mardi 28 août 2018

HELENE GERRAY - LA VILAINE PETITE CANE (2018) - par Pat Slade



Gloria Hallelujah ! Le petit dernier d’Hélène Gerray est né !!! Après un festival de hard rock, un peu de douceur et de poésie ne pourra que me faire le plus grand bien !




Un titre d’Andersen au féminin




Pour la troisième fois consécutive, ce sera l’homme de lettre, autrement dit le facteur, qui m’apportera une nouvelle missive d’Hélène Gerray sous forme d’une enveloppe de couleur kraft aux dimensions peu communes, trop grande pour un CD, trop petite pour un 33 tour… Je suis resté perplexe un moment jusqu'à voir le nom de l’expéditrice, mais cela ne me disait rien sur le contenu de cette étrange enveloppe. Enfin de compte, c’est un livre-CD, et j’aurais du y penser plus tôt (Imbécile que je suis !), en repensant à son dernière album «De l’air», une plaquette était aussi présente en plus du disque. Accompagné d’une petite missive, je ne m’attendais pas à recevoir son dernier opus. Hélène revient avec ses gros sabots, les sabots d’Hélène comme l’aurai chanté Georges Brassens mais je ne pense pas qu’elle soit comme une âme en peine ! Un livret agrémenté d’une jolie dédicace qui flatte mon ego au plus haut point. Mais restons modeste, ce n’est pas de moi que je vais parler ; et puis ce serait très ennuyeux !

«La vilaine petite cane» nous ne somme pas loin du Vilain petit canard le conte de Christian Andersen. «La vie d’artiste» Combien on vécu cette situation ? Le rêve d’un provincial de faire une carrière dans la capitale, de se bercer d’illusion, de vouloir le haut de l’affiche et ses conséquences, la chute et la déchéance vous fait revenir à la dure réalité des choses. Un premier titre dramatique mais aussi envoûtant par la voix d’Hélène Gerray toujours aussi suave et le belle accompagnement à la contrebasse avec Philippe Pecard et au violon avec Jérémie Paitrault agrémente la guitare de la belle Hélène.

«La vilaine petite cane» le double sens de cette chanson nous fais poser la question : «Parle t’on de l’animal ou d’une personne ?»  Peu importe… chacun voit midi à sa porte ! Le morceau est très beau avec ses paroles d’une réelle poésie. Et puis j’ai toujours eu un faible pour le vibrato de la voix de l’artiste. «Khabarovsk» L’histoire d’une fille de l’est, l’histoire du mariage d’une femme Russe par l’intermédiaire du net qui se retrouve à Brest. Au début du XXème siècle, ce sont les Bretonnes qui montaient sur Paris pour finir bonnes chez les particuliers. Il y a beaucoup de similitudes à une époque différente. Joli titre empreint de tristesse sur l’asservissement des jeunes femmes de l’Est par les outils d’un autre siècle.  

«Mon Adolescence» un très beau morceau tout empreint de nostalgie avec la jolie voie d’Hélène. On irait jusqu'à y verser sa larme tellement l’écriture est belle. «Le Drame des femmes» Du Brassens au féminin, pas de vulgarité sur un titre qui pourtant traite de la relation entre les femmes et leurs gynécologues. Le morceau est peut-être un peu cru pour un homme, mais je le trouve empreint d’un humour typiquement féminin en rapport avec leurs problèmes du quotidien. «La Maison» Alphonse de Lamartine eu ces vers «Objet inanimés avez-vous donc une âme ?» A croire que oui avec cette chanson qui nous fait vivre la mémoire d’une chaumière qui a vu maintes personnes se réfugier en ses murs et aussi ses désillusions. Un morceau magnifique !

«L’endroit» Morceau chanté au trois quart a capela, une chanson en lien avec les tableaux d’Alain Coulon. «Moi je suis une princesse» Presque du Giédré, mais en politiquement correct, un jolie morceau tout simple. «Adrien» ou l’histoire d’un garçon handicapé (autiste ?), de sa difficile avancée dans la vie et qui finira en chair à canon. Quelque soit ton statut social ou tes différences, nous sommes tous égaux devant la mort.

«J’rêve de ta mort» Étrange petite chanson légère et rythmée sur le thème de la mort d’une tierce personne : «Tout beau, à plat, dans ta caissette. Tout feu, tout flamme et brûlant comme du porc grillé aux cacahuètes». «La peau à l’envers» le morceau commence sur l’air de «Promenons nous dans les bois» un titre tragique d’une mère infanticide sur le fond d’une société aveugle à la misère humaine, une très belle chanson, triste à en pleurer même si le thème du début (Qui se répète au final) peut paraître risible.

