mercredi 24 octobre 2018

MARAGOLD (2014), by Bruno



      Et voilà ! Voilà ! Putain, mais dans quel monde on vit, nom di diou ! On a l'impression de ressasser sans cesse les mêmes choses, mais pourtant, il faut bien admettre qu'actuellement, en général, la "musique" qui a les faveurs des médias, c'est d'la merde.
Certes, on dit bien que tous les goûts sont dans la nature ...ce n'est que partiellement vrai, car, en vérité, la merde, ça reste de la merde. Et à moins d'avoir un pète au casque, personne n'aime ça. Mais apparemment, le monde sombre progressivement dans la folie la plus totale.



     Il y a tellement de "professionnels" sur-médiatisés - que l'on retrouve en plus dans des rôles d'acteurs, on se demande bien pourquoi  - qui n'ont d'autre mérite que d'avoir une belle plastique (de cachetonneuse décébrée) pour certains, et surtout de suivre à la lettre les préceptes de leur management.
   Enfin, c'est à croire que tout le monde joue la même chose, dans les mêmes fréquences, et de plus en plus, sans harmonie ou respect du rythme.

     A croire que personne d'autre n'aurait assez de talent pour prétendre à ce que les majors, les têtes pensantes, l'Etablishement, daignent faire le moindre effort pour, non pas les promouvoir - faut pas rêver -, mais au moins leur donner un temps d'antenne. Au moins leur donner une chance en distribuant normalement leurs disques.
     Parce que lorsqu'un groupe de l'acabit de MARAGOLD passe totalement inaperçu, et que son disque n'est plus disponible qu'en téléchargement, c'est une injustice manifeste.

     Et pourtant, l'un des membres a côtoyé, et côtoie encore, des vedettes de la muzak qui inondent la radio et les "chaînes musicales". Il aurait pu avoir droit à un minimum de respect. Cet homme a joué pour des "bancables" tels que Rhianna, Michael Jackson et Justin Timberlake. 😝 Eurk
Mais non. Il faudrait qu'il reste sagement à sa place et se cantonne à son rôle de mercenaire. Sorti de sa sphère, du rôle que l'on lui impose, il ne compte plus. On lui tourne le dos. Il s'agit cependant de Greg Howe. Un musicien exceptionnel. Un virtuose unanimement respecté dans le monde de la guitare et qui, dès les années 80, avait déjà interpellé les amateurs de guitare virtuose.


     Bien sûr, la nature de son travail dans le milieu de la Pop commerciale - plus précisément de la "musique de laboratoire" - est alimentaire. Parallèlement, il n'a jamais cessé de jouer la musique qu'il aime, sans jamais se soucier des éventuelles retombées financières. Un impératif pour garder toute sa raison, son équilibre. En plus des concerts, il y a ses disques de fusion, de jazz, de rock, qui sont totalement hermétiques pour le public de ses employeurs.

     Un jour, avec son ami le bassiste Kevin Vecchione, ils mettent sur la table le projet d'un véritable groupe de Rock. Quelque peu lassés du tout instrumental, ils voulaient retrouver la satisfaction de composer et d'interpréter des chansons. Soit une entité regroupant plusieurs membres dont chacun a son importance, et non plus un projet personnel - ou en duo, comme il a déjà fait avec l'ami Richie Kotzen - avec une troupe qui suit derrière.
     Howe contacte Gianluca Palmieri. Un batteur Italien qui a joué sur son album "Sound Proof" (2008), et qui depuis l'a accompagné à maintes reprises dans ses tournées européennes (et plus tard américaines). Il a aussi accompagné la chanteuse de Soul-blues Shayan Steele. Et, à ses moments perdus, il cuisine pour le groupe. La fibre italienne.
     Il ne manquait plus qu'un chanteur pour compléter le groupe de Rock. Ils en trouvent bien un en la personne d'Elvio Fernandes, seulement, avec d'autres projets musicaux en cours, il ne parvenait pas à s'impliquer suffisamment dans l'aventure Maragold.
 

