Rudolf Barshai |
L'œuvre
écoutée ce jour n'est pas une réelle nouveauté dans le catalogue du blog. Cette
symphonie numérotée Opus
110a n'est pas autre chose que la transcription pour orchestre à
cordes du quatuor
N°8 déjà chroniqué et interprété par le Quatuor Emerson. Une œuvre
âpre et sans doute le quatuor le plus concis, le plus connu et le plus joué de Dmitri Chostakovitch.
Rudolf Barshai, né en 1924 et disparu en Suisse en 2010,
ami de Chostakovitch a également
été présenté dans le blog comme interprète de la 8ème symphonie,
abusivement sous-titré par l'éditeur "Stalingrad" (Clic). Oui,
abusivement, car loin de célébrer une victoire militaire, l'angoissé et
humaniste compositeur russe s'interrogeait sur l'absurdité de cet anéantissement
de l'Europe, le combat entre des peuples endoctrinés par des tyrans sans scrupules. Le
maestro a transcrit pour des ensembles orchestraux restreints quatre quatuors de Chostakovitch :
1 –
Symphonie opus 110a
(8ème quatuor de 1960), Symphonie opus 118a
(10ème quatuor de 1964).
Les deuxouvrages sont des arrangements pour ensemble de pour cordes.
2 –
Symphonie opus
73a (3ème quatuor de 1946), Symphonie opus 83a
(4ème quatuor de 1949), mais ici transcrites pour ensemble de cordes et de vents et même de percussions (83a).
J'ai
présenté en introduction la jaquette d'un album ne réunissant que deux des
symphonies écrites à quatre mains. Il existait (disponible aux USA) un double
album présentant les quatre. En complément : un arrangement de la 15ème
symphonie dans un arrangement de Viktor
Derevienko et un prélude hommage à Chostakovitch dû à Alfred Schnittke. A rééditer !!
Toutes
ces œuvres sont interprétées par Rudolf Barshai
avec l'excellent Orchestre de chambre d'Europe fondé en 1981 par de jeunes
instrumentistes coachés par Claudio Abbado et Nikolaus Harnoncourt. Les
enregistrements des œuvres listées ci-dessus ont eu lieu entre 1989 et 1997 (Schnittke).
Je
n'ai pas trouvé de dates exactes pour l'écriture de ces transcriptions, mais il
est vraisemblable qu'elles aient été réalisées du vivant du maitre donc avant 1975. N'oublions pas que Rudolf Barshai a créé la 14ème
symphonie en 1969, Mravisnky étant en froid avec son vieil
ami !? Chostakovitch aurait dit "Il sonne mieux en version orchestrale".
Je
n'analyse pas une seconde fois ce 8ème quatuor (Clic).
Composé après un voyage à Dresde en 1960 alors que la ville affichait encore
les effrayants stigmates du bombardement des alliés en février 1945, Chostakovitch a toujours décliné l'idée
que la noirceur de sa composition soit une traduction picturale des ruines
entourées 15 ans après. Non, cette visite lui a plutôt inspiré une réflexion amère
sur la folie amère, folie qui peut conduire à transformer en une nuit une ville
en cyclone de feu faisant sans doute 100 000 morts voire plus (le bilan a toujours
été un sujet de débat). Rudolf Barshai
a parfaitement respecté l'esprit méditatif et désespéré du quatuor. Même dans
l'allegro molto aux accents incisifs et féroces, on ne ressent pas une baisse
de tension plus difficile à obtenir d'un groupe de cordes que d'un quatuor.
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