Hélène Gerray et Alain Coulon
«La biennale» : Rebonjour monsieur Brassens, toute en rythme et en humour avec les interventions vocales d’Alain Coulon, une galerie de portraits d’une biennale provinciale. «Je vous ai tant aimés» Tout le talent d’Hélène Gerray passe entre autre par sa musique, d’un morceau «léger», elle va ensuite vous écrire une très belle ballade nostalgique ou l’histoire d’une mère avec ses enfants qui avancent dans la vie avec ses hauts et ses bas.

«La moitié d’orange» : Sympathique morceau sur le thème de l’agrume ou les deux dernier vers nous donne une autre image du thème de la chanson : «Si tu passais par là, viens faire un tour chez moi. Je ne suis pas pressée, mais je cherche ma moitié». «Sûrement» Je me pose la question (Et je ne suis sûrement pas le seul), certains morceaux sont-ils autobiographiques ? Hélène a-t-elle eu un frère qu’elle à découvert sur le tard ? A l’écoute de ce très beau titre, on se le demande.

«Le mariage» ou plutôt «La non demande en mariage» comme l'a si bien chanté Georges Brassens. L’artiste nous fait bien comprendre que l’institution du mariage est une prison et que ce sont les deux seuls protagonistes qui choisissent : «Notre amour c’est le nôtre, sans loi et sans contrat». «Le pantin» J’avoue que Hélène Gerray est une parolière hors-paire, mais j’ai butté sur cette chanson, je n’arrivais pas à vraiment situer son contexte. Alors au lieu d’écrire des bêtises autant demander à l’auteure le pourquoi du comment de la chose ! Le dernier vers me laissait perplexe : «Un corps de coutil, tout ensanglanté» alors que le reste du titre parlait d’un pantin, une marionnette, un jouet si on le prenait au premier degré. Enfin de compte, l’histoire se révèle plus tragique puisqu’elle est basée sur un fait divers survenu en 2011. Une professeur de math qui, bouffé par notre société, va péter les  plombs et au lieu de faire du mal à autrui, elle va se faire mal à elle-même en s’immolant par le feu dans la cour de l’école devant les élèves.

L'Arthé-Café
«Tu sais mon amour quand on s’quitte» Même sur une histoire d’un couple, Hélène nous donne le sourire si ce n’est pas le fou rire avec cette petite bluette hétéroclite ou la rime en «ite» vous fait un brin de conduite et ou l’auteure prend quelques libertés sur des rimes très explicites, sans être hypocrite sur un genre qui fait une réussite de cette petite pépite «Faudrait quand même qu’j’ai pris du shit, pour me mettre à t’sucer la…» (Le dernier mot n’est pas prononcé, évidemment !). «L’aigle» Je ne dirais qu’une chose, la magie des mots et une mélodie magnifique ou le violon de Jérémie Paitrault vient renforcer la guitare et le beau vibrato dans la voix d’Hélène en font encore un magnifique morceau et je rajouterai sans prosélytisme ni flagornerie que la chanson française se porterait mieux avec des auteurs de talents tel qu’eux ! «C’est mon anniversaire !» Toute une galerie de portraits familiaux rassemblés autour pour l’anniversaire d’une jeune fille de quinze ans, sympathique et sûrement vécu chez beaucoup. «L’Arthé-Café» avec sur le livret avant les paroles, un avant propos des endroits où chanter y est une joie et d’autres ou l’artiste n’est pas considérée à sa juste
"L'endroit" (peinture d'Alain Coulon)
valeur et sert plus de faire valoir pour vendre de la limonade et ce morceau parle d’un de ces endroits où il fait bon y faire découvrir ses chansons à un public respectueux de l’artiste ici présente. L’Arthé-Café se trouve à Manzat (
A une vingtaine de kilomètre de Volvic) c’est un peu comme «Chez Paulette» le pub rock de Pagney-derrière-Barine (près de Toul) où respect et convivialité font bon ménage. Mais il y en a encore beaucoup d’autres aux six coins (Et non quatre) de l’hexagone ou l’on peut faire de belles rencontres.    

Après l’écoute attentive du troisième album d’Hélène Gerray, mes conclusions seront les suivantes. Je ne peux pas dire s'il est meilleur ou moins bon que les deux précédents, et puis de toute manière je m’en fiche, pour moi ils sont tous les trois excellents. Je le dis et je le répète, Hélène Gerray est une valeur sur du renouveau de la chanson française et avec un tel niveau de mélodies de textes poétiques et intelligents, une voix à vous faire tomber en pâmoison, il faudrait être sourd pour ne pas reconnaître son talent. J'ouvre une dernière parenthèse avec le livret joliment agrémenté des peintures d'Alain Coulon. J'ai disséqué l'album titres après titres et j'ai écris cette chronique comme je les ressentais, mais toute le monde peut les entendre différemment.

Vous pouvez vous procurer son album (ainsi que les précédents) sur ce lien (CLIC).




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