   Vecchione
se souvient alors de ce soir, à Deleware, où il tomba par hasard sur un groupe de reprise dont la performance vocale de la chanteuse l'avait enthousiasmé. Ils rencontrent la dite personne et non seulement elle passe l'audition aisément, mais humainement, il y a aussi une connexion. Des liens d'amitiés se créent.
Meghan Krauss complète donc l'équipe.
A eux quatre, ils réussissent à créer une entité assez originale mêlant le Rock, bien sûr, mais aussi la Soul, le Blues-rock, et un soupçon de Pop. Evidemment, avec son large passé dans le domaine, quelque fois surgissent quelques phrasés de Jazz-rock.

     Alors évidemment, le jeu de Greg Howe explose et brille de mille feux ; il crève les enceintes. C'est un feu d'artifice de Funk Hendrixien, de Blues-rock à la Scott Henderson, et de Heavy-rock imaginatif à la Ty Tabor. Et plus encore. Avec sa gratte au timbre Fenderien, entre un son clair sur-puissant et tranchant et une douce overdrive, il est un acrobate, funambule jonglant incessamment avec des arpèges alambiqués, des riffs affûtés et des soli vertigineux. Une pratique de virtuose effectuée avec une fluidité déconcertante. Incroyable qu'il soit depuis ce siècle "oublié" des classements des meilleurs guitaristes au profit de bruyants crâneurs. (Et ce n'est hélas pas le seul)
Greg Howe développe un son assez épuré, souvent dénué d'effet. Même ceux de saturation, habituellement inhérent au genre, ne sont utilisés qu'avec parcimonie, juste pour un solo, ou un mouvement particulier. Toutefois, même s'il dit aimer un son "clean", se branchant parfois directement dans l'ampli, son arme secrète est une simple Carl Martin Plexi Tone (1) avec un drive modéré (entre 9 et 11 h). Il module aussi beaucoup sa tonalité et son timbre en jouant sur les potentiomètres de ses guitares. C'est un maniaque du son qui utilise un épais élastique à cheveux qu'il déplace au besoin le long du manche pour éviter la résonnance intempestive de cordes à vide. Paradoxalement, c'est un utilisateur de la Whammy DT (c'est un fan de Rage Against the Machine) et s'ensuivent, à deux reprises, des soli bizzaroïdes, un peu irritants (celui de "Boom Boom Tap (Dance On)")
Cependant, en dépit de la présence d'un ex-shredder, guitar-hero internationalement confirmé, virtuose du jazz-rock, technicien hors-pair, en aucune manière Maragold n'est le faire valoir d'un guitariste égocentrique qui noierait la musique du groupe sous quelques prouesses hors-sujet et d'interminables soli.

     Sinon, ce qui saute au visage, ou plutôt aux oreilles, c'est cette voix, éraillée, nicotinée et puissante. Une pure voix de Heavy-soul-blues qui pourrait s'inscrire en héritage des Lynn Carey, Rosemary Butler, Inga Rumpf et Lynda Pense. Voire de Sass Jordan. (lien). Plus rien ne transparait de sa formation de chant classique, d'opéra.
Meghan Krauss pourrait être l'équivalent dans la chanson des combattantes telles que Ronda Rousey, Holly Holm et Heather Hardy. Intrépide, forte, valeureuse, et pugnace, affichant une confiance en soi qui pourrait être prise pour de l'arrogance, et qui ne renie pas pour autant sa féminité.
 

   Et comme il s'agit d'un groupe à part entière, digne des grandes formations des seventies où chacun avait un rôle déterminant, comme si chacun était une solide et large colonne soutenant l'imposant entablement d'un temple païen, la section rythmique est créative, allant au-delà du simple souci de cohésion. Certes, la guitare demeure l'instrument principal autour duquel s'articulent la basse et la batterie, mais ces dernières, en particulier la basse de
Vecchione, sont d'un tel niveau que l'on peut parfois occulter le chant et la guitare pour s'en délecter. D'ailleurs, Maragold n'est rien d'autre qu'un solide power trio sur lequel s'est greffé une chanteuse.
Souvent Gianluca Palmieri se dévoile aussi nerveux et alerte qu'un Keith Moon, en plus funky, voire qu'un Neil Peart, tandis que Kevin Vecchione s'inscrit dans la continuité des bassistes talentueux, qui n'ont pas besoin de gesticuler dans tous les sens pour faire preuve de leurs compétences, tels que Jack Bruce, John Paul Jones et John Entwhistle. Bref, un power trio de professionnels de la note fondamentale et du groove implacable.

