Jacques Higelin a toujours eu le génie de faire des albums qui
«dérangent» ou plutôt qui vont marquer l’histoire et qui resteront des
classiques dans leurs genres.
Un Caviar Beluga…
Jacquot a toujours été un artiste qui
aimait brouiller les pistes. En 1979, il sortait deux albums, «Champagne pour tout le monde» et «Caviar pour les
autres…». Mais comme s'il prenait un malin plaisir à tromper son
public. Il sortira «Caviar…» avant «Champagne…». De plus le second
était d’un format un peu plus grand pour pouvoir insérer à l’intérieur le
premier (pff ! Merci
doliprane !).
Jacques et Kuelan |
Parler
de ces deux albums, c’est comme s’attaquer à une partie du patrimoine de la
chanson française par la face nord. Il va s’entourer de musiciens avec qui
il avait déjà joué à Mogador comme Micky Finn, Michael Suchorsky et les frères Guillard et il prendra un bassiste de renom avec Bernard Paganotti ex Magma,
et qui accompagnera pléthore d’artistes de renom, de Bill Deraime à Véronique
Sanson en passant par Mylène Farmer et Francis Cabrel.
«Champagne…»
et «Caviar…» : deux
albums pour le prix d’un avec tous ses titres qui feront la renommée du gars Higelin.
«Caviar…»
c’est une mise en bouche pour la suite, un apéro, un amuse gueule servi sur un
blinis. Tout part avec «Mama Nouvelle Orléans» un titre complètement
barjot et la nouvelle étiquette d’un Higelin qui se démarque de son dernier album «No Man’s Land». Un
fougueux rock limite hard avec «Trois tonne de T.N.T». Des morceaux
complètement déjantés, haut en couleurs, mais Jacques a toujours de magnifiques
morceaux dans sa besace et «Ci-gît une star» nous apporte un peu de
calme. Il est sûr qu’Higelin a dû se gaver de Bo Diddley à une époque quand on écoute «Avec la rage en
d’dans»,
les rythmique étant très proches du Diddley
Beat créé par ce dernier.
«Je ne peux plus
dire je t’aime», une cloche sonne au loin et les grenouilles du
château d’Hérouville accompagnent le morceau. Un des plus beaux morceaux de
l’album. Il fera un beau duo de cette chanson avec Isabelle
Adjani en 1982. «Beau, beau ou
laid» et il repart dans ses délires de rock fort, un morceau que
l’on retrouvera dans la B.O du film «La Bande du Rex» ou Jacques «Frankie Mégalo» Higelin le
jouera avec le groupe Strychnine. «Entre deux gares»
est un petit intermède musical qui nous rappelle bien qu’il aimait l’ambiance des gares ; Il avait déjà
parlé de celle de Nantes dans «La rousse au chocolat» et plus tard de celle
d’Angoulême avec «Rendez-vous en gare d’Angoulême». «Le fil à la patte du caméléon» ; sûrement pas
le meilleur morceau, mais encore un délire psychosympathique (Je sais ! C’est un mot qui n’existe
pas !) de Jacques qui est surement le seul à avoir
enregistré la voix d’un mainate (Qui
s’appelle Omer) sur un disque. On peut aussi
trouver Elisabeth Wiener dans les chœurs, mais
elle interviendra aussi dans d’autres titres. «Rappelle-Moi» Encore un rock
déglingué de l’histoire d’un gars qui attend un coup de fil de sa nana ! «On a Rainy
Sunday
Afternoon» une belle chanson d’amour avec une mélodie très
proche de «Un
Aviateur dans
l’Ascenseur». Fin du premier chapitre qui sera enfin de compte le
second et le premier qui… ! Mais je l’ai déjà expliqué je crois, non ?
…Et du Champagne millésimé !
«Champagne…»
sera l’album de tous les succès d’Higelin sur scène et déjà le morceau titre qui
va être un gros succès et restera classé dans le hit-parade pendant treize
semaines. Sa durée, plutôt modeste (4:31),
ira jusqu'à dépasser les huit minutes en live, le paladin et bondissant Jacques
avait toujours tendance à rallonger ses morceaux sur scène et à improviser pour
la plus grande joie de son public. Même chose pour le suivant «Cayenne
c’est
fini»
Le bruit des chaînes et des marteaux des forçats et d’autres plus incongrus que
l’on interprétera comme on le voudra. Un rythme des îles très lent avec le son
d’un kalimba, ce qui est marqué sur l’album, mais je trouve que ça sonne plus
comme un hang drum, un instrument de musique ressemblant à deux wok retourné et
fixé l’un à l’autre.
«Tête en l’air»
Encore un morceau léger et festif qui en scène pouvait durer. Alors que sur
l’album il ne durait que trois minutes et des brouettes, à Bercy en 1985 (Quel concert !!) il en fera son morceau d’entrée en
scène avec la présentation des musiciens et sa durée sera multiplié par deux.
Les trois titres suivants seront les délires du maître Jacques. «Dans mon aéroplane blindé» Une histoire
complètement barré dans un délire entre Charles Lindbergh, Amélia Earhart et un clin d’œil à Saint-Exupéry et «Le petit prince» au final avec la voix de Ken Higelin. «Ah la la quelle
vie qu’cette vie» avec que des rimes au raz des pâquerettes, une
chanson qui n’a ni queue ni tête mais qui a une belle orchestration.
Elisabeth Wiener |
«L’attentat à la
pudeur» : un trio délirant à la Guitry
avec la femme, son frère (Un peu maquereau sur les bords !) et son mari.
On ne frise même plus l’inceste, nous sommes en plein dedans. Elisabeth Wiener et sa
voix entre la chanteuse classique et la rockeuse et Jean
Derrien connu comme guitariste avec Dan Ar Bras et Patrick Abrial. Les turpitudes d’une femme avec son frère (Higelin) et l’arrivée du cocu, Jean Derrien chante
comme un baryton d’opéra qui n’aurait jamais fait d’atelier lyrique. De l’humour,
une musique speed, il n’y avait que lui pour pondre un truc pareil. Et puis
vint «Hold
Tight
(Sea food)», un petit jazz ragtime en anglais que Jacques
n’avait pas prévu de mettre sur l’album et qui n’est d’ailleurs qu’une
reprise des Andrews Sisters
de 1938 (Sidney Bechet sortira une version jazz cinq
jours après celle des Andrews Sisters).
Encore un titre d’Higelin qui fera les beaux soirs sur scène et
sera rallongé en public. De ces deux minutes zéro deux de l’album studio, nous
allons passer à sept minutes vingt et un à Mogador et à dix minutes quinze à
Bercy. Le morceau ou Jacques s’amusait avec le public et le faisait
chanter (A Bercy c’était quelques chose !).
«Captain
Bloody Samouraï»
écrit avec Micky Finn,
toujours dans la folie rock, il avait un réel talent mélodique. «Vague à l’âme»
avec un Concorde qui passe dans le ciel comme introduction, un beau et
grand morceau pour finir cet album de haut vol.
Un
vague à l’âme qui nous reste dans le cœur depuis que Jacques Higelin a rejoint son paradis
païen.
Deux albums qui feront date ! Ils sont l'un et l'autre indispensables ! Il est vrai que le 45 tours "Champagne" va cartonner début 1980 pour atteindre le sommet du Hit Parade de RTL en mars 1980 sans oublier "Tête en l'air" et Hold Tight" qui feront également la joie des radios. Sur scène , Higelin était un oiseau en totale liberté ! Belle chronique !
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