lundi 13 août 2018

Live report FESTIVAL MUSILAC D’AIX LES BAINS (73) le 12 Juillet 2018 – par Vincent le Chaméléon




The Stranglers, Depeche Mode, Simple Minds

Le festival Musilac, situé sur les rives du lac du Bourget en Savoie, est depuis une quinzaine d’années devenu le rendez-vous incontournable des fans de musiques de tous horizons. Tenez ! Durant 3 jours, cette 17ème édition aura vu se produire des artistes et groupes aussi variés que MC Solar, Indochine, Feu ! Chatterton, Lomepal ou encore les doyens du Hard Rock de Deep Purple. Le jour de la finale de la coupe du monde de football, c’est aussi les doux dingues de Shaka Ponk qui étaient attendus pour clore le festival sous un déluge d’énergie et de décibels. La météo en aura finalement décidé autrement en y déversant, elle, un véritable déluge de pluie sur le site, obligeant de ce fait les organisateurs à évacuer prestement ses quelques 35 000 festivaliers, contraignant surtout les organisateurs à devoir annuler purement et simplement ce dernier jour de festival. L L L 

Mais en ce jeudi 12 Juillet des plus ensoleillé, et pour cette première journée de festival, trois très grands noms de la scène Pop et Rock des années 80 se voient ainsi associés le temps d’une soirée en terre savoyarde. Autant vous dire que ce soir-là, le public adulte (45 ans et +) était venu en masse. The Stranglers, Depeche Mode et Simple Minds, ensemble, le temps d’une même soirée !!! Voilà bien une première qu’il ne fallait certainement pas manquer, et qui ne se représentera sûrement plus jamais.
Sauve (ce) qui peut…

Arrivé sur les lieux un peu plus tard que prévu (10 kms de bouchons sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute), je redécouvre le festival quelques 10 années après m’y être rendu une première fois. Déjà pour Simple Minds. En 10 ans… Tout a changé !
L’affluence, le nombre de stands, la sécurité (on sans doute), et surtout deux scènes principales qui ne se font plus face, mais se retrouvent côte à côte. Ça a ses avantages, mais aussi ses inconvénients. D’une part parce que si vous êtes face à l’une, vous êtes nécessairement nettement moins bien placé pour le concert suivant. Sachant que vu le monde qu’il y a, il est tout simplement impossible d’aller et venir ici ou là. Autant vous dire que si vous aviez espoir d’aller vous restaurer ou d’aller faire la petite commission entre deux shows, c’est râpé ! Vous comprendrez qu’après avoir passé 5 heures à piétiné sur place en tentant d’entrapercevoir quelque chose (voir photos) sans presque rien à boire (1/5 de litre d’eau), Musilac et moi… C’est bye bye ! D’autant que même les bouchons de protection m’ont été vendus pour la modique somme de 6 Euros (rien que ça !). Et puis il y a cette plaie d’aujourd’hui : les portables ! Putain, mais c’est quoi cette forêt de bras tendus sous mon nez en permanence, à constamment photographier et filmer ? Les musiciens ne jouent plus devant un public, ils jouent face à un mur d’écrans. J’enrage !!! Où est la communion entre les musiciens et son public ?

L’autre point fâcheux de ses deux scènes juxtaposées, c’est que (timing oblige)  durant les 20 premières minutes du concert, les techniciens qui s’affairent à installer le spectacle suivant sur l’autre scène auraient tendance à vous détourner du spectacle en cours. Et puis bonjours l’effet de surprise quand décors il y a. Bref, avant même l’arrivée du mastodonte Depeche Mode, j’ai déjà les abeilles qui bourdonnent. Le son quant à lui, du début jusqu’à la fin : Des basses et des médiums. Si je ne savais pas pourquoi et pour qui je suis ici, j’en viendrais presque à tourner les talons et faire demi-tour. Mais bon…

