lundi 15 octobre 2018

RIP MONTSERRAT CABALLE (1933-2018) - par Pat Slade



Aznavour avait chanté «La Bohème» et cinq jours plus tard, l'une des interprètes les plus emblématiques dans le rôle de Mimi de l’opéra la bohème de Puccini a elle aussi décidé de quitter la scène.





Montserrat Caballé la Superbe





Pourquoi ne parler que des chanteurs populaires ou des acteurs au moment de leurs départs de ce monde ? La musique Classique a aussi son lot de disparition, mais celle-ci reste plus discrète voire anodine aux yeux de certains. Mais aujourd’hui, en allumant mon poste de télévision, j’apprends la mort d’une personne que j’aimais beaucoup, une artiste peu commune et que l’on n'entend que sur certaines ondes radiophoniques comme «Radio Classique» (101.1) ou «France Musique» (91.7). Alors en ce jour, je rends hommage à une diva.  

La faucheuse est de retour et décime dans les rangs des artistes de renoms. Rachid Taha, Charles Aznavour et aujourd’hui Montserrat Caballé. La diva est sûrement moins connue au point de vue médiatique mais, auprès des mélomanes, elle était la voix de Mimi dans l’opéra «La Bohème» de Puccini et celle de «Norma» de Vincenzo Bellini. Son répertoire n’était pas limité à ces rôles. Elle chantera tous les grands rôles-titres de Verdi à Richard Strauss en passant par Meyerbeer et Vivaldi. Sa tessiture de voix pure avec sa longueur de souffle et ses nuances la rendront célèbre dans le répertoire du bel canto et lui permettront aussi de se frotter à l’opéra baroque.

Montserrat Caballé et Marylin Hornes
Mais La Caballé était surtout un personnage attachant, une diva sans les caprices qui vont parfois avec. Toujours le sourire et même un rire inimitable, en un mot, une femme qui attirait tout de suite la sympathie, elle avait du charisme. La complicité sur scène avec ses partenaires, entre autre avec sa grande copine Marylin Horne la mezzo-soprano américaine (Sur You Tube, il y a une vidéo du duo «Belle nuit» également connu sous le nom de «Barcarolle des comptes d’Hoffman» d’Offenbach où les deux chanteuses s’amusent comme des petites folles).
Mais Montserrat Caballé n’était pas une personne comme tout le monde, autant la Callas et les autres resteront dans leurs registres, autant elle va sortir des sentiers battus et va flirter avec le rock’n’roll. En 1997, elle va enregistrer un album de duo «Friends for Life» où elle chantera «Bohémian Rhapsodie» en duo avec Bruce Dickinson le chanteur d’Iron Maiden, aussi avec Vangelis, le groupe de Hard rock Suisse Gotthard, Gino Vannelli, Johnny Logan et même Johnny Hallyday. L’album se terminant par le «Barcelona» en duo avec Freddy Mercury et qui deviendra l’hymne des jeux Olympiques en 1992 à Barcelone.

Personnellement, j’aime ces chanteuses à belle voix qui ne se la joue pas façon «Diva» Castafiore. Je pense notamment à deux légendes du lyrique : Teresa berganza ou Jessye Norman
La Superba» était l'une des dernières représentantes de la tradition des divas plantureuses que l'on ne voit plus guère de nos jours et dont les voix ensorcelantes donnaient malgré tout une poignante crédibilité à des personnages de frêles héroïnes*. Sa disparition  sera un vide difficile à combler dans l'univers lyrique.           

* Quelques jeunes héroïnes : Salomé de Richard Strauss, Mimi de la bohème de Puccini, Marguerite dans le Faust de Gounod, Cléopâtre de Massenet...


- Clauuuuuuuuuude… J'ai besoin des lumières du Toon… J'écris le RIP pour Montserrat Cabalé…
- Ah oui, tu veux quelques souvenirs, on évoque…
- Ouaip ! Je te passe le clavier…

D'abord un souvenir : 1981, le dernier acte du Crépuscule des Dieux de Wagner en version de concert au Palais des congrès de paris. Montserrat Chante Brunehilde. À la direction : Zubin Mehta face à l'Orchestre de Paris. Quelle conviction pour ce rôle que la dame ne pouvait guère chanter sur scène en raison de sa corpulence ! Les Dieux n'ont aucune chance face à la guerrière de Barcelone transformée en Walkyrie justicière implacable…
Peu de disque avec la diva sur mes rayonnages, je ne suis pas trop un fan d'opéra, mais une belle Aida (encore une jolie esclave) avec Riccardo Mutti.

Montserrat Caballé, c'est aussi cette voix puissante, mais aux aigus pourtant aériens. 

Avec Pat on choisit les extraits, j'insiste pour Morgen de Strauss, un lieder crépusculaire avec accompagnement de piano discret. Elle chanta aussi Salomé du même Richard Strauss sous la direction de Leinsdorf en 1968. Un disque de studio culte, les aigus déments (dans tous les sens du terme) faisant miracle pour ce rôle vénéneux de nymphomane sadique et hystérique … (Tiens j'ai trouvé une vidéo). La chanteuse n'hésita pas à chanter le personnage sur scène ; une épreuve d'endurance physique redoutable comme je l'avais expliqué dans le commentaire consacré à cet opéra exigeant.

- Allez Pat, on se console, et on écoute Morgen avant que je retourne voir Bruckner…






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