mardi 11 décembre 2018

FRANCIS DECAMPS - "HISTOIRE DE FOU" (1979) - par Pat Slade



L’après Ange, la séparation des frangins Decamps. A chacun sa route, chacun son chemin même si leur thèmatique en matière de musique restera le même.




Francis Decamps un fou génial





En 1978 Ange sort «Guet-apens», le chant du cygne d’un groupe qui va imploser par son centre. Les deux frangins Christian et Francis Decamps vont prendre des chemins différents et partir vers des carrières solo. Le divorce est consommé, Ange est mis en sommeil pour un certain temps. Mais la famille Decamps ne va pas rester les deux pieds dans le même sabot et ils vont chacun de leur côté  travailler à leur premier album en solitaire. Ils vont se partager les musiciens, un peu comme un vieux couple après un divorce qui se partage les biens communs.

D’un coté Christian le chanteur et dealer de mots va pondre «Le Mal d’Adam» et Francis alambiqueur de son produira «Histoire de Fou».

Francis Decamps, l’alchimiste des claviers, avait sur scène un regard de fou, des cheveux toujours en mouvement et surtout un son unique, le son Ange. Sa théâtralité poétique sur scène en fait le meilleur claviériste du rock progressif français. Et ce premier album solo ne dérogera pas à la règle. 

Une pochette de Patricia Decamps colorée aux couleurs pastels représentant un arbre décharné aux formes humaines avec cinq titres pour compléter le tout. Pour les musiciens qui vont l’épauler on retrouvera Jean-Pierre Guichard le batteur d‘Ange et Le Bassiste Gérald Renard qui jouait sur «Guet-apens» et qui jouera aussi sur l’album de Christian «Le mal d’Adam». Michel Moulinié à la guitare qui l’année précédente avait sorti le bel album «Chrysalide», Jack Pichaud à la guitare et au clavier Jean Musy l’homme à la carte de visite impressionnante par ses nombreuses collaborations (Barbara, Dalida, Nino Ferrer…etc.) et ses compositions pour le cinéma.

«Droit vers le soleil» Le son et l’ambiance nous ramène en pays connu, celui d’un passé pas si lointain que ça. Les sons du viscount ou du Mellotron vont donner des relents de nostalgie aux vieux fans du groupe des frangins Decamps. Que ce soit avec «Malédiction», «Canicule» nous savions déjà que Francis Decamps était un compositeur hors pair, mais nous le découvrons dans le registre de parolier. En vingt années avec Ange, jamais il n’avait piétiné les plates-bandes de Christian et il n’est pas à regretter qu’il ait pris la plume car cette dernière est tout aussi magique que celle de son frère. Il passe aussi derrière le micro, on l’avait déjà entendu avec Ange sur «Le nain de Stanislas» et «Le Chien, la Poubelle et la Rose» et même si sa voix est plus aiguë, elle passe très bien à l’oreille. «Amédée le Mal Maudit» et sa longue fresque de dix minutes, nous ferait revenir dès son introduction à l’Ange d’«Au Delà du délire», une longue suite symphonique remplis de clavecin, d’orgues, de solo de Moog et d’un beau travail des guitares. Pour finir, «Apocalypse» s’ouvre avec une ambiance très calme, une voix chuchotée et des guitares toutes en douceur et puis un final crescendo assez angoissant sur un grandiose thème orchestral qui finira en une explosion finale.

Avec Franck Carducci
Ayant acheté à la même époque l’album de Christian Decamps «Le Mal d‘Adam» et après avoir fait une écoute des deux, je serais franc en disant que je retrouvais plus le son d’Ange dans celui de Francis que dans celui de Christian même si ce dernier n’avait pas perdu ni de sa plume ni de sa verve et que le disque était intéressant mais il manquait, à mon avis, le lyrisme de ce qu’il nous proposait  dans le passé.

Francis lui, continuera son petit bonhomme de chemin avec de bons albums comme «Vie en Positif» ou «–Decamps la Joie-Épicier Marchand d‘rock» avant de partir pour l’aventure de Gens de la lune avec en 2014 le très beau coffret «Épitaphe» que j’avais survolé dans une chronique en novembre 2017.

Avec Francis Decamps et Gens de la Lune l'éclipse n'est pas pour demain.         


2 commentaires:

  1. Comme Pat, je penche vers la musique de Françis, même si la voix est moinsposée que celle de Christian, bien sur, mais le voyage reste à voyager, à visiter ! Phil Mott

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  2. tu me feras une dissertation philosophique sur ta pensée : "mais le voyage reste à voyager" !!!

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