Back to the past

La nouvelle sensation Rap que semble être Lomepal trouve d’évidence écho auprès du jeune public qui n’hésite pas à se lancer dans quelques circles pit durant sa prestation. J’observe autour de moi que les moins de 20 ans connaissent la plupart de ces textes sur le bout des doigts. J’avoue que, sans vouloir jouer les « grincheux » de service, le flow et les beats du Monsieur me laissent complètement de marbre du début à la fin. C’est alors que les Stranglers investissent la scène montagne. Tout de noir vêtu et flanqué d’un simple back drop au nom du groupe, Jean Jacques Burnel (basse) apparait tout sourire et entame le premier morceau en chant lead. Ce rôle sera ensuite repris par le guitariste/chanteur Baz Warne officiant au sein de la formation depuis 2000. De la formation d’origine, il ne reste, aux côtés du bassiste, que le claviériste Dave Greenfield. Ne plus voir derrière sa vieille Gretch noire le batteur Jet Black aura été la première surprise de la soirée. Pour ce qui est de cette heure de concert, disons que cette nouvelle mouture de The Stranglers aura fait le boulot sans se renouveler en quoi que ce soit. Les anglais reçoivent néanmoins un plutôt  bel accueil, surtout en ce qui concernent deux de ses titres phares, d’abord avec le très valsant « Golden Brown » mais surtout avec son dernier vrai gros tube radiophonique, datant de 86, l’imparable « Always the Sun », qui, à l’applaudimètre, aura emporté l’adhésion en masse.

Le timing est millimétré à la seconde près. C’est donc 10 minutes plus tard que le géant DEPECHE MODE investit pour deux heures de show la scène Lac. Autant le dire sans détour, avec un spectacle rôdé comme celui-là, Dave Gahan en Maître des lieux, accompagné de l’imperturbable Martin L Gore emportent les milliers de festivaliers dans un tourbillon de mélodies que tout le monde chante ou reprend à l’unisson durant tout le spectacle. Le groupe ne s’économise jamais et dépense une énergie digne d’un concert de Queen. Andy Fletcher se contente lui (depuis toujours) de  taper d’abord dans ses mains plutôt que de jouer de son clavier. Mais les fans du groupe le savent, son rôle chez DM est ailleurs. Il n’en n’est évidemment pas de même en ce qui concerne les deux musiciens qui accompagnent DEPECHE MODE sur scène depuis 20 ans. Peter Gordeno aux claviers et surtout le batteur Autrichien Christian Eigner. Quel cogneur que cet homme-là !
Quand la voix de Gahan n’est plus tout à fait au rendez-vous, les anglais n’hésitent pas à quelque peu changer la tonalité de certains morceaux. Ce fut flagrant sur l’incontournable « Let Me Down Again ». Qu’importe, le charismatique chanteur emporte la foule autrement. L’homme sait mouiller la chemise comme on dit.
Si leur dernier album n’aura été représenté que par deux titres, tous les classiques du groupe étaient là. Ou presque. La part belle étant toujours réservée à l’album Violator. Seul « Policy of Truth » ne sera pas interprété ce soir-là. Au registre des morceaux surprises, DM ressort de ses tiroirs «A Pain That I’m Used To » et « Precious » extraits de Playing the Angel (2005) ainsi que l’excellent et puissant « It’ No Good » de l’album Ultra (1997). On peut regretter que les dernières productions du groupe aient en revanche été occultées à ce point. Point de « Wrong », ni de « Heaven » ou de « Should Be Higher ». L’album Exciter étant lui aussi totalement occulté ce soir-là. C’est dire si le répertoire de DEPECHE MODE est vaste pour pouvoir se permettre ce genre de digression. Quoi qu’il en soit, le contrat aura été pleinement rempli par les anglais, même si voir un tel groupe dans ces conditions (je dois être à 20 mètres de la scène) n’est franchement pas l’idéal. Et puis tous ces put*** de portables de mer** sous mon nez tout le temps !!!

