Pour l’été, je
vous propose quelques disques cool que j’aime beaucoup, dans des styles
différents, mais respectant tout de même la sainte trinité : jazz (Art
Pepper), blues (Taj Mahal), Rhythm’n’blues (Bill Wyman’s Rhythm Kings) et rock
(The Band) puisque oui, la trinité a quatre côtés. Des disques ayant pour point
commun le pur plaisir des esgourdes. A consommer sans modération, les orteils
dans la flotte et un jus de papaye (avec paille) à la main. Des disques dont peu
importe qu’ils soient ou non répertoriés dans la « discothèque idéale
volume 3 ». Moi, j’vous dis qu’ils sont bons, ça devrait vous
suffire…
Place à The
Band, groupe très important dans la culture rock américaine, et pourtant, ce
nom ne vient pas de suite à l’esprit. Ils sont canadiens, et ont accompagné au
début des années 60 le chanteur Ronnie Hawkins. Le groupe s’appelait
d’ailleurs, The Hawks. Et puis vlan, c’est la rencontre avec Bob Dylan, qui
cherche un backing band pour sa mutation vers le rock électrique. Ils prennent
donc le nom de The Band. Réunis autour du guitariste Robbie Robertson –
depuis superviseur des musiques de films de Martin Scorsese – les musiciens sont rompus aux jams, composent, chantent,
les claviers passent à l’accordéon, ou le batteur Levon Helm, à la mandoline.
Après une
longue tournée exténuante de concerts en 1972 (d'où est tiré le disque « Rock of
ages » sur des arrangements d’Alan Toussaint pour les cuivres, et où Dylan intervient en
rappel), assommés par les drogues, et déçus par des albums studios qui se
vendent moins, nos cinq bucherons concoctent cet album de reprises. Il s’agit
de rendre hommage à la musique populaire américaine, sans fioriture, loin des
errements post-psychédéliques ou des dinosaures du Hard, dans l’esprit des Creedence
Clearwater Revival, auxquels on peut les comparer parfois, dans cette foi d’une
musique directe, intacte, sans chichi, relevée par des compositions
exemplaires.
D’Elvis
Presley (« Mystery train ») à Chuck Berry (« Promised
land ») Fats Domino (« I’m ready »), de Sam Cooke (« A
change is gonna come ») aux Platters (« The great
pretenders ») jusqu’à l'instrumental qui reprend le thème archi connu du film « Le troisième
Homme » composé par Anton Karas (film Noir de Carol Reed, avec Orson Welles) ce disque aligne 10 titres quasi
parfaits, avec l’esprit de The Band, ce mélange de rock primaire, d’orgues
de foire du trône, arrangements de cuivres,
harmonies vocales subtiles. Les deux claviers sont omniprésents, et je pense que le
jeune Springsteen a dû y penser en composant son E Street Band seconde mouture de 74.
Des titres
volontiers nostalgiques pour Robbie Robertson, quand The Hawks les jouaient
dans les clubs enfumés, avant l’époque de stades surchargés. Il s’agissait pour
The Band de retrouver cette fraicheur de leurs débuts. Les deux albums suivants
ne rencontreront pas le succès, le dernier "Island" sort en 77. Mais The Band s’est
déjà sabordé en beauté, au cours d’un concert au Winterland de San Francisco,
le 31 décembre 76, avec en invités Eric Clapton,
Van Morrison, Muddy Waters, Dr John… un must, filmé par les caméras de Martin
Scorsese (qui était monteur sur le film Woodscock)
6 titres
inédits complètent l’édition cd de ce MOONDOG MATINEE, certains plus folk,
comme le magnifique « What am I living for » avec contrebasse,
guitare acoustique et l’orgue Hammond qui va bien, ou bien rock avec la seconde
reprise de Chuck Berry « Going back to Memphis ».
Laissez le bon
temps rouler, comme on dit. The Band le fait rocker et rouler à merveille.
Un titre issu de "Moondog", reprise d'Elvis, mais dans une version du groupe reformé en 1983. Puis la formation originelle, dans le film de Scorsese, et un de leurs grands tubes...
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