Ce titre à rallonge est sans
doute un des plus célèbres (avec le Woody Allen "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe, sans jamais oser le demander") mais sait-on qu’il s’agit d’un scénario original de
Jacques Demy, le papa des Demoiselles de Rochefort et de Peau d’Ane ? Et qui dit Demy
dit Legrand, Michel Legrand, dont évidemment les violons inondent la bande
son ! Mimi Mathieu y pousse la chanson du générique, on
la reverra dans le film, en concert, durant lequel Marco a ses premières bouffées
de chaleur !
Marco est moniteur
d’auto-école, en couple avec Irène, coiffeuse. Et il a comme qui dirait un léger souci
de digestion, des ballonnements, estomac gonflé… Il consulte son
médecin (Micheline Presle impériale, qui clope en auscultant son
patient !), qui l’envoie recta chez un gynéco : il semblerait que Marco soit
enceint de 4 mois !
Marco c’est Marcello
Mastroianni, brave type, gentil comme tout, et Irène, c’est la pétulante
Catherine Deneuve, dont la garde de robe bariolée semble venir du vestiaire de
Peau d’Ane, comme les papiers peints criards de leur appart ! Jacques Demy y va toujours fort sur la palette de couleurs ! Irène
est inquiète du mal qui ronge son homme, mais une fois au courant du secret,
humiliée plus qu'affolée, elle exige : « Tu m’as trompée avec
qui ??!! ». Si Marco
est enceint, qui est le père ?! Passée l'hypothèse d'une liaison amoureuse (avec un autre homme ?!), les huiles de la médecine penchent pour un empoisonnement. En 1973, le film dénonce déjà la malbouffe industrielle, le fameux poulet aux hormones : Marco
aurait été victime d’un transfert d’hormones !
Le film verse souvent dans la satire. Le gynéco se voit déjà prix Nobel de médecine pour sa découverte, il écume les plateaux télés, présente Marco comme son « ami et client » devant la Faculté de médecine ! La presse en prend aussi pour
son grade, qui jette en pâture les noms d’Irène et Marco. Les publicitaires s’emmêlent, et la société Prénatif y voit
l’opportunité de créer une ligne de vêtements de grossesse pour homme, propose de verser au couple une petite rente, qu'Irène s'empresse de négocier à la hausse pour acheter un nouveau salon
de coiffure !
Le film verse souvent dans la satire. Le gynéco se voit déjà prix Nobel de médecine pour sa découverte, il écume les plateaux télés, présente Marco comme son « ami et client » devant la Faculté de médecine !
Jacques Demy filme des scènes
drôles, cocasses, comme le rêve de l’accouchement sur un billard, comme ces
autres hommes qui souffrent des mêmes symptômes,
l’ouvrier sur son chantier, l’agent de police faisant la circulation, ou
Marco devant abandonner son job de moniteur car il ne peut plus s’asseoir
derrière son volant ! Il y a une discussion au salon de coiffure entre Irène
et ses clientes qui plairait à Marlène Schiappa : enfin la véritable égalité homme-femme ! On
discute aussi dans les bars, les copains de Marco s’interrogeant d’abord sur
son orientation sexuelle, puis plus sérieusement sur la gestion des arrêts de
travail !
C’est sans doute la
limite du film. Jacques Demy propose un divertissement fantaisiste, lance des pistes, mais il n’y a qu’un seul point de vue. Tout le monde semble
trouver la situation normale. Inédite, troublante, certes, mais on s’y
fait. Comme le dit son médecin à Marco : "Si c'est grave ? Non, c'est pas grave, c'est juste... déroutant". Pas de voix discordantes y compris dans une
séquence de débat télévisé, où tout le monde semble être du même avis, comme au
sein de la communauté médicale.
Le scénario manque de
développements, une fois la situation acceptée, le récit tombe en panne.
L’idée de départ est rigolote, originale, à l’image du film, qui se veut
davantage un divertissement qu’une satire sociale au vitriol. Un cinéaste comme
Marco Ferreri aurait sans doute dynamité tout ça ! De même, l’épilogue
fait long feu, Jacques Demy ne sachant trop comment conclure, et sur quel ton.
Le plaisir vient beaucoup de la
distribution : Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni [le plus grand acteur du monde avec Piccoli, Michel Simon et James Mason... et James Stewart. Et Al Pacino... Et tous les autres] sont impeccables
- le couple était marié à l’époque. Mais on appréciera aussi une galerie 5 étoiles
de seconds rôles : Gilbert Melki, Maurice Biraud, André Falcon, Micheline
Presle (sa fille Tonie Marshall dans une apparition) Micheline Dax, Michèle
Moretti, Alice Sapritch en théâtreuse snobinarde.
Le film est daté, aussi par ses
tics de mise en scène, mais le sujet est suffisamment original et les acteurs
si formidables, qu’on passe un bon moment. Est-ce par soucis des convenances,
ou un clin d’œil ironique : quand Marco se sait enceint, il se demande s'il ne doit pas épouser Irène ! On se demande comment une telle idée de
scénario n’avait pas été développée avant (il s’agirait d’une idée d’Agnès
Varda et Deneuve qui en discutaient en rigolant), et n’a jamais été reprise
depuis. Le même sujet traité aujourd’hui, en gardant cette fibre humoristique
mais en y incorporant les questions sociétales du moment, devrait peser son pesant de couche culottes. Mais risquerait de faire sortir La Manif pour Tous du bois...
couleurs - 1h35 - format 1:1.66
Je me souviens de ce truc. ça avait fait le buzz, pas sur instagram, plutôt au JT d'une des deux ou trois chaînes (en noir et blanc) de télé de l'époque...
RépondreSupprimerA part mimi mathy engagée aux lakers de L.A., je vois pas une idée de scénario plus stupide ...
Jamais vu, pourtant avec deneuve et mastroianni, ça doit être regardable ...
dans la liste des meilleurs acteurs du monde tu as oublié franck dubosc et clovis cornillac ...