Le Déblocnot’ est un blog qui se
veut multiculturel. Mon contrat stipule «Chanson française et bande dessiné»,
ok, c’est bien, mais qui va parler du rock progressif et
néo-progressif ? Entre la lecture de dix BD par jour et la rencontre avec
des artistes régionaux qui méritent la consécration, j’arrive à trouver du
temps pour une chronique qui plaira (j’espère !) à certains. Ce sera avec le
troisième album que Marillion. Le groupe connaitra la consécration auprès du
public progressif qui n’avait pas trop accroché «Script for a
Jester's Tear» et «Fugazi».
Une enfance mal placée
Il est
surement l’album le plus réussi dans la discographie de Marillion. Sorti il y a trente
trois ans (Eh oui ! Déjà !),
nous étions encore dans l’ère Fish. Même si les
deux premiers albums étaient réussis, celui-là se révèlera un véritable chef-d’œuvre. «Misplaced
Childhood»
sera, à l’époque, l’un des rares albums progressifs à être diffusé sur les
ondes (Il y en a eu un autre cette année
la avec «Cannonball» de Supertramp). Mais le rock progressif a toujours
réussi à glisser de petite chose dans le bourbier des hits radio comme Jethro Tull et sa «Bourée» en 1969, Yes et «Owner of a Lonely Heart» en1983
ou encore Genesis qui, à partir des années 80
nous donnera «Abacab», «Mama», «I can’t
Dance» et autres «Jesus He Knows Me»
et squatteront souvent les hauteurs des hits parade.
Mais pourquoi Marillion
a-t-il un statut de légende du rock ? Simplement parce qu’ils ont inventé
leur son, le son Marillion, comme Genesis,
Yes ou King Crimson
créeront aussi le leur. Que ce soit avec les vocaux de Fish, la basse de Trewavas, la
guitare de Rothery, les claviers de Kelly ou les percussions de Mosley,
tel un lego, tous ces éléments étants imbriqués les uns dans les autres, vous
reconnaissiez un titre de Marillion au premier coup d’oreille.
Mais revenons à «Misplaced
Childhood» un disque que
je vais découvrir et acheter en Allemagne (Pourquoi en Allemagne me direz
vous ? Parce que j’y étais à sa sortie et les albums étaient moins chers
outre-Rhin !) et qui sera le chef d’œuvre des trente dernières années.
Et qui commence avec un pseudo kimono en soie «Pseudo
Silk Kimono» Une intro au
clavier et un morceau qui donnera le tempo de l’album qui sera plutôt sombre et
puis l’enchainement direct avec les premiers accords de guitare de Steve Rothery sur «Kayleigh» le titre le plus populaire du groupe
encore à ce jour.
Mais pratiquement tous
les titres sont des pépites, très bien construits, un son cristallin sans
lourdeur dans les basses. De magnifiques compositions comme «Lavender» avec un mariage entre la guitare et
le clavier et Fish qui prononce quelques mots de
français : «J'entend
ton cœur». «Bitter suite» et «Heart of Lothian» sont les deux titres les plus progressifs de
l’album. «Waterhole (Expresso Bongo)» et son rythme rapide enchainé avec «Lords of the
Backstage» font perdre un
peu de l’intensité émotionnelle de l’album mais directement collé à «Blind Curve» le plus grand morceau du groupe qui, avec ses neuf
minutes décomposé en plusieurs parties distinctes et variées, redonnera des
couleurs à l’album. «Childhoods End ?» Petit arpège de guitare en delay, un refrain
rythmé, un bon solo et un final qui va se perdre vers l’infini. Pas de
répit entre les titres, Marillion vous laisse sur les genoux à chaque plage de ses albums !
Il manque malheureusement deux titres sur l’album qui furent composés
pendant les mêmes sessions : «Lady Nina» et «Freaks» deux très bon
titres (Surtout «Lady Nina» !). On pourra les retrouver sur les compilations
sorties en 1986 «Brief Encounter» et sur «B’Sides Themselves» en 1988.
«Misplaced Chilhood» est le concept-album culte de Marillion par excellence et évidement indispensable pour
tous fans de prog qui se respectent. Bien sûr, beaucoup vont me dire que le groupe
a trahi le rock progressif pour suivre une voix plus commercial avec des titres
simples, n’empêche que «Misplaced Childhood» est un chef d’œuvre, et quand je regarde le
fossé qui sépare le passé du présent, j’ai toujours la larme à l’œil en pensant
au Jester.
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