vendredi 14 septembre 2018

THE GUILTY de Gustav Möller (2018) par Luc B.


Cette chronique sera très courte.
Oooohhhh (soupirs tristes) : merci ma p’tite Sonia, je savais que je pouvais compter sur vous. Aaaahhhh (soupirs de contentement) : j’ai les noms des autres !
Courte, non pas par flemme, mais parce que le film dont il va être question est très particulier. Il nous vient du Danemark, écrit et réalisé par Gustav Möller, dont c’est le premier long métrage. Enfin long… 1h25. Y’a plein de cinéastes qui se sont amusés à des exercices de style (caméra 100% subjective dans LA DAME DU LAC, faux-film amateur genre BLAIR WITCH, décors peints au sol pour DOGVILLE, muet et N&B pour THE ARTIST, caméra uniquement dans un canot de sauvetage dans LIFEBOAT d'Hitchcock...). Pour le temps réel, on se souvient de LA CORDE d’Hitchcock (1948) avec plans séquences raccordés, ou récemment BIRDMAN d’Inniratu, plan séquence (numérique) de deux heures. Hitchcock avait déclaré adorer tourner un film dans une cabine téléphonique ! Joel Shumacher l’avait presque fait dans PHONE GAME. Et ce film reprend le point de départ de THE CALL (2013) de Brad Anderson.
Le parti-pris de Gustave Möller : un film en temps réel, avec juste un acteur au téléphone. Et ouais…
y'a que cette image en stock... et pour cause...
L’action se situe dans un centre d’appels d’urgence de la police, le 112. Asger Holm est de permanence, son dernier jour avant de réintégrer sa brigade. Il prend l’appel d’une femme, qui déclare avoir été kidnappée. Asger Holm va mener son enquête...  
...Mais uniquement par l’intermédiaire du téléphone ! Triangulation du portable, tracer l’appel pour avoir un nom, une adresse, appeler au domicile, y dépêcher une patrouille… 
Le principe du film est d'appréhender la situation sur la foi de dialogues téléphoniques. Asger Holm doit juger la situation, uniquement sur ce qu'il entend (dialogues, bruits de fonds), sur ce qu'on lui dit, sur ce que ses collègues déclarent. Asger Holm n'a aucun visuel, et le spectateur non plus ! 

Gustav Möller développe une intrigue secondaire : pourquoi ce flic de terrain - au demeurant assez antipathique - s’est–il retrouvé sur une plateforme téléphonique ? Une mise au placard ? S'est-il rendu coupable de quelque chose ? Est-ce pourquoi il s'acharne au téléphone pour résoudre cette enquête ? Du remord ? C’est la deuxième bonne idée, que le premier récit du kidnapping trouve son épilogue à travers le second.
Parler de mise en scène, ici, va être difficile. On voit quelques figurants, des collègues, mais 90% des images sont celles de Asger Holm au téléphone, tantôt dans une salle, puis dans une autre, en plan général, en plan serré. Quelques gros plans de coupe sur des claviers, écrans, loupiotes, histoire de dynamiser l'ensemble, mais rien de transcendant (pas certain que le format scope soit le mieux adapté). 
Un pur exercice de style, original, bien écrit, mais pas le chef d’œuvre d'ingéniosité vanté ici ou là, car finalement, cinématographiquement assez anecdotique.

 couleur  -  1h24 - format scope 
   
      

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