquents déménagements
dus aux tracas politique de son père… C'est à Bologne que l'enfant découvre
la musique, notamment au chant ; il chante comme contralto dans un chœur de la
ville. Comme Mozart et Mendessohn, le môme surdoué en veut,
puisque les sonates écoutées ce jour seront composées à l'âge de 12 ans… À 14
ans, en 1806, il intègre le lycée de Bologne et compose son premier opéra Demetrio e
Polibio qui ne sera joué qu'en 1812. C'est un admirateur de Mozart
et de Haydn, les deux derniers géants du classicisme,
les opéras de Mozart auront un rôle déterminant
dans sa vocation…
Avant d'être boulimique de bonne chère, Rossini le sera comme compositeur
d'opéras. En 1811, il a dix-neuf ans
et trois opéras ont déjà été composés et mis en scène. En 1812, il en compose 7 !!!! Pas forcément les grands ouvrages à
venir mais déjà une musique attachante. On raconte que cette productivité
délirante aurait agacé pour le moins Beethoven
qui mettra des années à fignoler son unique opéra : Fidelio… Ce travail
dit "de jeunesse" va se prolonger jusqu'en 1815. Les choses sérieuses vont commencer.
En 1815, l'impresario
du Teatro Argentina, à Rome, suggère l'écriture d'un œuvre lyrique à partir de
l'ouvrage de Beaumarchais : Le barbier de
Séville. Rossini compose l'un des
must du répertoire en deux semaines (non, ce n'est pas une coquille). La
première est houleuse car nombre de compositeurs ont déjà utilisé ce livret. Très
rapidement, le bijou de Rossini
s'impose. Nous avons là le dernier opéra-comique
(opera buffa) de Rossini
qui va se tourner désormais vers l'opera seria plus
dramatique. Il composera jusqu'en 1830
sans relâche, soit 42 opéras en tout, Guillaume Tell étant le dernier, un
opéra de cinq heures sans les coupures…
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Rossini en 1865 |
Rossini reste
une énigme : coléreux ou guilleret, amateur de plaisirs en bon épicurien :
gastronomie, œnologie, jolies femmes… le Venusberg de Wagner qu'il n'aimait
guère. Et entre ses libations, des périodes dépressives. Bipolarité ? Possible.
Quant au tournedos Rossini*, on ignore si cette recette très (trop) riche est
de lui ou d'un grand cuisinier de l'époque dans l'un des restaurants chics qu'il
aimait fréquenter.
(*) Tournedos accompagné de foie gras poêlé et de
truffe, dans une sauce au Madère.
Rossini disparaît
en 1868 atteint d'un embonpoint qui s'explique par les excès qui étaient de mise
dans la "haute société" du XIXème siècle. 😩
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Revenons à ces sonates pour cordes (dont une
contrebasse aux interventions cocasses). Composées très habilement par un gamin,
nous sommes face à de purs divertissements, une musique gorgée du soleil et du
bien vivre de l'Italie. Elles sont au nombre de six et ne justifient en rien une
analyse musicologique. Écoutez-les tranquillement pour le fun, en lisant un bon
livre ou toute autre activité à votre choix.
Fondé en 1959
à Padoue, l'ensemble de chambre I Solisti Veniti
a marqué ma génération découvrant Vivaldi
et les baroqueux italiens dans les années 60-70. Cet orchestre jouait en petit
effectif d'une quinzaine de musiciens utilisant des instruments modernes. Il concurrençait
dans cette approche un autre ensemble mythique nommé I
Musici. Les deux ensembles connurent leur heure de gloire avant
que les baroqueux redistribuent les cartes de l'interprétation sur instrument d'époque avec un style plus
enjoué, des sonorités plus nerveuses. Le style pourra paraître bien velouté de
nos jours, mais la beauté des timbres reste une référence. L'orchestre qui
existe toujours a vu défiler bien des violonistes illustres comme leader, de Giuliano Carmignola à Salvatore
Accardo. L'ensemble a également interprété des musiques plus
contemporaines. Claudio Scimone, son
créateur nous a quittés en septembre 2018 après 60 ans de carrière et 300
disques publiés !
1. Sonate N°1 en sol majeur [0:00]
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2. Sonate N°2 en la majeur [13:22]
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3. Sonate N°3 en do majeur [26:54]
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4. Sonate N°4 en si ♭ majeur [38:04]
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5.
Sonata N°5 en mi ♭ majeur [52:09]
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6. Sonate N°6 en ré majeur [1:07:23]
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