mardi 4 décembre 2018

MARILLION - "MISPLACED CHILDHOOD" (1985) - par Pat Slade




Le Déblocnot’ est un blog qui se veut multiculturel. Mon contrat stipule «Chanson française et bande dessiné», ok, c’est bien, mais qui va parler du rock progressif et néo-progressif ? Entre la lecture de dix BD par jour et la rencontre avec des artistes régionaux qui méritent la consécration, j’arrive à trouver du temps pour une chronique qui plaira (j’espère !) à certains. Ce sera avec le troisième album que Marillion. Le groupe connaitra la consécration auprès du public progressif qui n’avait pas trop accroché «Script for a Jester's Tear» et «Fugazi».




Une enfance mal placée  






Il est surement l’album le plus réussi dans la discographie de Marillion. Sorti il y a trente trois ans (Eh oui ! Déjà !), nous étions encore dans l’ère Fish. Même si les deux premiers albums étaient réussis, celui-là se révèlera un véritable chef-d’œuvre. «Misplaced Childhood» sera, à l’époque, l’un des rares albums progressifs à être diffusé sur les ondes (Il y en a eu un autre cette année la avec «Cannonball» de Supertramp). Mais le rock progressif a toujours réussi à glisser de petite chose dans le bourbier des hits radio comme Jethro Tull et sa «Bourée» en 1969, Yes et «Owner of a Lonely Heart» en1983 ou encore Genesis qui, à partir des années 80 nous donnera «Abacab», «Mama», «I can’t Dance» et autres «Jesus He Knows Me» et squatteront souvent les hauteurs des hits parade.

Mais pourquoi Marillion a-t-il un statut de légende du rock ? Simplement parce qu’ils ont inventé leur son, le son Marillion, comme Genesis, Yes ou King Crimson créeront aussi le leur. Que ce soit avec les vocaux de Fish, la basse de Trewavas, la guitare de Rothery, les claviers de Kelly ou les percussions de Mosley, tel un lego, tous ces éléments étants imbriqués les uns dans les autres, vous reconnaissiez un titre de Marillion au premier coup d’oreille.

Mais revenons à «Misplaced Childhood» un disque que je vais découvrir et acheter en Allemagne (Pourquoi en Allemagne me direz vous ? Parce que j’y étais à sa sortie et les albums étaient moins chers outre-Rhin !) et qui sera le chef d’œuvre des trente dernières années. Et qui commence avec un pseudo kimono en soie «Pseudo Silk Kimono» Une intro au clavier et un morceau qui donnera le tempo de l’album qui sera plutôt sombre et puis l’enchainement direct avec les premiers accords de guitare de Steve Rothery sur «Kayleigh» le titre le plus populaire du groupe encore à ce jour.

Mais pratiquement tous les titres sont des pépites, très bien construits, un son cristallin sans lourdeur dans les basses. De magnifiques compositions comme «Lavender» avec un mariage entre la guitare et le clavier et Fish qui prononce quelques mots de français : «J'entend ton cœur». «Bitter suite» et «Heart of Lothian» sont les deux titres les plus progressifs de l’album. «Waterhole (Expresso Bongo)» et son rythme rapide enchainé avec «Lords of the Backstage» font perdre un peu de l’intensité émotionnelle de l’album mais directement collé à «Blind Curve» le plus grand morceau du groupe qui, avec ses neuf minutes décomposé en plusieurs parties distinctes et variées, redonnera des couleurs à l’album. «Childhoods End ?» Petit arpège de guitare en delay, un refrain rythmé, un bon solo et un final qui va se perdre vers l’infini. Pas de répit entre les titres, Marillion vous laisse sur les genoux à chaque plage de ses albums ! Il manque malheureusement deux titres sur l’album qui furent composés pendant les mêmes sessions : «Lady Nina» et «Freaks» deux très bon titres (Surtout «Lady Nina» !). On pourra les retrouver sur les compilations sorties en 1986 «Brief Encounter» et sur «B’Sides Themselves» en 1988.


«Misplaced Chilhood» est le concept-album culte de Marillion par excellence et évidement indispensable pour tous fans de prog qui se respectent. Bien sûr, beaucoup vont me dire que le groupe a trahi le rock progressif pour suivre une voix plus commercial avec des titres simples, n’empêche que «Misplaced Childhood» est un chef d’œuvre, et quand je regarde le fossé qui sépare le passé du présent, j’ai toujours la larme à l’œil en pensant au Jester.                     




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire