Bob Fosse |
Et
avant, donc, QUE LE SPECTACLE COMMENCE (ALL THAT JAZZ in english) réalisé en
1979, film largement autobiographique, couronné d’une Palme d’Or à Cannes, et
de quatre oscars.
Roy Scheider et Jessica Lange |
Gideon
est sur tous les fronts, comme il est de tous les plans, de toutes
les intrigues, il est l’épicentre, tout tourne autour de lui.
Il s’acharne au travail, en crèvera sans doute, il le sait, mais show must go
on. Une scène récurrente, télescopage de plans ultra courts, sur du Vivaldi :
Gideon se lève, se douche, prend ses amphets, et s’encourage dans le
miroir : « It’s show time, folks ! ». La vie et le travail de
Gideon sont intimement liés, son ex-femme travaille avec lui, ses danseuses
sont ses maîtresses. Tout se confond, Bob Fosse nous fait rentrer dans la tête
d’un créateur hyperactif, c’est à la fois grisant et inquiétant. Gideon confie « avoir
la trouille d’être comme tout le monde ».
"it's show time folks !" |
Chez
Gideon les murs sont noirs, et lui s’habille en noir. Sombre, tragique, le film déborde
pourtant de vie. On ne verra jamais le spectacle (et pour cause) les
moments dansés sont des répétitions, des jeux, des fêtes, des fantasmes…
Une séquence est particulièrement impressionnante, lumières baissées, un peu de brume, et danseurs éclairés à la
seule lueur d’une lampe de poche, que Gideon braque sur les uns ou les autres.
Chorégraphie qui verse dans la transe érotique (Adrian Lyne l’a forcément vue
avant son désolant FLASH DANSE), inconvenante aux yeux des producteurs qui s’étranglent !
Le
film devient plus onirique lorsque Gideon est admis à l’hôpital
pour surmenage. Bob Fosse réalise un patchwork de scènes fantasmées, rêvées,
comme cette party dans la chambre d’hosto. Gideon continue d’être ce fumeur et
buveur invétéré que les infirmières doivent surveiller de près, y compris pour
éviter les mains aux fesses. Bob Fosse brouille les pistes, avec des moments
drôles, grivois ou sombres, lorsqu’un Gideon vêtu de noir, filme à
la grue son double agonisant sous ses draps blancs, et ne trouvant pas la
prestation terrible… Gideon acteur et chorégraphe de sa propre mort.
Le
dernier tableau, disco, funky, très coloré, paillettes et confettis, reprend
la chanson des Everly Brothers « Bye bye love ». On connait les
paroles de ce tube, Bye bye happiness / hello loneliness / I think I'm gonna
cry. Mais on entend Gideon corriger « I think I’m gonna die », puis, triomphant,
il vient saluer le public, dont les trois femmes de sa vie : son ex, sa
fille et sa maîtresse. Ces derniers mots seront « Good bye ». Le générique
de fin défile sur la chanson « There’s no business like show business ».
Tout est dit.
QUE
LE SPECTACLE COMMENCE impressionne par sa maîtrise
formelle. Les idées jaillissent à la minute. Ce n’est pas un film sur le monde
impitoyable du spectacle, avec jeunes débutantes qui se tirent la bourre, comme
SHOWGIRLS ou BLACK SWAN, mais l’autoportrait
virevoltant d’un homme qui donne toute sa vie pour le spectacle. Bob Fosse est mort d’une
crise cardiaque à tout juste 60 ans.
Au
centre du film, l’acteur Roy Scheider (KLUTE, FRENCH CONNECTION, LES DENTS DE
LA MER, MARATHON MAN, n’en jetez plus) qui s’est fait la tête de son modèle,
Bob Fosse, barbiche et balayage blond. L’acteur y est impressionnant, fait feu
de tout bois, les dialogues sont souvent drôles et piquants, il est juste
génial, loin de ses compositions habituelles.
couleur - 2h00 - format 1:1.85
J'adore ce film, un rythme dément, des chorégraphies pleine de trouvailles, une énorme prestation de roy scheider, ...
RépondreSupprimeret puis, un projet de fin de vie à côté de jessica lange en 79, ça donnait envie de signer pour ...