     Dès "Evergreen is Golder", Howe tranche l'espace avec un riff affuté comme un scapel, et Krauss telle une panthère, où la grâce se mêle au danger. Et derrière, les deux porte-flingues déblayent le terrain, leur traçent un parfait chemin pour leurs mélodieuses circonvolutions. Avec des scuds comme "Saturday Sun" (presque tapageur), "Lullaby" (plus Power-pop), "Magic Pain" (avec une aura Zeppelienne), "Oracle" (entre Classic-rock et Nü-metal mélodique), "Paradigm Tsunami", Maragold confectionne, avec un talent digne d'une confrérie regroupant maîtres forgerons, joailliers et horticulteurs, des couronnes d'acier et de fleurs. Quoi-que le dernier fasse plutôt dans le genre "destroyer", ou "panzer". Avec une touche funky féroce.
     On retrouve aussi des perles plus intimistes, plus sentimentales, dans le style power-ballad typique des groupes de Heavy qui "écoutent aussi leur coeur".  - Oh, comme c'est chou -. Ouais, sauf qu'il n'y a rien de commercial, pas de passage obligé ou de concession ici. Maragold est un groupe totalement indépendant et son oeuvre en est le reflet sans équivoque. C'est sans doute pour cela qu'il n'a été aucunement médiatisé. En dépit de son indéniable qualité.
   Ainsi donc, "Cry" casse quelque peu les codes en placant un riff entre descente en sweeping et chorus jazzy, que seules des mains arachnides peuvent réaliser sans buter lamentablement, et qu'il bouscule par quelques power-chords. Pour le refrain, il enclenche une grosse disto pour un plan bluesy mélodique en accords ouverts dans la mouvance Hendrixienne. Une pièce qui aurait été improvisée en studio pour remplir un peu l'album (!). (j'ai fracassé ma guitare !)
Tandis que "Story's Ending" serait presque conventionnelle. Howe sort l'acoustique ... cependant, là encore, loin des arpèges consacrés, il tisse une toile irisée qui évoque l'univers de Pierre Bensusan. Cependant, le morceau explose sous la tension d'un trop plein d'énergie qu'il ne parvient pas à contenir.

     Du Heavy-rock inventif, émotionnel, parfois épique, vivifiant, et foncièrement humain.
L'influence de King's X semble planer sur cet album. Même Meghan Krauss évoque bien des fois le chant particulier de Dug Pinnick. Curieusement, alors que des milliers de kilomètres les séparent, il y a beaucoup d'affinités avec le magistral album "Call of Fate" du groupe Sud-africain Pebbleman, sorti la même année.
Un seul regret. Qu'il n'y ait pas eu de suite. Pourtant, enthousiasmé et entièrement satisfait du groupe, Greg Howe n'a pas manqué de baptiser une tête d'ampli confectionnée avec DV Marks, Maragold.
Il existe d'ailleurs d'autres chansons déjà enregistrées qui dorment quelque part. Wait and see.




(1) Plus tard, Carl Martin va lui concocter une copieuse pédale 3 en 1. La Greg Howe's signature Lick Box, cumulant un boost, une overdrive (crunch) et une disto (High Gain). Très polyvalente, et simple d'utilisation, elle sonne du feu de dieu. Désormais intégrée à son pedal board, il ne s'est pas pour autant séparé de sa Plexi Tone.


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2 commentaires:

  1. Meghan Krauss, elle a un lien de parenté avec Alison Krauss qui a chanté avec Robert Plant?
    Et Greg avec Steve Howe de Yes?

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    1. Je me suis également posé la question. D'autant plus que Meghan a un petit quelque chose d'Alison, tout en état nettement plus "rock'n'roll". J'avais même fait quelques recherches en ce sens. Mais Meghan est née dans l'état de Washington, et Alison dans l'Illinois.
      Et je crois bien que cette dernière n'a qu'un frère.

      Quant à Steve Howe ... :-) elle est bien bonne

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