mardi 23 octobre 2018

HIGELIN - CAVIAR ET CHAMPAGNE (1979) - par Pat Slade



Jacques Higelin a toujours eu le génie de faire des albums qui «dérangent» ou plutôt qui vont marquer l’histoire et qui resteront des classiques dans leurs genres.






Un Caviar Beluga…





Jacquot a toujours été un artiste qui aimait brouiller les pistes. En 1979, il sortait deux albums, «Champagne pour tout le monde» et «Caviar pour les autres…». Mais comme s'il prenait un malin plaisir à tromper son public. Il sortira «Caviar…» avant «Champagne…». De plus le second était d’un format un peu plus grand pour pouvoir insérer à l’intérieur le premier (pff ! Merci doliprane !).

Jacques et Kuelan
Parler de ces deux albums, c’est comme s’attaquer à une partie du patrimoine de la chanson française par la face nord. Il va s’entourer de musiciens avec qui il avait déjà joué à Mogador comme Micky Finn, Michael Suchorsky et les frères Guillard et il prendra un bassiste de renom avec Bernard Paganotti ex Magma, et qui accompagnera pléthore d’artistes de renom, de Bill Deraime à Véronique Sanson en passant par Mylène Farmer et Francis Cabrel.

«Champagne…» et «Caviar…» : deux albums pour le prix d’un avec tous ses titres qui feront la renommée du gars Higelin. «Caviar…» c’est une mise en bouche pour la suite, un apéro, un amuse gueule servi sur un blinis. Tout part avec «Mama Nouvelle Orléans» un titre complètement barjot et la nouvelle étiquette d’un Higelin qui se démarque de son dernier album «No Man’s Land». Un fougueux rock limite hard avec «Trois tonne de T.N.T». Des morceaux complètement déjantés, haut en couleurs, mais Jacques a toujours de magnifiques morceaux dans sa besace et «Ci-gît une star» nous apporte un peu de calme. Il est sûr qu’Higelin a dû se gaver de Bo Diddley à une époque quand on écoute «Avec la rage en d’dans», les rythmique étant très proches du Diddley Beat créé par ce dernier.  

«Je ne peux plus dire je t’aime», une cloche sonne au loin et les grenouilles du château d’Hérouville accompagnent le morceau. Un des plus beaux morceaux de l’album. Il fera un beau duo de cette chanson avec Isabelle Adjani en 1982. «Beau, beau ou laid» et il repart dans ses délires de rock fort, un morceau que l’on retrouvera dans la B.O du film «La Bande du Rex» ou Jacques «Frankie Mégalo» Higelin le jouera avec le groupe Strychnine. «Entre deux gares» est un petit intermède musical qui nous rappelle bien qu’il aimait  l’ambiance des gares ; Il avait déjà parlé de celle de Nantes dans «La rousse au chocolat» et plus tard de celle d’Angoulême avec «Rendez-vous en gare d’Angoulême». «Le fil à la patte du caméléon» ; sûrement pas le meilleur morceau, mais encore un délire psychosympathique (Je sais ! C’est un mot qui n’existe pas !) de Jacques qui est surement le seul à avoir enregistré la voix d’un mainate (Qui s’appelle Omer) sur un disque. On peut aussi trouver Elisabeth Wiener dans les chœurs, mais elle interviendra aussi dans d’autres titres. «Rappelle-Moi» Encore un rock déglingué de l’histoire d’un gars qui attend un coup de fil de sa nana ! «On a Rainy Sunday Afternoon» une belle chanson d’amour avec une mélodie très proche de «Un Aviateur dans l’Ascenseur». Fin du premier chapitre qui sera enfin de compte le second et le premier qui… ! Mais je l’ai déjà expliqué je crois, non ? 




…Et du Champagne millésimé !






«Champagne…» sera l’album de tous les succès d’Higelin sur scène et déjà le morceau titre qui va être un gros succès et restera classé dans le hit-parade pendant treize semaines. Sa durée, plutôt modeste (4:31), ira jusqu'à dépasser les huit minutes en live, le paladin et bondissant Jacques avait toujours tendance à rallonger ses morceaux sur scène et à improviser pour la plus grande joie de son public. Même chose pour le suivant «Cayenne c’est fini» Le bruit des chaînes et des marteaux des forçats et d’autres plus incongrus que l’on interprétera comme on le voudra. Un rythme des îles très lent avec le son d’un kalimba, ce qui est marqué sur l’album, mais je trouve que ça sonne plus comme un hang drum, un instrument de musique ressemblant à deux wok retourné et fixé l’un à l’autre.   

«Tête en l’air» Encore un morceau léger et festif qui en scène pouvait durer. Alors que sur l’album il ne durait que trois minutes et des brouettes, à Bercy en 1985 (Quel concert !!) il en fera son morceau d’entrée en scène avec la présentation des musiciens et sa durée sera multiplié par deux. Les trois titres suivants seront les délires du maître Jacques. «Dans mon aéroplane blindé» Une histoire complètement barré dans un délire entre Charles Lindbergh, Amélia Earhart et un clin d’œil à Saint-Exupéry et «Le petit prince» au final avec la voix de Ken Higelin. «Ah la la quelle vie qu’cette vie» avec que des rimes au raz des pâquerettes, une chanson qui n’a ni queue ni tête mais qui a une belle orchestration.

Elisabeth Wiener
«L’attentat à la pudeur» : un trio délirant à la Guitry avec la femme, son frère (Un peu maquereau sur les bords !) et son mari. On ne frise même plus l’inceste, nous sommes en plein dedans. Elisabeth Wiener et sa voix entre la chanteuse classique et la rockeuse et Jean Derrien connu comme guitariste avec Dan Ar Bras et Patrick Abrial. Les turpitudes d’une femme avec son frère (Higelin) et l’arrivée du cocu, Jean Derrien chante comme un baryton d’opéra qui n’aurait jamais fait d’atelier lyrique. De l’humour, une musique speed, il n’y avait que lui pour pondre un truc pareil. Et puis vint «Hold Tight (Sea food)», un petit jazz ragtime en anglais que Jacques n’avait pas prévu de mettre sur l’album et qui n’est d’ailleurs qu’une reprise des Andrews Sisters de 1938 (Sidney Bechet sortira une version jazz cinq jours après celle des Andrews Sisters). Encore un titre d’Higelin qui fera les beaux soirs sur scène et sera rallongé en public. De ces deux minutes zéro deux de l’album studio, nous allons passer à sept minutes vingt et un à Mogador et à dix minutes quinze à Bercy. Le morceau ou Jacques s’amusait avec le public et le faisait chanter (A Bercy c’était quelques chose !).

«Captain Bloody Samouraï» écrit avec Micky Finn, toujours dans la folie rock, il avait un réel talent mélodique. «Vague à l’âme» avec un Concorde qui passe dans le ciel comme introduction, un beau et grand morceau pour finir cet album de haut vol.

Un vague à l’âme qui nous reste dans le cœur depuis que Jacques Higelin a rejoint son paradis païen.      
           



1 commentaire:

  1. Deux albums qui feront date ! Ils sont l'un et l'autre indispensables ! Il est vrai que le 45 tours "Champagne" va cartonner début 1980 pour atteindre le sommet du Hit Parade de RTL en mars 1980 sans oublier "Tête en l'air" et Hold Tight" qui feront également la joie des radios. Sur scène , Higelin était un oiseau en totale liberté ! Belle chronique !

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