jeudi 27 septembre 2018

LONG CHRIS Chansons bizarres vol 3 (2018)


Long Chris cela n'évoque peut être pas grand chose pour vous, pourtant il y a de grandes chances que vous le connaissiez. Déjà si votre grand age vous a permis de voir l'émergence du rock'n'roll en France, il en fut l'un des pionniers avec son groupe Long Chris et les Daltons, ensuite si vous  intéressez à la carrière de Johnny vous savez qu'il a écrit quelques titres mémorables pour l'idole des jeunes dans sa meilleure période, la charnière des années 70, et enfin si vous êtes abonné à Gala ou Closer vous le connaissez en tant que papa d'Adeline Blondieau  qui a été la  femme de Johnny 2 fois dans les années 90, et dans ce dernier cas je me demande si vous ne vous êtes pas trompés de site en atterrissant sur le Deblocnot....
Mais puisque vous êtes là restez donc et revenons un peu sur la carrière de notre homme qui porte bien ses 76 ans avec son visage de rocker buriné. Faut dire qu'il en a vu passer des trains depuis la fin des fifties, avec ses Daltons donc ou en solo mais surtout comme parolier de son vieux pote Johnny  pour qui il écrira pas moins de 42 titres, et pas des moindres tels "Gabrielle", "La génération perdue", "joue pas de rock'n'roll pour moi", "Né dans la rue" et une de mes préférées "Voyage au pays des vivants" (1969) et son trip halluciné "Le jour de ma naissance un scarabée est mort/je le porte autour de mon cou/ Fleur de porcelaine aux parfums interdits / je n'accepterai que les fous (...)les bras du soleil aux ongles de diamant ont capturé mon esprit".
En 1966 Chris sort l'album "chansons bizarres pour gens étranges" (réédité en 2016) où il donne libre cours à son penchant pour le surréalisme, autant influencé par Dylan qu'il fut un des premiers à traduire en français que par Lautréamont, Prévert ou Allen Ginsberg. Il va ensuite s'éloigner des planches tout en continuant à écrire pour Johnny et se concentrer pour sa passion des antiquités dont il devient un spécialiste mais l'appel de la musique va le rattraper; il remonte sur les planches début des années 2010  avec d'anciens copains et de nouveaux musiciens  et en 2017 produit  le volume 2 des "Chansons bizarres pour gens étranges" puis dans la foulée ce volume 3 qui sera disponible le 2 Novembre chez Milano Records (clic) . Autour de lui on trouve Grégoire Garrigues qui s'occupe un peu de tout (musiques, enregistrement , mixage, guitares, basse , batterie, claviers, le café et le ménage en sortant) , Christine Kraus (violoncelle), Jac Berrocal (trompette), Mathias Luszpinski (Flûte)  et Marie Ospiri (chœurs) et je citerai aussi Arnaud Goujon pour le beau dessin qui orne l'intérieur du digipack.

Bon y'a plus qu'à écouter, glisser le CD dans la platine de ma chaîne HiFi (mais de quoi il parle se demandent  mes plus jeunes lecteurs me lisant sur leur aïfone 12), et s'installer confortablement un Southern Comfort à la main et les  santiags sur le bureau; hé c'est une image, c'est pas du tout comme ça que j'écoute de la musique, enfin si, parfois...
Je ne vais pas vous faire les 14 titres en détails mais juste revenir sur quelques uns comme le rock'n'roll endiablé "Tu me perds et je te perds" qui nous renvoie aux temps héroïques du rock'n'roll, la voix burinée du rocker avec en écho les chœurs féminins ou "J'avais besoin de dire à une femme" belle chanson d'amour, tout comme "Je me suis réveillé dans ton matin" . "Le cri" flirte avec le fantastique, ambiance Edgar Allan Poe avec de belles images "des myriades de corneilles sortent des buissons/dans une tempête d'automne aux feuilles desséchées(...)/ de blancs serpents se déroulent comme des lassos / glissent des roches pour se jeter dans les marigots", et les guitares sonnent bien.
Même topo sur 'Sans titre", du Long Chris pur jus, je ne sais pas ce qu'il prend au petit dej' pour pondre ça mais ça doit être sévère ("Aux noires cicatrices du moignon, on vaporise de l'or, qui s’agglomère en coraux, nourris par une sève pleurée") .  J'ai bien aimé aussi "Les gens" et son folk guilleret et amusant, "En cavale" road trip un  brin country et encore le jazzy  "Ne tirez pas les rideaux" et son théâtre  insolite et un peu inquiétant et pour finir je vous laisse méditer sur "Dépêchons nous de parler avant que les choses ne reprennent leurs formes"....
Je ne sais pas s'il faut être étrange pour  apprécier Long Chris et ses chansons, au moins être un peu curieux et aimer les  trucs un peu barrés qui sortent des sentiers musicaux battus...

ROCKIN-JL

un petit extrait de l'album de 1966 :

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