- Et bien M'sieur Claude… Vous
vous prenez de passion pour le monde du western, c'est M'sieur Rockin qui vous a
refilé le virus ?
- Oui, il y a de ça Sonia,
depuis son papier sur Django, le nanar italien culte et poilant, pas celui de
Tarantino. Ça me change des polars, thrillers SF, comédies ou drames…
- Le grand Clint Eastwood
en vedette et John Sturges à la réalisation, ça doit être un must à tous les coups.
- Non, pas vraiment. Mais
en 85 minutes tout est dit… Évidement, de Sturges on attend beaucoup, sans doute
trop… Et puis la photographie est magnifique, soirée sympa !
Joe aime boire sa bière peinard... |
Le
scénario reprend vaguement le synopsis des 7 mercenaires.
La situation est inversée. Des colons Yankee - plutôt une bande tueurs - sous la
coupe réglée de Frank Harlan (Robert Duvall), veulent s'emparer des
terres d'une communauté mexicaine, et cela par tous les moyens, de préférence
les pires. Contrairement aux vulnérables fermiers du chef-d'œuvre de 1960, les mexicains
ne s'en laissent pas compter et ont pris le maquis, armes à la main et sous le
commandement du charismatique (pas tant que ça) Luis
Chama (John Saxon) soutenu par Helen Sanchez
(Stella
Garcia).
Question suspens, c'est maigre, l'affaire est entendue : une lutte sans merci et sans doute Frank Harlan six pieds sous terre avant le
générique de fin. Rien de bien original.
Au
sujet des copier-coller et des remakes de scénarios (ici, on le doit à Elmore Leonard),
j'ai vu la semaine passée les 7 mercenaires
de 2016. Bof ; budget pharaonique,
acteurs cosmopolites au top certes, mise en scène nerveuse, photographie léchée, mais…
160 morts sur 200 protagonistes et 34 527 cartouches. Ce n'est plus un western,
c'est la bataille sanguinaire d'Austerlitz à son paroxysme. En un mot les
dérives outrancières de notre temps, côté violence.
Bref,
reprenons le film à son début.
Helen et Joe qui a changé de camp |
Beau gosse, fine gâchette et sans aucun scrupule. Eastwood cultivait ce profil en ces années 70, un
personnage rebelle standardisé, tant dans les westerns, que pour la série
des inspecteurs Harry. Il avait tourné deux ans avant
Sierra Torride
ou le dilettante et caustique cow-boy faisait équipe avec Shirley Mac Laine, une pseudo
religieuse qu'il sauve d'un viol en réunion = 3 macchabées. Une aventure pittoresque tournée par Don Siegel et émaillée de saillies
dignes d'un Audiard.
Siegel qui persuadera Eastwood
de passer de l'autre côté de la caméra. Excellent conseil qui nous apportera
des perles, de Pale rider à Impitoyable, des modèles du western crépusculaire avec un
Eastwood métamorphosé en héros solitaire,
dépressif et justicier, certains diraient sadomasochiste.
Un
détachement de mexicains survoltés menés par Luis
Chama et Helen Sanchez déboule en ville en défouraillant à tout va pour libérer deux prisonniers, membres
de leur bande, et qui partageaient la cellule du Kidd.
Suite à une embrouille à coup de gamelle de soupe sur la gueule qui a eu lieu lors
de l'incarcération, l'un des ex taulards humilié par Joe
file alors au saloon pour lui régler son compte. Mauvaise idée. Joe a horreur qu'on le dérange quand il
sirote une bière. Il l'abat, ce qui lui attire la haine de Luis
Chama qui a ainsi perdu l'un de ses comparses. Chama ira se venger dans la ferme de Joe, torturant son ami et tuant ou volant ses
chevaux… Seconde Mauvaise idée ! Joe
avait refusé la proposition de Frank Harlan
de lui servir de guide pour débusquer Chama
et l'abattre contre le paiement de l'amende de 10 $ et surtout une prime de
1000 $. Il change d'avis, et Joe, Frank
et ses porte-flingues crétins partent
à la chasse à l'homme.
Frank (Robert Duvall) le mauvais tireur ! |
Pas
vraiment d'originalité, mais il ne faut pas jeter ce western aux orties. Tournées
en cinémascope, les images sont magnifiques, la reconstitution des villages
yankee ou mexicains étant très élaborée. Et puis le film apporte son lot de surprises.
Robert Duvall
en psychopathe ; l'acteur n'a pas souvent tenu de rôle de fripouille (même dans
Le Parrain, il est mesuré). Le personnage incarné par Eastwood conserve cette insolence
teintée d'humour noir, sans compter les répliques picaresques qui font mouche,
tout ce qui construisit la légende du bonhomme. Si Sturges
a un peu perdu la main, la narration est rigoureuse. Quelques idées insolites :
les fusils à lunettes de visée. Nous sommes en 1896, oui, j'ai vérifié,
l'invention date de 1835-40. Et puis le gag digne d'un western spaghetti : la
locomotive colorée qui traverse de part en part le saloon 😀. L'idée de la cruche pendulaire pour assommer un garde émerge d'un western italien, à l'évidence.
Une
bonne soirée, un film très honorable et mené tambour battant. Il est bien
réédité en DVD et même en Blu-Ray, c'est un signe. Quant au shériff pourtant
intègre, il prendra un bourre-pif conclusif pour avoir osé embastiller Joe. Le Clint ne changera jamais… On
raconte qu'il était dépressif lors du tournage. Ça ne se voit pas.
La bande annonce en VO et quelques plans choisis :
La bande annonce en VO et quelques plans choisis :
Robert Duvall, dans Mash, il repart quand même avec une camisole de force après avoir cédé aux provocs de D Sutherland, s'être fait ridiculisé au pieu avec lèvres en feu et s'être dédouané de la mort d'un patient...
RépondreSupprimerridiculisER...!
RépondreSupprimerWaouh Juan... Je n'ai pas vu Mash depuis... 40 ans voire plus...
RépondreSupprimerRobert Duvall a reçu un Oscar pour son second rôle dans "Apocalypse Now" dans lequel il balance "j'adore respirer l'odeur du napalm le matin"
En effet, peut-être pas que des rôles de bon père de famille :o)
Merci et bonne journée.
Ah le nettoyage de la plage dans Apocalypse Now pour pouvoir surfer...Le Clash a fait une chanson qui s'en inspire: Charlie don't surf, sur l'album Sandinista, ça fait partie de mon classique à moi...
RépondreSupprimerBonne soirée Claude