Dirty Old Mat, c'est un gars qui est un groupe à lui tout seul, un "one man band " comme on dit de l'autre coté de la Manche ou de l'Atlantique. Ce breton a pas mal roulé sa bosse dans différents groupes avant de se lancer en solo voici 4 ans. Voici son second album (produit grâce aux internautes via un site participatif) sur lequel il fait à peu près tout, textes, musiques, guitares, chant, harmonica, basse, boite à rythme, mais il n'a pas oublié d'inviter ses potes et son papa qui ont balancé par ci par là un petit coup d'accordéon, batterie, contrebasse, basse, mandoline, banjo, guitare...
Dirty Old Mat c'est d'abord une gueule, paradoxalement plus proche de gavroche que du marin breton, une "gueule d'aminche" comme le chantait Renaud, à coup sur une de ses principales références, mais pas que, car la culture celte a aussi déteint sur lui (les Pogues, Gilles Servat, Soldat Louis...) ainsi que le folk de Dylan ou Neil Young (particulièrement quand il sort son harmo) avec aussi un petit coté punk dans l’énergie et l'attitude. Dirty Old Mat c'est le fruit des amours de Shane McGowan et Fréhel, accouché par le jeune Renaud dans les cales d'un rafiot battant pavillon Gwenn Ha Du...
Il se définit lui même comme un "dealer de chansonnettes" (titre de l'album précédent) jolie formule qui me fait penser au nordiste Ken Meyers qui lui se définissait comme un "artisan de chansons".
Bon, c'est pas le tout on se l'écoute cet album avec l'autobio "Seul sur scène" pour ouvrir dans lequel le gars nous raconte sa vie de one man band on the road, il nous parle aussi de son alter ego Dirty Old Mat, "un personnage avec un blase un peu bidon, moitié relou, moitié loubard, et qui prend vie dans mes chansons", pseudo dans lequel on note évidement le clin d'oeil au Dirty Old Town des Pogues.
Chanson sur l'amitié ensuite avec "Vieux frangin", dont l'esprit me rappelle "la bande à Lucien" de Renaud, chanson réaliste avec l'accordéon en avant puis "La panne d'inspiration" sur l'angoisse de la page blanche du faiseur de chansons.
Dans "La gueule en vrac" notre ami se dévoile encore ("j'traverse la vie comme un fantôme/ un genre de gavroche un peu zone/ mon blouson noir comme carapace/ le cœur en berne/ la gueule en vrac") comme dans "ça m'ennuie à mourir" où il nous explique qu'il n'est pas vraiment un chanteur engagé ("j'ai pas beaucoup de convictions, à part être heureux et moins con / je suis militant de la vie/ pas besoin de le chanter sur les toits" ). Plus léger "la belle doche" avec la première rencontre avec la belle famille, c'est drôle et cette tranche de vie sent le vécu. La chanson d'amour est aussi abordée avec "Marie Jeanne".
Avec "Satané clébard" il rend hommage à son toutou puis dans "Mon armoricaine" à sa gonzesse, une belle chanson d'amour qui évite le piège de la mièvrerie, sa dulcinée la voici d'ailleurs qui s'invite au chant sur "Comme on peut" .
Pour finir "j'ai l'air d'un con" - pas moi, c’est le titre - dans lequel pas mal d'entre nous se reconnaîtront, sur la dictature des kilos à perdre ("j'ai l'air d'un con dans la salle de sport>/ à suer comme un forçat/ à ramer comme un guignol").
Bon, soyons clair, j'adore ce mec et son album m'a vraiment parlée et touché. Voila un sympathique troubadour anar qui dit ce qu'il pense que ça plaise ou pas il s'en fout, entre révolte et tendresse. Je croyais que la race était en voie d'extinction, asphyxiée entre les résidus de télé réalité-poubelle, les rappeurs débiles et ces escrocs de DJ, mais non, il reste quelques gars comme Dirty Old Mat, et ça c'est un vrai motif d'espoir pour la biodiversité musicale.
NB - acheter, écouter , dates , c'est sur son site : difymusic.com/dirtyoldmat
ROCKIN-JL
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