Gonflés et régénérés les MINDS

Place aux écossais de SIMPLE MINDS. Là aussi, comme pour les Stranglers, le groupe a fortement changé ces dernières années. Mel Gaynor (batterie) a encore pris la tangente et est désormais remplacé par une jolie jeune femme à la coupe afro. C’est donc désormais un groupe composé de 4 hommes et trois femmes qui investissent la scène montagne. Revenant sans doute de quelques jours de vacances, c’est un Jim Kerr tout bronzé qui apparait aux côtés du guitariste Charlie Burchill et de tous les musiciens ayant œuvrés sur le dernier album en date du groupe, le très moyen (ce n’est que mon avis) Walk Between Worlds.
Contrairement à Depeche Mode, SIMPLE MINDS n’abuse pas de son fond d’écran afin de nous y projeter un flot d’images qui disperse trop souvent notre attention au détriment des musiciens. Calquée sur le visuel de son dernier album, la scénographie et les lumières se veulent hautes en couleurs. Rien que sur cet aspect-là, les MINDS marquent déjà un point. Dès la fin de «The Signal And the Noise», juste avant l’entame du toujours fédérateur «Waterfront», tout le groupe s’avance sur le devant de la scène pour saluer le public. Voilà une démarche pour le moins originale et très acclamée.
Contrairement à DM, SIMPLE MINDS ne bénéficiera pas de la même durée pour dérouler l’intégralité de sa prestation. 1 heure pas plus ! Mer**, mer** et encore mer** ! On peut alors penser à juste titre que le groupe va enfiler ses classiques légendaires durant le temps qui lui est imparti. Que nenni ! Ce soir mes aïeux, SIMPLE MINDS a décidé de gâter et de surprendre ses fans les plus assidus. Yépiiii !
Autant dire que ceux qui n’avaient révisé que leurs classiques ont dû salement déchanter. Pas un morceau de New Gold Dream n’aura ainsi été joué. Outre « Waterfront » et un « Mandela Day » vite expédié, le groupe balance du rare ce soir. « Let There Be Love » pour commencer. Paf ! Issu également de l’album Real Life (1991), la nouvelle claviériste introduit les premières mesures de « Banging on the Door » avant d’enchainer directement sur le prenant et tripant « Dolphins » de l’album Black and White 050505 paru en 2005. Jim Kerr allant même jusqu’à lui laisser l’opportunité de chanter le morceau toute seule. L’instant d’après, c’est justement à la choriste Sarah Brown (intégrée durablement au groupe depuis quelques années déjà), moulée dans une splendide robe bleu tout en strass et coiffée d’un joli chapeau, de venir à son tour donner de la voix sur la reprise de The Call, « Let the Day Begin », qui figurait déjà sur les bonus de Graffiti Soul (2009), puis dans un autre arrangement publié plus tard sur l’album Big Music (2014). Toujours au registre des belles surprises, Jim Kerr exhorte de Good News From the Next World (1995) l’ultra groovy « She’s a River » Autant dire que ce soir c’est au SIMPLE MINDS le plus Rock auquel nous sommes conviés. Mon voisin fait la soupe à la grimace, moi pas. Gnark !

Le reste est forcément axé sur ce que le grand public connait le mieux, à savoir «Don’t You Forget About Me», «Alive And Kicking » et «Sanctify Yourself ». Autre extrait de cet indéboulonnable classique du groupe, et autre rareté joué ce soir-là,  « Once Upon a Time » justement. Décidemment, avec une équipe régénérée comme elle l’aura été ces derniers temps, on ne s’étonnera finalement pas que les écossais aient osé à ce point l’audace d’une set list comme celle-là, que personne n’attendait. Surement pas moi.
Alors évidemment, en prenant un risque comme celui-là, il y a avait fort à parier qu’à l’applaudimètre, Depeche Mode l’emporte haut la main, mais question fraicheur et nouveautés, sûr que les SIMPLE MINDS auront marqué les esprits.
En tout cas moi les grandes messes comme celles-là, désormais je m’abstiendrai.

A bons entendeurs…

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