lundi 10 septembre 2018

UN COLT POUR TROIS SALOPARDS de Burt Kennedy (1971) - par Claude Toon




Rufus, Emmet et Frank Clemens
Petit après-midi caniculaire pour petit retraité… Tiens sur ciné action un petit Western (85 minutes). Je suis moins fan que Rockin' mais le synopsis (une femme veut se venger de trois gangsters cruels et pathétiques) me séduit a priori par ce côté féministe. L'affiche US de ce film de 1971 montre une Raquel Welch sexy (peut-être trop musclée des cuisses). Le casting est attirant : Raquel Welch au risque de me répéter, Ernest Borgnine toujours excellent dans ses rôles, surtout les pourris cradingues et limités intellectuellement, et une surprise : Christopher Lee, LE Dracula de La Hammer et 200 rôles environ au compteur, une légende du cinoche dont ce film lui offrira sa seule prestation dans l'univers du Western.
Ça tourne…
Un trio de bandits (vus leurs looks) débarque dans la ferme de Hannie Cauder (Raquel Welch) et de son mari recherché (750 $) par la police. Ils ne doivent pas le savoir car ils tuent le mari, puis violent en réunion Hannie et brûle la ferme. Charmants garçons ! Faisons les présentations des frangins Clemens (oui un trio de frères sur la mauvaise pente depuis leur naissance).
Hannie et Robert
Emmet (Ernest Borgnine), Frank et Rufus Clemens en dehors d'être des brutes et des tueurs sans pitié sont stupides, vivotent de coups de mains et de larcins souvent foireux (attaque ratée d'une diligence, dynamitage d'un coffre de banque où ils sentent le roussis et où les dollars ont brulé…) Vous voyez le genre. Emmet essaye de gérer sa fratrie de débiles légers mais sanguinaires dans laquelle les frictions sont nombreuses. Ils sont bien entendu "Wanted" morts ou vifs mais le Shériff du comté laisse courir. (Ben, on l'excuse, comme moi, il n'a qu'une peau.) Tandis que Hannie enterre son mari, survient Robert Culp (Thomas Luther Price), digne et droit, vêtu de noir sur son destrier (style chevalier un peu moyenâgeux). Il s'agit d'un chasseur de prime venu capturé le mari de Hannie. Distingué certes, mais le fric est le fric, et il va déterrer le cadavre pour récupérer la prime. Hannie le supplie de l'aider à se venger et à retrouver pour les buter les trois salopards (d'où le titre, traduit de Hannie Caulder). Robert Culp décline l'offre d'autant qu'à part un poncho qui laisse entrevoir sa nudité totale, Hannie n'a plus rien à offrir à ce type vénal. Hannie a la tête dure et suit dans le désert le gars qui finit par accepter de lui apprendre à tirer…

Ce film produit en Angleterre mais réalisé par Burt Kennedy, un vétéran US du western, sera tourné en 1971, après la série des westerns spaghetti de Sergio Leone qui ont révolutionné le genre et donné un rôle plus important à la femme (Claudia Cardinale dans il était une fois dans l'ouest, encore une histoire de vengeance donc après l'assassinat d'un ou plusieurs proches). Le film est beau, en cinémascope de qualité. Certes la narration est très linéaire, le suspens restreint, l'humour noir assez banal, mais la direction d'acteurs chevronnés fonctionne bien… Le scénario est assez prévisible mais le réalisateur évite une inutile et ennuyeuse histoire à l'eau de rose entre Hannie et Robert.

Hannie et Bailey
Robert Culp accepte d'accompagner Hannie au Mexique chez Bailey (Christopher Lee), fabricant d'armes sur mesure, notamment pour une dame inexpérimentée. L'homme vit seul entouré de mystère et d'une nuée de gamins latinos (orphelins ?). Sa clientèle est hétéroclite et inquiétante. Un tueur, bellâtre mutique tout de noir vêtu (le cliché habituel du tueur professionnel) qui passe pour faire régler son pistolet ou encore une horde de pistoleros vindicatifs qui arrivent à 15 et repartent à 3 ! Oui, ils sont bons tireurs : Robert et notre vampire grand seigneur reconverti.
Les atouts de ce film pour amateurs de raretés sont : sa brièveté qui évite des longueurs et apporte un bon rythme, le charme jamais provocant de l'héroïne… Certains plans ou cadrages fleurent bon le style Leone : visage crasseux en gros plan, fusillades surréalistes, quelques gags comme le cadavre fraîchement abattu de Rufus Clemens qui tombe par la fenêtre de la chambre 22 du saloon-bordel local et s'écroule sur le corps charnu et endimanché de la mère maquerelle des lieux qui prend le frais dans la rue.
Autre scène poilante, l'enterrement de Frank (obsèques financées par la prime offerte pour le décès du mort). Une tombe terreuse et une croix miteuse. Rufus, frère provisoirement survivant a volé une Bible (ça, c'est vraiment minable). Problème, Emmet ne sait pas lire et envoie aux pelotes les Saintes écritures et son frangin crétin pourtant bien intentionné sur le plan religieux. Immense Ernest Borgnine capable de cautionner cette scène digne d'un Laurel et Hardy tragicomique… À deux pas, des terrassiers creusent deux autres tombes ?! "Dites les gars, c'est pour qui ?" – "On sait pas, ça été payé par une femme". Ça craint !

Un western classique, pas une minute d'ennui, un chouette début d'après-midi 😋. On notera chez Thomas Luther Price quelques mimiques empruntées à Clint Eastwood déjà immortel à l'époque… D'autant que l'acteur Jean-Claude Michel qui offre sa voix française à l'acteur a également doublé Eastwood de 1971 à 1997



6 commentaires:

  1. Au début du film, Raquel ne porte pas grand chose sous son poncho... Et c'est ce qui est mis en avant sur l'illustration de l'affiche !

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    1. On me glisse à l'oreille que quand tu viens de te faire violer et que tes fringues ont brûlé...Viva poncho villa...

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    2. Jack Elam qui joue le rôle de Frank Clemens c'est celui qui capture la mouche dans le canon de son colt en attendant l'Armonica dans ......

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    3. En effet, maintenant que tu le dis, il me semblait avoir vu cette "gueule" quelque part... Merci Juan

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  2. Soyons clair Luc, pour paraphraser Raymond Devos", par "pas grand chose" il faut comprendre "moins que rien", ce qui, je te l'accorde, est vraiment "pas grand chose"....

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  3. Ouch ! Son futal couleur chair est plus collant que le latex de la Veuve Noire ou de Catwoman.
    Il a du goût le Toon...

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