jeudi 22 novembre 2018

MADAME ROBERT "Comme De Niro" (2018)


A l'image de sa jaquette ce  disque a du beau monde au balcon, en effet la plantureuse créature (qui a quelque chose de la regrettée Candy Kane) y écoute posée sur son lit des  disques des Stones, Ray Charles et Nino Ferrer, voila qui nous donne de  précieux indice quant à la musique   proposée.
Quant au  nom  même du groupe il renvoie à une chanson de Nino  "Madame  Robert" de  1966, dans le pur style  de l'auteur  de "Mirza", "les cornichons" ou "le telefon". On pourrait presque qualifier ce  band de super-groupe  puisqu'on y retrouve des musiciens expérimentés et bien connus des amateurs : derrière le micro et à l'écriture Reuno Wangermez (chanteur du groupe de métal Lofofora); à la basse Stéphane Zena et aux drums Xa Mesa  (ces deux derniers ex du groupe punk Parabellum) , à la guitare Julien Mutis (Harvest blues band) et aux claviers Léa Worms ( Nina Van Horn; croisée dans le dernier Big Dez) . Les trois premiers nommés ont partagé la scène au sein du projet "Le bal des enragés" (qui porte bien son nom) et se sont découvert une passion commune pour le Rythm'n'blues, la soul, le rock garage  et de là est né l'idée de fonder une groupe de ce genre pour se faire plaisir, avec pour influences, outre Nino Ferrer, Eddy Mitchell, Antoine ou Jacques Dutronc, et bien sur le rythm'n'blues ricain  dont ces frenchies se sont inspirés et avec pour but de raviver ce joyeux esprit sixties.

Et disons le de suite c'est carrément réussi à en juger par la première de ces 14 compos originales (mises en boite en 4 jours  dans les conditions du live) qui donne son titre à l'album "Comme De Niro" sur lequel la filiation avec Nino est évidente: paroles amusantes, rythme trépidant, un refrain accrocheur avec ces choeurs "na na na na", et cet orgue qui apporte la touche psyché , du grand art, un tube en puissance. Et  Reuno le chanteur  qui surprend dans ce registre éloigné de son univers heavy habituel - encore que le dernier Lofofora ("simple appareil") était en acoustique - en tous cas sa voix puissante et chaude ça le fait parfaitement.
"Papa Legba" s'appuie sur un rythme à la Bo Diddley, Bo d'ailleurs cité dans la chanson ("mes seuls complices sont les fantômes de Bo Diddley et Elvis/ et moi tel un môme je les suis jusqu'à New Orleans ou Memphis "). Place au blues avec "Nabab", ça balance comme du Chuck Berry               ("no particular place to go"ou son adaptation par Mr Eddy "à crédit et en stéréo")  et l'histoire est encore drôle avec ce nabab qui rêve de Katmandu et se sent basculer  ("envie de tout envoyer valser pour vivre à poil/ en bottes en caoutchouc sur un cheval au Népal (..) pour un peu j'paierais mes impôts").  "Mieux avant" est  un régal de nostalgie que seuls les quinquas comme nous comprendrons ("je ne suis pas nostalgique je m'en défends mais c'était mieux avant") avec un clin d'oeil à Nino ("à la radio Nino chantait "je voudrais être un noir"") et un humour féroce ("tu te souviens quand on pouvait bander sans médicaments"). "Pas question" est une belle ode aux musiciens  on the road "y'a le camion qui klaxonne, chérie il faut pas que tu déconnes, ce soir on a un concert dans l'Essonne, à Dunkerque ou à Carcassonne".

"Schultzy blues" est un émouvant hommage à  Schultz de Parabellum, décédé en Septembre 2014 à 53 ans, oui, "on aimerait bien savoir le nom du salopard qui t'a rappelé à lui sans ta guitare".            Je vous laisse découvrir le reste qui sera du même  tonneau avec mention à "Blabla" sur les conversations vaines et ces gens qui ont un avis sur tout ; au mytho pilier de comptoir  "Captain" ;  à la torride  reine de la jungle" ,  parfait exemple de l'esprit de ce disque plein d'humour, festif et qui chauffe bien, un autre single qui pourrait bien devenir culte.                                                           

De vrais textes, tour à tour déjantés voire surréalistes, émouvants, drôles, croquant  des personnages et des tranches de vie,  portés par des musiques   enjouées et festives où l'orgue et la guitare  se taillent la part  du lion,  soutenus par  une rythmique  sans failles, ce disque  atteint parfaitement son but   à savoir nous divertir intelligemment; en ces temps moroses  je suggère qu'il soit remboursé par lé sécu et largement prescrit par les médecins, on peut rêver... Un mot aussi  sur les 3 gars issus de Parabellum ou Lofofora   qui s'imposent dans un registre  où   on  ne les attendait pas, prouvant ainsi qu'il  faut se méfier des  à priori et ne jamais ranger trop vite les gens  dans des cases.                             
leur site madamerobert.com

ROCKIN-JL                                                                                         

                         

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